lundi 30 novembre 2009

Chevalier Soleil et Dame Amort

Chevalier en armure Soleil
Tu rêves d’une Princesse
Aux yeux couleur de ciel
Oublié un temps, tu confesses.

Amant d’un amour éternel
Tu te réveilles la nuit finie
La peau couverte de sel
Tes songes étranges s’oublient.

Tu aimes un idéal inaccessible
Hypocrite tu nies jusqu’à ta vie
Pour plonger à travers l’impossible
Tu te noies dans l’envie.

Mais le cœur battant aux vents
Tu salis sa peau d’échardes
Les doigts couverts de sang
Poisseux, elle cauchemarde.

Le temps te tue lentement
Dans cette semi obscurité
Où tu t’enfonces plus avant
La poussant à abandonner.

Mais tu ne sais reconnaître
La douleur lorsqu’elle te broie
Et détruit cet amour à naître
Cette fille invisible te noie.

Cette belle a un goût de fiel
Trop réaliste dans tes rêves
Tu oublies que tout est irréel
Même lorsque ton corps se lève.

La Princesse est trop belle
Et son visage trop parfait
Pour ton regard mortel
Tu veux ce qu’elle défait.

Tu veux son amour sans retour.
Elle veut ta vie à jamais.
Elle t’aura pour toujours.
Tu n’auras rien, elle te hait…

vendredi 27 novembre 2009

Le pendule du vorcier - The end

Ca y est, le dernier épisode de la nouvelle de vampire a été publié.

J'espère que vous avez aimé les aventures du trio Guillaume, Lola et Alex. Pour le moment, je n'ai pas prévu d'écrire une suite, mais il est possible que je m'y remette un jour. Le personnage d'Alex est vrai plaisir à décrire.

Si vous avez des remarques, elles sont les bienvenues. Je préviens cependant que je ne compte pas revenir sur ce qui a été publié (sauf grosse erreur de ma part).

Pour ceux qui aimeraient commencer la lecture maintenant, c'est ici pour l'épisode 1.

Tout est dit.

mercredi 25 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 25

Un mois plus tard, Lola n’était toujours par reparue. Pourtant, même si je n’avais plus le moindre sentiment pour elle, je continuai d’espérer la revoir. Sa disparition était passée inaperçue au lycée. Ses parents avaient déménagé et les professeurs avaient reçu un courrier pour confirmer cette version.

Je n’avais pas non plus revu Alex depuis la nuit de l’incendie. Le portail de sa maison était verrouillé et je n’avais pas osé escalader la grille. J’étais persuadée qu’elle savait ce qui était arrivé à ma petite amie, mais je n’étais pas certain d’avoir envie de l’entendre.

Pour moi, il n’était plus question de mener une existence d’adolescent ordinaire. Cette rencontre brutale avec un univers surnaturel m’avait rendu mélancolique et soucieux. Je préférais désormais la solitude et m’étais approprié le parc qui s’étendait derrière le lycée.

J’étais assis sur un banc lorsque Mathilde vint me rejoindre. Mon premier geste fut d’éteindre la cigarette que j’étais en train de fumer. Je préférais rester discret sur cette mauvaise habitude que je devais à Alex.
— J’ai demandé à Rémi où tu étais passé et selon lui tu traines souvent ici, dit-elle en s’asseyant à côté de moi.

Cette visite était des plus surprenantes. Je m’étais mis à éviter tout ce qui pouvait me rappeler l’existence de Lola. Cela faisait plus d’un mois que je ne lui avais plus adressé la parole.

Mon silence la mit mal à l’aise, c’était devenu ma meilleure technique pour éviter les questions. Pourtant, elle n’abandonna pas.
— Je suppose que tu n’as pas eu de nouvelles de Lola.
— Non.
— C’est triste, ce qui lui est arrivé.

Le tour que prenait cette conversation ne me plaisait pas du tout. Je m’apprêtais à me lever, mais Mathilde me retint.
— Personne ne parle de ce qui lui est arrivé, comme si tout le monde avait oublié son existence. J’ai l’impression que mon amie était un fantôme, que j’étais la seule à la voir, à me souvenir d’elle.

J’allais lui répondre que Lola avait simplement déménagé, lorsque je vis les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Les verres de ses lunettes rendaient ses larmes encore plus grosses. Je réalisai qu’il n’y avait rien à répondre, juste à l’écouter et à la rassurer. J’eus envie de déposer un baiser sur ses joues piquetées de taches de rousseur.

Comme elle fixait toujours ses pieds, j’approchai mon visage d’elle. Au dernier moment, elle se tourna vers moi et mon baiser atterrit sur ses lèvres. Je me serais attendu à une gifle, mais Mathilde se contenta de sourire.

lundi 23 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 24

Après une nuit de sommeil, j’avais le sentiment que les choses étaient redevenues normales. Je laissai la chaleur de mon lit derrière moi pour descendre dans la cuisine. Avant de passer la porte, je sus que mon père était revenu de son congrès. Il était le seul de la famille à écouter la radio pendant le petit-déjeuner.

J’avais un peu d’appréhension à l’idée de découvrir les conséquences des événements d’hier soir. Alex ne m’avait pas dit ce qu’elle comptait faire de Lola, mais j’espérais qu’elle aurait pu la délivrer de l’influence du sorcier maléfique. Le meilleur endroit pour avoir des informations était le lycée, ce qui m’obligerait à retourner dès ce matin.

Mon père me regarda avec étonnement lorsque j’entrai dans la cuisine.
— Je crois que tu étais malade, s’inquiéta-t-il.
— Oui, mais je pense que c’était un coup de fatigue. Et puis, ça m’embête de rater plus de cours.
— Il te faudra un fortifiant si tu continues à être épuisé comme ça.
C’était tout à fait le genre de phrases auxquelles j’avais droit régulièrement.

Les informations à la radio mirent fin à cette conversation. L’animateur du journal annonça le décès d’un professeur de mon lycée dans l’incendie de son domicile. Mon père s’arrêta de boire son café et me demanda :
— Tu connaissais cet homme, Kaenel ?
— Non, c’était un professeur de littérature et je n’avais pas de cours avec lui.

Je dus faire un effort pour contrôler ma voix et mon attitude. Cette nouvelle m’avait davantage affecté que je ne pensais. Heureusement, mon père ne remarqua rien et je pus terminer mes céréales tranquillement.

Une fois au lycée, j’attendis l’arrivée de Lola avec inquiétude. Le cours de physique commença sans qu’elle soit arrivée, puis ce fut celui de biologie. À la fin de la matinée, je décidai d’aller demander aux professeurs s’ils avaient des informations sur son absence. Ce n’était pas le cas, mais aucun d’entre eux ne fit le lien avec la mort de Kaenel.

vendredi 20 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 23

Ma petite amie gisait sur le parquet, les yeux écarquillés. Les carreaux qui la maintenaient au sol avaient déchiqueté ses paumes ; il y a avait des traces de sang partout autour d’elle. Les bougies renversées finissaient de se consumer et le pentacle était presque effacé.
— C’est une sacrée pagaille, commenta Alex dans mon dos.
— Oui. Ça ne va pas être simple à expliquer ?

Je m’imaginais déjà en train de raconter à mes parents que j’avais manqué d’être sacrifié par ma petite amie et un professeur de littérature. Quant à parler de l’intervention miraculeuse du vorcier qui avait les massacrés, je savais que ça n’allait pas arranger les choses. La voix toujours calme d’Alex coupa net mes pensées.
— On ne va rien expliquer du tout.
— Comment ça ?
— Tu vas sortir par l’arrière de la maison et moi je m’occupe de nettoyer.

Bien que je me demande de quelle manière elle comptait remettre cette pièce en ordre, je lui obéis sans discuter. Elle paraissait avoir une certaine habitude des situations étranges.
— Tu peux récupérer ça, dit-elle en me tendant un morceau de papier.
— Qu’est-ce que c’est ?
Alex haussa les épaules.
— Tu verras plus tard. Maintenant, files d’ici !

Je quittai donc le pavillon de Kaenel en passant par une des fenêtres puis traversai le jardin. Je remontais la rue jusqu’à l’arrêt de bus. Par chance, je n’étais pas resté longtemps dans les griffes des sorciers. Je pouvais espérer prendre le dernier bus et rentrer chez moi avant que me mère ne s’inquiète de mon absence.

Puisque j’avais du temps devant moi, je dépliai le papier que m’avait donné Alex. Il s’agissait du mot que j’avais laissé à ma mère avant de partir. J’allais être bon pour des sérieuses de remontrances à mon retour, d’autant plus que j’avais prétendu être malade ce matin.

Soudain, je vis un nuage de fumée s’élever de la rue d’où j’étais arrivé. Des flammes orange illuminaient le ciel nocturne. J’étais à peu près sûr qu’elles venaient de la maison du professeur de littérature. Alex avait une façon radicale de faire disparaître cette scène gênante. C’était probablement mieux que personne ne découvre ce qui était advenu des sorciers.

Une série de camions de pompiers passèrent devant l’arrêt, puis ce fut au tour d’un bus. Je laissai derrière moi le feu qui dévorait les souvenirs de cette soirée. Me faire disputer par mes parents était infiniment moins grave que finir égorgé sur une toile cirée.

En arrivant chez moi, je m’étais résigné à entendre plus de cris que je n’en avais jamais entendus. À ma grande surprise, ma mère me demanda si j’avais pu rattraper mes cours.
— Pas vraiment, répondis-je sur la défensive.
— Lola n’a pas pu t’aider ?

Le mot posé dans vide-poche me fournit toutes les explications dont j’avais besoin. Il prétendait que j’allais chez Lola pour récupérer les cours et que son père me ramènerait à la maison.
— Lola et moi nous sommes disputés.
C’était une version très édulcorée, mais ma mère comprendrait que je n’aie pas envie d’entrer dans les détails.

mercredi 18 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 22

J’avais beau être curieux, je n’avais pas l’intention de descendre assister à l’affrontement entre un sorcier et la créature qui avait juré sa perte. Le bruit de leur combat remontait jusqu’à moi, mêlé aux vociférations de Lola.

Je descendis les dernières marches sur la pointe des pieds. Le couloir avait été ravagé par les carreaux d’arbalète et la boule de feu. Seuls un vase décoratif et le guéridon qui le soutenait étaient restés en place. La salle de séjour se trouvait sur ma gauche et deux portes fermées occupaient le mur de droite. Je choisis de tenter ma chance avec la première qui se révéla être un placard rempli de balais et de produits d’entretien.

Pour atteindre la seconde porte, je devais passer devant l’ouverture sombre menant au salon. Je longeai le mur opposé avec le plus de discrétion possible, quand je vis ce qui se passait à l’intérieur de cette pièce.

Kaenel avait invoqué une épée de flammes pour combattre son adversaire. Celle-ci se contentait de sa batte, même si le contact avec l’arme du sorcier l’avait roussie. Pour le moment, le combat était au point mort. À proximité du pentacle, Lola se tortillait sur le sol. Elle avait cessé de crier et tentai de se relever en gémissant. Ses mains étaient clouées au sol par des carreaux.

Je souhaitais aider Alex, mais je craignais de l’encombrer, ou de prendre un mauvais coup. À la recherche d’un moyen de lui prêter main-forte, mon regard se posa sur le vase intact à quelques pas de moi. Je me glissai jusqu’à lui, l’attrapai, puis revins devant l’embrasure.

Une fois en place, j’attendis que Kaenel se place dans l’alignement de la porte. Ayant deviné mon intention, Alex l’attaqua sans relâche pour le forcer à reculer. Le combat prit fin lorsque j’abattis le vase sur le crâne du sorcier. Les éclats de faïence peinte volèrent dans la pièce. La vampire profita du choc pour envoyer un coup violent dans la mâchoire de son adversaire qui s’effondra.

La défaite du sorcier affecta aussi Lola. Elle cessa de hurler, un masque de stupeur collé à la figure. Après s’être assurée qu’aucun d’eux ne risquait de lui poser à nouveau problème, Alex se tourna vers moi.
— Merci pour le coup de main.
J’étais encore trop sonné par les événements qui venaient de se dérouler que je ne lui répondis même pas.

lundi 16 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 21

Je montai les marches quatre à quatre. Les pas que j’entendais derrière moi étaient ceux du sorcier, Lola n’aurait pas fait autant de bruit. Arrivé sur le palier, je n’y voyais rien. Je poussai la première porte sur ma droite et entrai dans la pièce. La lumière du réverbère dessinait une ligne orangée sur le sol. Je la suivis jusqu’à la fenêtre en faisant le moins de bruit possible.

Sur le palier, j’entendais les déplacements de Kaenel. Je redoublais de précaution au moment d’ouvrir la fenêtre. Elle pivota en silence sur les gonds. Rassuré par l’absence de bruit, j’entrepris de faire de même avec les persiennes. J’avais l’intention de me laisser tomber dans les roses trémières et de fuir à travers le jardin.

Malheureusement, les volets métalliques grincèrent. Le bruit dut s’entendre dans tout l’étage. Je me hâtai de rabattre le second volet, mais lorsque la lampe s’alluma dans la pièce, je restai figé. Cet instant d’hésitation ne dura pas. J’allais sauter dans le jardin quand un cri retentit.

C’était la voix de Lola, elle hurlait de douleur. Le visage de Kaenel se déforma sous le coup de la surprise, puis, sans un regard pour moi, il quitta la pièce en courant. La perspective d’un atterrissage brutal dans les roses trémières me parut tout de suite moins séduisante. Je décidais de redescendre pour tenter ma chance des fenêtres du rez-de-chaussée.

J’étais arrivé au milieu de l’escalier quand je vis le sorcier tendre le bras vers Alex. Une boule de feu quitta sa main pour exploser sur la jeune femme. De la fumée, ainsi qu’une odeur de chair carbonisée emplit le couloir. Pourtant, la vampire était toujours debout. Son bras gauche était brûlé du coude au poignet, mais elle ne paraissait pas en souffrir.

À l’intérieur du salon, les cris de douleur de Lola s’étaient transformés en insultes et en malédictions. Je n’arrivais pas à croire que ma petite amie puisse hurler de telles horreurs faisant références à l’Enfer et aux tourments qui y attendaient son ennemie.
— Si tu veux récupérer ta femme, il va falloir venir la chercher, cracha Alex au sorcier avant de regagner la pièce.
Ces paroles enflammèrent littéralement Kaenel. Il se lança à la poursuite de la jeune femme entouré d’un halo de flammes crépitantes.

vendredi 13 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 20

Le bruit d’une porte en train de s’ouvrir me redonna l’espoir d’être secouru. Malheureusement, le miroir du salon ne reflétait qu’un corridor vide. Si je devais être sauvé, ce serait par un courant d’air. Les deux sorciers ne semblaient s’être aperçus de rien. Lola remettait la toile en place sur la table, ensuite, Kaenel me releva.

Soudain, Lola poussa un cri aigu. En fait de vent, c’était une personne qui venait d’entrer. J’eus à peine le temps de jeter un regard sur la silhouette qui se tenait à l’entrée du salon. En dépit de la faible luminosité et du fait que le sorcier me poussa à l’écart, je reconnus la figure blafarde d’Alex.

Je retrouvai mon équilibre juste au-dessus du pentacle. Un claquement sec retentit, suivi de plusieurs autres. Je tournai la tête assez vite pour voir Alex lâcher l’arme qu’elle tenait à la main et reculer dans le couloir. Des tiges de bois empennées lui sortaient de la poitrine. Les doigts crispés sur les plumes noires, elle fit un dernier pas en arrière, puis s’affala contre le mur.

Un bruit d’engrenage dans mon dos m’informa que le sorcier était en train de recharger son arme. Je sortis de la pièce en vitesse, bousculant Lola au passage. Alex était allongée sur le sol, un liquide sombre suintait autour des tiges. Ses lèvres rouges étaient tordues en un rictus de douleur. Pourtant, elle gardait les yeux ouverts et elle paraissait encore lucide.

Je m’agenouillai à côté d’elle. Ses iris trop pâles se fixèrent sur moi, tandis que j’examinai ses blessures. Ce n’était pas des flèches que Kaenel lui avait tirées dessus, mais des carreaux d’arbalète. J’avais encore quelques minutes avant qu’il ne puisse tirer de nouveau, j’en profitai pour tenter d’arracher l’un des carreaux.

Alex grimaça, puis repoussa ma main.
— Je vais me débrouiller toute seule avec ses deux là. Contente-toi de filer.
J’acquiesçai, même si je ne voyais pas comment elle comptait se sortir de cette situation. Avec un faible sourire, elle extirpa le carreau enfoncé dans son épaule.

Mon premier réflexe fut de prendre la direction de la porte d’entrée. Cependant, le souvenir des ombres qui m’y avaient assailli me fit renoncer. Je n’avais pas les capacités d’Alex que je soupçonnais d’être surnaturelles.

Le cliquètement de l’arbalète précéda la salve de carreaux qui se plantèrent dans le mur au-dessus de nous. J’étais protégé par le cadre de la porte et Alex avait rampé pour se mettre à l’abri. Je la vis ramasser la batte de baseball qu’elle avait apportée en guise d’arme.

Aucun de nous n’était blessé, mais pour sortir il m’aurait fallu que je traverse le couloir. Dans ce cas, j’aurais été une cible parfaite pour Kaenel. Je fis donc demi-tour et m’engageai dans l’escalier.

mercredi 11 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 19

Soudain, la lumière des bougies s’intensifia. Le bruit de pas sur le plancher me laissait penser que Kaenel venait d’entrer dans le salon. À la lueur vacillante des bougies, je vis une silhouette sombre s’approcher du canapé. La main qui émergea d’une manche de sa robe pour se poser sur l’épaule de Lola était sans le moindre doute celle du professeur de littérature.

Ce geste avait beau être réconfortant, elle se recroquevilla un peu plus entre les coussins.
— Je ne peux pas faire ça.
— Si, tu peux.
— C’est trop dur, il ne me mérite pas ça.
Elle jeta un regard dans ma direction. Le ton de sa voix et son allure montraient que la situation lui était pénible. Depuis qu’elle m’avait attiré ici, elle était rongée par la culpabilité. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui m’attendait, mais elle oui. Si elle s’en voulait autant, c’est que les choses risquaient de mal tourner.

Kaenel sortit un objet métallique de sous sa robe. La lumière des bougies se refléta sur une lame ondulée de la taille de son avant-bras.
— Élisabeth chérie, tu dois le faire pour retrouver tes pouvoirs. Tu as envie de redevenir aussi forte que le siècle passé, n'est-ce pas…
Lola hocha la tête. Ce ne devait pas être la première fois qu’il l’appelait Élisabeth.
— Rappelle-toi comme tu étais puissante à l’époque. Ensemble, nous étions des dieux, les dieux du feu.

Les flammes se mirent à danser à l’évocation des anciens pouvoirs des sorciers. S’ils étaient si redoutables, comment avaient-ils été réduits à se rencontrer dans un lycée ? Je repensai aussi à Alex qui les cherchait avec son pendule.
— C’était avant qu’un vorcier ne vienne, demandais-je.
Je n’étais absolument pas sûr de moi, ni de ce que j’avançai. Pourtant, ma remarque fit mouche. La pièce fut plongée dans l’obscurité.
— Comment connais-tu ce nom ? siffla le sorcier furieux.

Je n’avais pas envie de répondre. J’avais trop peur de ce que je pourrais lui révéler sur Alex. Kanel se releva, s’approcha de moi et tint mon visage entre ses deux mains.
— Tu vas me dire tout ce que tu sais de ces maudits vorciers.
Ce n’était pas une question. Cependant, je ne pus m’empêcher de secouer la tête en signe de dénégation. D’une poussée, il me projeta en arrière. Mon crâne heurta le rebord de la table et je m’affalai sur le sol.

J’entendis le sorcier dire à Lola qu’ils n’avaient plus le temps et qu’ils devaient procéder d’urgence au sacrifice. Elle hocha la tête, se leva du canapé, puis prit le poignard des mains de son amant.

J’avais un très mauvais pressentiment concernant l’objet du sacrifice. Je tentai de me remettre sur mes jambes en m’accrochant à la table, mais je ne réussis qu’à mettre la nappe par terre. Empêtré dans la toile cirée, je ne savais pas par quel moyen j’allais bien pouvoir me sortir de là.

lundi 9 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 18

J’ignorai ce qui se trouvait de l’autre côté de cette porte, mais je fus comme aspiré à l’intérieur. Des ombres m’entourèrent et tournèrent autour de moi telles une nuée de chauves-souris impalpables. J’eus beau me débattre, essayer de fuir, elles s’accrochaient toujours.

Le claquement de deux mains l’une contre l’autre dissipa les illusions. Je me trouvais debout au milieu de ce qui devait être le salon de Daniel Kaenel. Sur le sol, une sorte d’étoile était tracée à la craie. Elle avait cinq pointes, au bout desquelles brûlaient cinq bougies. Le fait qu’elles soient noires ne me surprit pas tant que ça.

En dehors des bougies, il n’y avait aucun éclairage dans la pièce. Les rideaux occultaient la lumière du crépuscule. Peu à peu, mes yeux s’habituèrent à l’obscurité et je parvins à reconnaître les formes des meubles. À ma droite, il y avait une table tout ce qu’il y a de plus ordinaire, hormis la toile cirée rouge qui la recouvrait et les bols situés à côté de ses pieds. Les chaises avaient été empilées et le tapis roulé dans un coin.

Je tournai la tête pour observer le canapé. Une silhouette enveloppée d’un capuchon noir y était assise et évitait de poser son regard sur moi. La chaussure qui dépassait du bas de la robe était celle de Lola. Je comprenais mieux pourquoi elle avait tenu à ce que je l’accompagne, Daniel et elle m’avaient tendu un piège.

Je préférai attendre de voir ce qu’ils me réservaient avant de lui en vouloir. La présence du pentacle et des bougies me laissait penser que j’allais être le témoin de quelque phénomène paranormal. Pourtant, le véritable sorcier n’avait pas encore fait son apparition.

vendredi 6 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 17

En fin de journée, les bus étaient moins fréquents. J’avais donc un quart d’heure de retard quand j’arrivai au jardin d’enfants. Lola était assise sur la balançoire. Ses lèvres remuaient comme si elle était en train de répéter une leçon et elle mâchouillait l’ongle de son pouce.

Lorsqu’elle me vit arriver, elle se leva d’un bond.
— J’avais peur que tu ne viennes pas, dit-elle d’une petite voix.
— Désolé pour le retard. Tu veux qu’on attende un peu avant d’y aller, proposais-je en voyant qu’elle avait les yeux rouges.
— Non, ça ira.

Sa main se serra autour de la mienne et nous quittâmes le parc. Traverser la rue fut plus difficile que je ne l’aurais cru. La main de Lola est humide sueur. Je ne l’avais jamais vue aussi nerveuse que lorsque nous passâmes le portail du jardin de Kaenel.

Quelques roses trémières émergeaient des herbes hautes qui avaient recouvert la pelouse. Leurs fleurs roses et rouges étaient la seule touche de couleur vive entourant la maison. Les murs de pierre étaient gris et les volets peints en bordeaux. Derrière les vitres, des rideaux noirs dissimulaient complètement ce qu’il y avait à l’intérieur.

Les graviers de l’allée crissaient sous les semelles de mes chaussures. C’était le seul bruit que j’entendais, avec celui de nos respirations. Le soleil était couché et tous les habitants de la rue vaquaient à leurs occupations. Ils n’avaient aucune raison de prêter attention aux deux adolescents qui s’apprêtaient à entrer chez un sorcier.

Sur le pas de la porte, Lola arrêta d’avancer. Je me tournai vers elle et vis ses yeux en larmes. Elle n’avait cessé de pleurer depuis que nous étions entrés dans le jardin.
— Je suis désolée, murmura-t-elle.
— Désolée, mais pourquoi ?
— Tu n’aurais jamais dû m’accompagner ici.
Avant que je n’aie posé une nouvelle question, elle posa ses lèvres sur les miennes un court instant. Puis, elle me poussa à travers la porte qui venait de s’ouvrir.

mercredi 4 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 16

Ce fut la sonnette de la porte d’entrée qui me tira de ma lecture vers cinq heures. Je laissai passer la première sonnerie, mes parents ne devaient pas rentrer avant le soir. Comme mon visiteur insista, je finis par descendre. À travers l’œilleton, j’aperçus Lola. Sa présence me fit un choc et je lui ouvris dans la seconde.
— Je ne t’ai pas vu au lycée aujourd’hui, alors je m’inquiétais.

J’avais du mal à croire ce qu’elle venait de dire et cela devait se lire sur mon visage. Son sourire disparut en un instant.
— Je n’ai pas été tout à fait honnête avec toi ?
Je décidai de feindre l’ignorance et lui demandai pourquoi.
— Ne fais pas l’idiot, tu as bien dû te rendre compte que quelque chose n’allait pas.

Je regrettai de ne pas avoir pris sa question au sérieux lorsque je vis ses yeux se remplir de larmes.
— Tu voulais me parler de Kaenel ?
— Oui, fit-elle dans un sanglot. Comment l’as-tu découvert ?
— J’ai surpris une conversation au lycée.

Je n’avais pas envie de m’étendre sur le fait que j’avais épié cette conversion et surtout sur sa conclusion tragique. Face à moi, Lola était secouée de spasmes et les larmes coulaient sur ses joues. Je n’avais qu’une envie, qu’elle cesse de pleurer.
— Dis-moi vraiment pourquoi tu es venue me voir.
— Pour que tu m’aides à lui dire que c’est fini.

Après vingt minutes de paroles que j’espérai réconfortantes, Lola finit par se calmer. Elle m’avait fait promettre de la retrouver en début de soirée dans le jardin d’enfants à proximité de chez Kaenel. Elle voulait que je l’accompagne pour aller lui dire qu’elle le quittait.

Je ne voyais pas en quoi ma présence lui serait utile, mais je ne pouvais me résoudre à la laisser se débrouiller toute seule. Je me replongeais dans mes livres. Cependant, je ne pus écarter les pensées qui me harcelaient.

Ce fut presque avec soulagement que je sortis. J’avais laissé un mot dans le vide-poche pour informer ma mère que j’étais allée chez Lola. Je n’avais pas mentionné d’heure de retour, je savais donc qu’elle s’inquiéterait.

lundi 2 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 15

Ma mère n’était toujours pas arrivée lorsque je me mis au lit. Dès que j’avais passé la porte, je sus que je ne serais pas capable d’aller en cours aujourd’hui. Je ne pris même pas la peine de régler mon réveil.

Pour une fois, ma mère se laissa prendre à ma simulation de maladie.
— Je t’avais bien dit de te coucher tôt hier. Tu as vraiment une tête affreuse, tu travailles trop.
— Non, non. Ça va très bien au lycée. J’ai juste pris froid en rentrant, ça ira mieux demain.

Après son départ, je me rendormis sans chercher à me souvenir de ce que j’avais fait la veille. Je me réveillai à nouveau en début d’après-midi et me levai pour aller rendre visite à Alex.

Le portail grinçant de sa demeure était entrouvert, tel que je l’avais laissé ce matin. La porte non plus n’avait pas été verrouillée. Je montais l’escalier quatre à quatre pour arriver dans la seule pièce que je connaisse ici : le salon. Alex s’y trouvait. Elle n’avait pas quitté le fauteuil où je l’avais laissée quelques heures plus tôt, mais elle avait repris conscience. Elle me demanda d’aller lui chercher quelques bouteilles.

Il me fallut plusieurs minutes pour trouver la cuisine et ouvrir tous les placards. Les seules bouteilles que je trouvai étaient en verre noir avec des étiquettes écrites à la main. Je les rapportai dans le salon avec un verre. Je détournai les yeux tandis qu’Alex remplissait le verre d’un épais liquide rouge sombre. Le crissement de ses canines contre le verre et le bruit qu’elle fit en buvant suffirent à mettre mon imagination en marche.
— C’est bon, tu peux arrêter de regarder le plafond.

Il aurait été inutile de prétendre que je n’étais pas mal à l’aise. Je me sentais nauséeux, même si je préférais qu’elle se nourrisse du contenu d’une bouteille plutôt que de celui d’un être vivant. Je fus donc soulagé de la voir reposer son verre. Elle se cala plus confortablement dans son fauteuil et ferma les yeux.
— Tu peux y aller maintenant, il faut encore que je dorme.

Je rentrai chez moi et passai une grande partie de l’après-midi à lire. J’avais besoin de me changer les idées. Je n’avais pas envie de repenser à ce que j’avais vu la nuit dernière. Lola sur le pas de la porte embrassant un homme qui s’était révélé être Kaenel.