vendredi 31 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 6

Une fois l’heure d’anglais terminée, l’adolescent quitta le lycée afin d’aller acheter son déjeuner. D’habitude, il rentrait déjeuner chez sa tante ; bien qu’il apprécie de manger à l’extérieur, ces repas constituaient en dépense imprévue qui entamait le peu d’argent de poche que ses parents lui donnaient.

S’il améliorait ses notes, son père lui avait promis de lui accorder une somme plus conséquente. Jusqu’à présent, il avait toujours considéré que ses résultats scolaires étaient le fruit du hasard. Pourtant, avec l’aide de Fabrice, il était arrivé à maîtriser les équations. La possibilité d’augmenter sa moyenne de quelques points ne lui parut plus aussi irréaliste qu’auparavant.

Ces préoccupations lui tinrent compagnie pendant qu’il se rendait sur le parking du lycée où il avait donné rendez-vous à son ami. Assis sur le rebord du trottoir, il regarda les feuilles des platanes tomber en zigzag, tandis que leurs fruits heurtaient le bitume avec un son mat.

Son repas terminé, il tua le temps en écrasant les akènes sous ses tennis. Ces boules granuleuses libéraient une myriade graines aussi légère que du duvet.
– Tu t’amuses bien ? ironisa Fabrice dans son dos.

Gêné d’avoir été surpris dans une activité aussi puérile, Corentin rougit. Il fouilla ensuite dans son sac pour en sortir la feuille sur laquelle il avait noté ses observations. Comme son compagnon terminait d’engloutir un sandwich, il lui en fit la lecture :
– En examinant le dessin de la femme masquée, j’ai reconnu les trucs qui sont suspendus aux branches. Ce sont des attrapes rêves.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda son ami, la bouche pleine.
– Des charmes qui protègent des cauchemars et des influences magiques.
– C’est pareil que ton exorcisme ?
– Non. Les attrapes-rêves ne détruisent pas les sortilèges, ils tes attirent et les emprisonnent.

L’adolescent hocha la tête, mais ne paraissait pas très à l’aise avec ces notions. Corentin poursuivit :
– C’est expliqué sur le forum « le jardin de Ceridwen ». D’ailleurs, la personne qui a écrit toutes les explications sur les attrapes-rêves, c’est ChaChina.
– L’identité virtuelle de Charline Kim.
– Oui. Je pense même que c’est elle qui est représentée sur mon dessin.

Impressionné par cette déduction, Fabrice en oublia de terminer son repas. Il fixa son ami, puis murmura :
– Tu t’es sacrément bien débrouillé.

La timidité de Corentin l’empêcha de trouver réponse. Il se contenta de baiser les yeux sur sa feuille.

mercredi 29 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 5

Les bribes d’informations dont il disposait à propos de Charline continuèrent de le titiller alors qu’il examinait l’arbre à grigris. Des mobiles composés de plumes et de brindilles ainsi que des entrelacs de ficelles pendaient de ses branches décharnées. En les observant de plus près, il constata que ces objets étaient des attrapes-rêves. Or, Charline maitrisait la création de ces charmes.

Ce lien frappa Corentin comme une gifle. Il recula le nez de sa feuille et considéra le dessin dans son ensemble. Le masque blanc qui recouvrait le visage de la femme symbolisait son recours à une identité virtuelle, tandis que les spirales gravées dans l’écorce étaient des enchantements runiques.

L’adolescent acquit la conviction que ce personnage enveloppé dans sa cape n’était autre que cette Charline Kim. Il devenait donc urgent de la rencontrer afin de vérifier cette théorie. Cependant, il devait commencer par en avertir Fabrice.

Trop fébrile pour attendre la pause de midi, Corentin sortit une feuille de son sac. Il y inscrivit tout ce qu’il savait à propos de la jeune fille : son goût pour la création de charmes, sa maîtrise des runes. Les ombres qui entouraient l’arbre lui parurent importantes à mentionner. Il ignorait si elles avaient un lien avec le monde réel. Pourtant, une impression néfaste se dégageait de ces lignes bleues entrecroisées.

Au moment où il s’apprêtait à poursuivre son analyse, il entendit Aurélien :
– Salut Corentin. Tu étais en train de dessiner ?
Avant qu’il n’ait le temps de remettre ses feuilles dans leur pochette, le nouveau venu saisit l’une de celles qui représentaient Gwenaëlle.
– Je ne savais pas que tu t’intéressais à la fantasy. Ils sont vraiment très chouettes.

Le compliment ne réussit pas à faire oublier à Corentin la colère qu’il éprouvait en voyant ses créations ainsi observées. Conscient qu’une réaction trop vive trahirait l’importance de ce dessin, il répondit avec modestie :
– J’ai juste gribouillé ça entre deux cours. Il n’est pas terrible.

Il récupéra la feuille des mains d’Aurélien et le rangea avec les autres. Son camarade n’abandonna pas le sujet pour autant :
– Je peux regarder les autres ?
– Non, je ne préfère pas. Ils ne sont vraiment pas terribles.

Il eut beau insister, Corentin refusa de lui montrer ses créations. Les deux adolescents passèrent à autre chose et préparèrent leurs exercices pour le cours suivant.

lundi 27 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 4

Fabrice reprit le fil de la discussion :
– En fait, peut-être qu’on arrivera mieux à comprendre tes dessins en prêtant attention aux détails.
– Par exemple, le casque qui est apparu ou alors les livres sur les étagères.

Il acquiesça, puis suggéra :
– Il faudrait examiner tous tes dessins et chercher les symboles cachés. Avec ça nous arriverons peut-être à y voir plus clair.

Corentin se mit aussitôt à l’ouvrage. Alors que son ami recensait chacun des éléments de la série représentant Gwenaëlle sous les traits d’une sorcière, il se plongea dans la contemplation des autres dessins.

L’impression de tristesse qui imprégnait le visage androgyne de l’ange perché sur les murailles attira son attention. La douleur et la solitude de cet être aux ailes de plumes étaient palpables. Ces émotions s’accordaient avec la silhouette tordue de la tour encerclée de tiges de métal.

Aucun élément du monde réel n’apparaissait dans ce dessin. L’adolescent passa à celui sur lequel se trouvait la femme masquée. Le personnage, encapuchonné dans une tenue sombre, se tenait debout sous un arbre. Une multitude de grigris ésotériques étaient suspendus à ses branches noueuses.

Le hurlement de la sonnerie interrompit son examen. Fabrice s’empara de son sac, puis se leva :
– J’ai TP de chimie. C’est pas un cours que je peux sécher.
– OK.
– Par contre, j’ai repensé à ce que tu m’as raconté sur Charline Kim.
– Qu’elle maîtrise assez les runes pour être l’auteure de celles du poteau de basket.
– Oui. Ça serait bien qu’on reparle d’elle.

Pressé par la courte durée de la pause, il s’apprêta à quitter la bibliothèque. Cependant, Corentin le retint.
– On se retrouve sur le parking à midi.
– D’accord, mais ne m’attends pas pour manger. Je serais sûrement retard, dit-il avec un sourire d’excuse anticipée.

L’adolescent le laissa partir. Il attendit que le calme revienne dans la salle de lecture pour retourner à ses dessins.

vendredi 24 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 3

Attentif, Fabrice commença par regarder quatre dessins presque identiques. Bien qu’ils soient réalisés au stylo bille sur des feuilles carrelées, un grand soin transparaissait dans ces créations. Des traits entrecroisés figuraient les ombres et les volumes du décor.

Au milieu d’une salle aux allures de crypte se trouvait une femme vêtue d’une longue robe. Son regard était fixé sur le sol dont les dalles étaient recouvertes de roses flétries.
– J’ai déjà vu ce dessin ? demanda-t-il.
– Non, je l’ai dessiné le week-end dernier. Par contre, tu as peut-être vu celui-là.

La feuille que Corentin lui mit dans les mains présentait de subtiles différences avec le précédent. Les fleurs paraissaient plus fraîches et l’expression de la sorcière moins sinistre. Quant aux murs, les étagères qui les recouvraient ne comportaient pas autant de fioles, d’alambic et de livres.

Un détail intrigua Fabrice dans le premier dessin qu’il avait observé. Il pointa un objet posé au milieu des instruments d’alchimie.
– Tu sais ce que c’est ?
– On dirait un casque de moto, s’étonna l’adolescent. Qu’est-ce qu’il fait ici ? Il a l’air complètement anachronique.
– Ce n’est pas n’importe quel casque, c’est le mien ! Je l’ai oublié dans la chambre de Gwenaëlle quand je suis allé au pensionnat.

Corentin resta silencieux, les yeux dans le vague. Il sortit de son mutisme lorsque son ami s’en inquiéta.
– Ça confirme ce que je pensais.
– Et qu’est-ce que tu pensais ?
– Que la femme sur le dessin est une représentation de Gwen.
– Une sorte de métaphore ?

Comme ce terme lui était inconnu, il dévisagea Fabrice avec un air d’incompréhension.
– La métaphore est une figure de style littéraire. Tu verras ça en cours de français, expliqua ce dernier.
– Et ça consiste en quoi ?
– À utiliser une image ou une comparaison détournée afin de décrire quelque chose. Par exemple, il pleut des cordes, c’est une métaphore.

Son interlocuteur marqua une pause, puis se justifia :
– Je suis tombé dessus au bac de français, c’est pour ça que je m’en rappelle encore.
Cette digression avait éloigné les deux garçons de leur point de départ.

mercredi 22 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 2

L’adolescent soupira ; sa matinée de cours ne débuterait qu’à dix heures et il n’avait rien prévu pour s’occuper. Une traction exercée sur la poignée de son sac à dos le fit reculer d’un pas. Lorsqu’il se retourna, sur la défensive, il reconnut le sourire de Fabrice :
– Salut Cory !

Agacé par l’emploi de son surnom, l’intéressé marmonna une vague réponse à laquelle son ami répliqua :
– Tu as mangé un croquemort ce matin ?

Cette pique d’humour noir manqua sa cible puisque Corentin haussa à peine un sourcil.
– Non. Pourquoi tu demandes ça ?
– Parce que tu fais une tête d’enterrement. Tu as passé un mauvais week-end ?
– Non. Un week-end normal.

Ce qu’il entendait par normale différait des occupations habituelles des adolescents. Cependant, il n’avait pas envie de s’attarder sur le temps consacré à manipuler les cartes de tarot sous la supervision d’Évelyne. Cette dernière manifestait l’intention d’enseigner à son neveu les bases afin d’exercer plus tard le métier de voyant.

Le vacarme qui résonnait dans le hall était assourdissant. Les murs, recouverts de carreaux de céramique orange et verts, répercutaient les conversations de centaines de lycéens. Bousculé par ceux qui désiraient jeter un œil plein d’espoir au tableau avant le début des cours, Fabrice entraîna son compagnon à l’écart.
– Tu as quoi maintenant ?
– Rien. Mon prof de sport est absent. Et toi ?

Sa réponse fut couverte par le hurlement de la sonnerie. Quand les notes désagréables furent remplacées par le bruit d’une foule en mouvement, il répéta :
– J’ai histoire, mais je n’avais pas l’intention d’y aller. On va regarder tes dessins à la biblio ?

Sans la moindre joie, Corentin acquiesça. Il avait espéré que son ami aurait oublié sa demande du samedi midi.

Une fois qu’ils eurent pris place à une table entourée de rayonnages remplis de dictionnaires, il sortit la pochette contenant ses dessins.

lundi 20 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 1

Le lundi matin, Corentin arriva au lycée avec une inquiétude diffuse. La cause de son malaise était rangée avec soin à l’intérieur d’une pochette plastifiée dans son sac à dos. A la demande de Fabrice, il avait emporté toute sa collection de dessins afin qu’ils puissent l’examiner ensemble.

L’ange dans sa tour de métal tordue, la femme masquée sous son arbre et ceux qui représentaient Gwenaëlle, de plus en plus sombres à mesure que les semaines passaient. Bien qu’il espère que son ami saurait trouver un sens à ses dessins, Corentin répugnait à les lui montrer.

Jusqu’à présent, ils avaient été un secret qu’il partageait avec Gwen ; une manière de préserver le lien qui les unissait. Pourtant, il devait accepter l’aide de Fabrice, car ses espoirs de libérer la jeune fille de l’emprise du sorcier n’avaient aucune chance de se réaliser sans sa participation.

Plus âgé et plus confiant, l’adolescent avait fait preuve de son implication en s’introduisant dans le pensionnat Notre-Dame. Il était aussi le seul à connaître les autres filles du club d’histoire. Sans lui, Corentin était forcé d’admettre qu’il ne pouvait aller plus loin que des tirages de cartes et des gribouillis dans les marges de ses cahiers.

Il hésita entre se rendre sur le parking ou attendre dans l’enceinte de l’établissement. Fabrice ne lui avait précisé ni lieu, ni heure de rendez-vous. Ce manque de prévoyance l’agaça, puis il réalisa qu’il aurait très bien pu prendre lui-même cette initiative.

Il traina les pieds jusque dans le hall. Avant de lever les yeux vers le tableau des absents, il regretta de ne pas être resté dans son lit. Intrigué par cette pensée soudaine, il constata que le nom de professeur de sport figurait parmi les absents. Il aurait effectivement pu dormir deux heures de plus ce matin-là.

vendredi 17 décembre 2010

Eclat de rêves n°19

Pour ce numéro 19, l’équipe d’Eclats de rêves a rassemblé les nouvelles retenues après deux appels à texte. Il s’agit donc d’un opus particulièrement bien garni avec une première partie consacrée à la vapeur et une seconde aux chaussures.

A toute vapeur !

Cette partie débute avec une nouvelle de Timothée Rey qui est dans la droite ligne de ses autres textes, difficile au premier abord, mais enchanteur. Dans « C'est vrai, quoi, chacun son tour », il y a un univers original à mi-chemin en la SF et la fantasy, des machines à vapeur bien entendu, un prince impatient de livrer bataille et un vocabulaire aussi riche qu’étonnant. Tous les éléments s’imbriquent pour mener le lecteur jusqu’à une bataille épique dont la chute esquive le tragique avec humour.

L’ambiance touchante de « Ma toute vapeur », la courte nouvelle d'E-Traym, aborde la vapeur sous un autre angle, celui d’un narrateur fasciné par les particules d’eau en suspension. Le talent de l’auteur permet de se glisser dans les réflexions d’un héros dont on ignore s’il est fou ou visionnaire.

Cette même ambiguïté se retrouve dans « Le voyageur pendulaire » de Dominique Molès. Sauf qu’ici, le narrateur n’est pas fou, en tâchant de fuir son propre reflet, il s’enferme dans une gare qu’il est impossible de quitter. Décrire un tel environnement, à fois logique et décalé, est un pari difficile que l’auteur a su relever avec brio.

Pour clore cette partie, Patrick Duclos nous offre en voyage de pure fantasy dans un mode de glace et de neige. « Un sort funeste » nous donne peu à peu les clés de son narrateur dans un monde hostile et glacial. Bien qu’intéressant, j’ai trouvé que le lien avec le thème du numéro était trop ténu. Ce texte souffre de la proximité avec d’autres que j’ai trouvé de meilleure qualité.

Chaussure, etc.

Changement de thème avec la nouvelle fantastique de Jacqueline Dumas qui narre la vie d’un collectionneur de chaussure. Le titre, « Etrange gestation », donne un aperçu de l’événement qui va perturber son existence. Une fois de plus, l’un des auteurs de ce numéro nous offre un voyage sur le fil qui sépare folie de normalité.

Retour à la fantasy avec « Des brodequins pour la paix » où l’absence de magie est remplacée par la force des coutumes. Dans ce texte, Olivier Boile raconte en trois volet la transition entre une paix fragile entre deux tribus, scellée par un combat rituel dont l’enjeu est un paire de chaussures, et une guerre sans pitié. La force de cette histoire est son côté détaché, mais, bien que dénuée de jugement envers ses personnages, elle réussi à rendre leur destin poignant.

Pas une once de magie non plus dans « L'inspiration » de Sébastien Soubré-Lanabère, mais une audacieuse mise en abîme. En effet, le héros de la nouvelle est un apprenti auteur qui décide de participer à l’appel à texte sur les chaussures. Informaticien blasé, ce dernier essaye de s’échapper de son quotidien morne grâce à l’écriture tout en luttant contre une manque d’inspiration. Le réalisme de cette nouvelle est le bienvenu pour clore ce numéro.

Les trop rares illustrations ne parviennent pas à rendre la diversité des textes. Cependant, la couverture réussi à faire la jonction entre les deux thèmes (un train à vapeur rempli de chaussures), sans pour autant les assembler artificiellement (des chaussures à vapeur).

mercredi 15 décembre 2010

Méli-mélo

Je profite de cet intermède entre les chapitres 9 et 10 pour donner quelques nouvelles sans thème précis (en vrac, donc).

L'anthologie "Mystère et Mauvais Genre" des éditions Sombres Rets dont j'avais parlé dans le billet consacré à "Pandémonium City"est enfin disponible. Je suis allée cherchée ma commande au bureau de poste et elle a rejoint aussi sec ma pile à lire. Pour connaître mon avis sur l'ensemble de l'anthologie, il faudra attendre l'année prochaine.

A propos de Limonade, le chapitre 13 est maintenant terminé. J'ai donc trois chapitres d'avance pour la publication sur ce blog, car le chapitre 10 commencera lundi prochain. Les péripéties qui s'annoncent sont des plus variées (exorcisme raté, cambriolage, malédiction). En effet, j'ai voulu éviter le ralentissement de l'action au milieu du roman et j'espère y être parvenue.

La correction des premiers chapitre stagne depuis trop longtemps, mais, heureusement, les vacances de fin d'année sont proche. J'espère avoir une bonne nouvelle à annoncer en janvier.

Pour le moment, je n'ai rien de plus à raconter. Merci d'avoir lu ce billet fort décousu.

lundi 13 décembre 2010

Les dents de l'amour

Il y a maintenant plus d'une année, j'avais flashé sur la couverture de ce roman avec sa peinture vernie rouge-orangée (l'illustration du billet ne lui rend pas justice). Pour cause de budget limité, j'avais laissé ce livre très prometteur sur sa table. J'ai fini par l'acheter cet été et je me suis régalée à la lire, pourtant il y a des hics.

Premier hic, la quatrième de couverture qui tombe à côté de l'histoire. Ca arrive de temps en temps, mais c'est toujours une déception. A l'attention d'éventuels futurs lecteurs, je précise que les animaux ne vont jamais être du moindre secours à Judy.

A mon avis, la grande réussite de ce livre est la manière dont sont dépeints les personnages, Judy, Thomas, l'empereur, ... Les répliques percurantes et les péripéties qui s'enchaînent rendent la lecture agréable. Cependant, je pense qu'il ne vaut mieux pas s'attarder trop longtemps sur ce livre. En effet, au-delà de l'aventure de Jody, jeune vampire qui essaye de se construire une (non-)vie décente, le roman manque de ressorts dramatiques.

Afin de supléer à la quatrième de couverture défaillante de Calmann-Levy, je vais me livrer cet l'exercice délicat :
"Jusqu'à ce qu'elle croise la route d'un vampire blasé, la vie de Jody se résumait à un petit ami risible, une mère horripilante et un job dans une grosse compagnie à San-Francisco. A présent qu'elle est devenue elle aussi un vampire, l'existence de la jeune femme est bouleversé, car, même si elle y a gagné des capacités surhumaines et une plastique de rêve, le quotidien est devenu impossible à gérer. Son unique espoir : trouver un nouveau petit ami capable de la protéger de lui fournir sa dose d'hémoglobine.
Cette lourde tâche va retomber sur les épaules de Thomas, un apprenti-écrivain à la recherche de l'aventure et d'une femme capable de lui briser le coeur. Entre une jolie vampire rousse et un travail de nuit dans un supermarché, il risque d'avoir plus d'ennuis qu'il ne l'espérait."


Pour finir, mon avis personnel est que ce roman mérite le détour. C'est la première fois que je lis le récit d'un vampire obligé d'aller à la laverie automatique pour nettoyer ses vêtements. Le style de l'auteur est un délire permanent et le rythme est accrocheur. Cependant, comme je le disais plus haut, une meilleure intrigue aurait été la bienvenue.

vendredi 10 décembre 2010

Black Mamba n°19

La nouvelle de Richard Mesplède « Quinte Flush » commence comme un western classique qui deviendrait de plus en plus exagéré et illogique au fil des pages. Pourtant, chaque détail en apparence loufoque trouve sa place dans la conclusion, confirmant l’importance accordée à Black Mamba pour la chute. Bon à savoir, ce texte figure aussi au sommaire de l’anthologie « Mystère et mauvais genre » des éditions Sombres Rets.

Le changement d’atmosphère est radical avec les « Futures stars » de Serena Gentilhomme. Dans un décor impersonnel qui tranche avec le saloon crasseux du précédent récit, deux personnages évaporés parlent, s’embrassent et dévoilent leurs secrets. Le décalage entre les attitudes des héros et le fait-divers tragique dans lequel ils sont impliqués apporte une touche d’humour bienvenue.

Je dois admettre que j’ai toujours un brin d’inquiétude avant d’attaquer un texte de Timothée Rey. Dès les premières lignes de « Zap ! », l’influence de son style bourré de néologisme rend l’immersion difficile. Il faut du temps pour s’adapter à la narration et à la technologie employée. Cependant, l’histoire qu’il raconte, une variation SF sur le thème du crime parfait, mérite que l’on s’y accroche.

Pour finir, la nouvelle de Bénédicte Taffin donne une dimension plus intimiste à cet opus avec sa nouvelle « Relation Mère-Fille ». Le mélange entre les technologies SF et les souffrances humaines se fait avec naturel ; chaque élément s’appuie sur l’autre pour amener le récit jusqu’à sa conclusion. Je m’attendais à chute aux allures de révélations, toute en demi-teinte et en émotion contenue, et je n’ai pas été déçue. Je regrette cependant que tant de détails soient restées dans l’ombre à cause du format court inhérent à la nouvelle.

Les dossiers et interviews qui complètent cette revue m’ont davantage intéressée que d’habitude. Par contre, les trois bande-dessinées m’ont moins séduites malgré leur excellente qualité. J’ai trouvé que les illustrations des nouvelles ont été particulièrement réussies dans ce numéro. Les dessinateurs sont parvenus à coller à l’ambiance de tous les textes et, comme je les ai tous aimés, j’ai trouvé tous les dessins vraiment chouettes.

En conclusion, je dirais que ce numéro est celui que j’ai le plus apprécié depuis mon abonnement. Alors que généralement, au moins l’un des textes me laisse de marbre, cela n’a pas été le cas dans celui-ci.

mercredi 8 décembre 2010

Les aventures d'Anita Blake

Je me suis intéressée à cette série il y a presque trois ans, suite aux conseils d’une collègue rôliste et passionnée par les vampires (Masquerade). Le hic, c’est que l’éditeur Fleuve Noir avait décidé d’abandonner cette licence et que nos amis de Milady n’avaient pas encore commencé à la rééditer. J’ai donc passé un temps fou dans plusieurs librairies avant de me procurer le tome 2, « Le cadavre rieur ».

Si l’on excepte le fait que j’ai dévoré ce roman en quelques heures, mes efforts en valaient la peine. Du coup, j’ai fait l’acquisition du tome 1, puis et des suivants. Je me suis régalée à lire les trois premiers volumes, bourrés de péripéties toutes plus exagérées les uns que les. Néanmoins, à partir du quatrième et de l’arrivée des loups-garous, j’ai commencé à trouver que ça faisait trop. J’ai continué jusqu’au six, mais les scènes chaudes avec le(s) vampire(s) m’ont lassées tout autant que les failles de scénarios.

Afin de m’assurer que je n’allais rien rater de la série en abandonnant, j’ai lu les résumés sur Internet. Lorsque j’ai compris qu’au lieu d’une reprise en main, les intrigues passaient de polar fantastique à romance fantastique de type « harem ». En conséquence, j’ai arrêté d’acheter les aventures d’Anita Blake à partir du tome 7.

Cela ne signifie pas que je n’aime plus cette série, d’ailleurs j’ai même recommencé à la lire. Ce sont des lectures agréables, pour autant qu’on ne soit pas trop à cheval sur les incohérences et les intrigues secondaires sous-exploitées.

Je n’ai pas lu plus de livres qui sont qualifiés de Bit-Lit ces temps-ci. Mais dernièrement, une copine m’a conseillé de lire les aventures de Mercy Thompson et je crois bien que je vais me laisser tenter. Quelqu’un à d’autres suggestions ?

lundi 6 décembre 2010

Ma pile à lire de décembre


Six mois après ma première pile à lire, j'ai décidé de récidiver en faisant un bilan sur mes lectures du moment. D'ailleurs, il serait bien que je parle un peu des livres qui étaient mentionnés en juin, car certains étaient vraiment bien.

En cours :
  • Servant of the Underworld
  • Eclat de rêves n°19
  • Black Mamba n°19
  • Nés avec les morts


En tas au pied de mon lit :
  • Squelette sanglant, les aventure d'Antia Blake tome 5
  • Mortelle séduction, les aventure d'Antia Blake tome 6
  • Sorcières et sortilèges
  • Les sombres romantiques
  • Les yeux d'opale
  • L'ange blond
  • Tristesse et beauté


Bien entendu, ma pile à légèrement augmenté en six mois, mais je compte sur des prochaines vacances pour la descendre de quelques étages.

vendredi 3 décembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - The end

Un chapitre de plus qui vient de s'achever. Il ne s'agit pas des scènes les plus animées, mais elles avaient leur importance. Pour avoir plongé dans l'écriture de la seconde moitié du roman, je peux vous assurer qu'il y aura des choses plus animées.

Comme d'habitude, il suffit de cliquer sur : épisode 1 pour avoir le début de ce neuvième chapitre.

Bon décembre à tous et à bientôt pour le chapitre 10.

mercredi 1 décembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 11

Le deux-roues de Fabrice était le dernier véhicule stationné sur le parking. Il déverrouilla l’antivol sous le regard de son ami qui s’inquiéta soudain au sujet de la semaine à venir.
– Comment on va faire pour Charline ?
– Qu’est-ce que tu comptes faire ?
– Elle sait sûrement plus de choses que moi sur la magie. Elle aura peut-être des informations à nous donner sur ton sortilège, ou sur Gwen.

La réponse de l’adolescent fut étouffée par la visière de son casque. Il la releva, mais ne partagea pas ses doutes à propos de l’aide qu’ils pouvaient attendre de cette magicienne.
– On verra ça plus tard, dit-il en montant sur sa moto.
– OK. Je penserais à prendre mes dessins.
– À lundi, Cory !

Avant que son ami ne réponde, il démarra et sortit en trombe du parking. Une fois que son ami eut disparu dans la circulation, Corentin se rendit devant le lycée pour y attendre son bus.

Le temps que celui-ci arrive, il plongea dans des souvenirs de l’époque où la famille de Gwen se déchirait. La jeune fille avait passé plusieurs mois enfermée dans un silence farouche duquel aucune de ses tentatives pour l’en faire sortir n’avait abouti.

Une après-midi, il était passé la voir dans sa chambre à l’improviste et l’avait surprise recroquevillée sur son lit pleurant à chaudes larmes. Ne sachant que faire, il était resté debout dans l’embrasure de la porte à la regarder hoqueter. Quand elle l’avait aperçu, elle avait cessé de sangloter et s’était jetée à son cou. Lovée contre lui, elle avait nié son chagrin bien que ses yeux fussent encore brillants de larmes.

Plus jamais il ne vit son amie exprimer sa tristesse de cette manière. Lorsque son père quitta le domicile familial, elle se permit à peine un soupir ennuyé. Seul Corentin parvenait à deviner les émotions qui agitaient son esprit derrière son visage impassible.

lundi 29 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 10

Les deux adolescents restèrent assis le temps de terminer leurs cocas. Lorsque son verre fut vide, Fabrice déclara :
– Je trouve que Gwenaëlle et son frère ne se ressemblent pas beaucoup. J’aurais jamais deviné qu’ils sont de la même famille.
– Pourtant, ils ont quasiment la même couleur de cheveux et la même forme de visage. À part que Ghislain a les yeux verts et Gwen les yeux bleus, ils sont presque pareil.

Cette réponse suscita un souvenir amusant, ce qui le fit sourire.
– À quoi tu penses ?
– A Gwen, elle détestait quand les gens la prenaient pour un garçon. Jusqu’à ce qu’on entre au collège, ça lui arrivait tout le temps.
– C’était un garçon manqué ?
– Oui, elle faisait tout exactement comme son frère. Ils s’adorent tous les deux, c’est pour ça que je trouve bizarre qu’elle ne lui ait parlé de toi.

Fabrice repensa à la conversation téléphonique qu’il avait eue l’avant-veille avec Anne-Sophie. Elle aussi ignorait leur relation, car Gwenaëlle n’en avait parlé à personne. Il se souvient que sa copine avait promis de l’appeler durant le week-end, mais il espérait qu’elle ne tiendrait pas parole. Sa déclaration implicite continuait de le mettre mal à l’aise.

Le regard interrogateur de Corentin le ramena à l’instant présent. Avant que son ami ne lui pose une question sur ses réflexions, il demanda :
– Alors comme ça, ton surnom c’est Cory ?
– Non, il y a juste Ghislain et Gwen qui m’appellent Cory.
– Maintenant, il y a moi.

À la perspective de devoir répondre à ce surnom, l’adolescent pinça les lèvres. Cependant, il ne dit pas, conscient que ses protestations ne feraient qu’inciter Fabrice à l’appeler ainsi.
– On y va, proposa ce dernier.
– OK.

Les deux garçons repartirent à pied en direction de leur lycée. À partir de là, ils rentreraient l’un en bus et l’autre en moto.

vendredi 26 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 9

Dès que leurs boissons furent servies, l’adolescent demanda :
– Tu as eu des nouvelles de Gwen récemment ?
– Non, elle fait sa mauvaise tête en ce moment.
– Pourquoi ?
– Tu es prêt pour un nouvel épisode des histoires de la famille Gennec ?

Cette introduction fit place aux complications familiales qui avaient suivi le divorce des parents de Gwenaëlle. À l’attention de Fabrice, le frère de celle-ci résuma les conséquences du divorce qui avait eu lieu trois ans plus tôt.
– Je suis allé vivre avec mon père et sa nouvelle compagne, Véronique, pendant que Gwen restait seule avec notre mère. Cory pourra confirmer qu’elle n’allait pas très bien à cette période.

L’intéressé hocha la tête afin d’appuyer le récit sans l’interrompre ; Ghislain poursuivit :
– L’année dernière, notre mère s’est remariée avec Georges qui a déjà une fille de neuf ans, Sandra. Autant dire tout de suite que, entre ma sœur et elle, c’est la guerre perpétuelle. Même quand je ne viens passer qu’un après-midi, il y a forcément des portes qui claquent, des cris et des crêpages de chignons.
– Gwenaëlle ne m’en a jamais parlé, commenta Fabrice.
– Vu que c’est toujours elle qui commence, elle ne doit pas s’en vanter.

Corentin ne partageait pas ce point de vue et exprima son désaccord d’une moue crispée, ce qui n’empêcha pas l’étudiant de révéler les quatre vérités à propos de sa sœur :
– Toujours est-il que, depuis ce remariage, Gwen est devenue une vraie furie. Georges essaye de remettre de l’ordre, mais elle n’en fait qu’à sa tête.
– Tu disais que Gwen n’allait pas très bien, coupa l’adolescent, désireux de changer de sujet.
– Ah oui, Véronique et papa vont avoir une petite fille.
– C’est super ! s’exclama-t-il.
– Va expliquer ça à Gwen, elle est persuadée qu’ils veulent la remplacer par cette petite sous prétexte qu’elle va s’appeler presque comme elle.
– Quel sera son prénom ? s’enquit Fabrice.
– Gaëlle.

La ressemblance entre les deux prénoms était flagrante, pourtant cela ne révélait pas d’intention de chasser Gwenaëlle de sa propre famille. Toujours avec le sourire, Ghislain déclara :
– Bon, il va falloir que je vous laisse. Ma copine va finir par s’impatienter.

Il se leva afin de régler les consommations, puis quitta le bar avec un signe de la main.

mercredi 24 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 8

Avec une impatience non dissimulée, les deux garçons rangèrent leurs livres, puis quittèrent la salle de classe. La pendule accrochée devant le bureau des surveillants indiquait onze heures et deux minutes ; ils avaient encore le temps de traîner ensemble avant de rentrer chez eux.

Plutôt que de rester dans l’enceinte du lycée, ils prirent la direction du square de la Motte. Le ciel dégagé laissait espérer une belle après-midi et ils profitèrent des rayons de soleil assis sur l’un des bancs du parc.

Un jeune homme s’approcha d’eux et, si Fabrice le voyait pour la première fois, Corentin le reconnut tout de suite.
– Salut Ghislain, comment tu vas ?
Il ajouta en aparté à son ami :
– C’est le grand frère de Gwen.

Vêtu d’un sweat-shirt kaki rehaussé d’une collection de bracelets de surfeur, celui-ci répondit avec le sourire :
– Bien, j’ai pas mal de boulot à la fac. Et toi, le lycée ?
– Bien aussi. J’habite chez ma tante depuis la rentrée, ça change de la maison.
– Tu l’as dit, Tregouët est vraiment un trou paumé.

Après une courte pause, Ghislain proposa aux adolescents de l’accompagner en centre-ville.
– On pourra prendre un café, je vous invite tous les deux.

Corentin accepta immédiatement et Fabrice se sentit obligé de suivre le mouvement. Sa curiosité à l’égard de Gwenaëlle justifiait son intérêt pour l’étudiant qu’ils venaient de rencontrer.

Le petit groupe se mit en route vers la sortie du square, puis ils traversèrent les rues rennaises jusqu’à un bar situé le long de la place Machintruc. Afin de pouvoir discuter tranquillement, ils s’installèrent dans la salle où ils passèrent leur commande.

Ghislain prit un café tandis que ses compagnons optèrent, après une longue hésitation, pour des cocas. Corentin trouva le moment opportun pour faire de plus amples présentations :
– Ghis, je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de Fabrice.
– Pourquoi ? Je devrais ?
– Fabrice est le copain de Gwen. Je pensais qu’elle t’en aurait parlé.
– Tu sais qu’elle est devenue très mystérieuse depuis septembre. Et comme je vais à la fac, j’ai moins le temps de rentrer à Tregouët le week-end.

lundi 22 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 7

Sous couvert de continuer à faire des exercices de mathématiques, les deux adolescents étudièrent la feuille avec ses courbes translucides et ses détails architecturaux.
– Si c’est vraiment un dessin prophétique, il faudrait arriver à en comprendre le sens, marmonna Fabrice.
– Je sais, mais cet endroit n’a rien de normal. On dirait une ville construite dans un cristal, ça n’existe pas.
– Jusqu’à hier, je croyais que les bracelets maudits n’existaient pas non plus.

Après un moment de réflexion, l’adolescent demanda :
– Tu as fait d’autres dessins ?
– Oui. Le problème, c’est qu’ils sont tous aussi bizarres.
– Tu pourras les apporter au lycée ? J’aimerai y jeter un œil, pour voir si on trouve des choses qui permettent de les relier au monde réel.

Corentin réprima son envie de lui dire d’abandonner, il avait déjà étudié le moindre trait de ses dessins, en vain. De plus, exposer ses créations au regard de son ami le dérangeait. Cependant, il ne pouvait refuser son aide afin d’en décrypter le sens caché.
– Tu ne préfères pas venir les voir chez ma tante, proposa-t-il.
– J’ai des trucs à faire cet aprèm. C’est mieux que tu les apportes lundi.

Il capitula et promit de s’en charger. Le soulagement de constater que Fabrice faisait preuve d’une étonnante tolérance à l’égard de ses capacités l’incita à poursuivre :
– Je ne sais pas si ça a un rapport, mais des fois, j’utilise des cartes de tarot pour trouver des trucs.
– Quels trucs ?
– Ben, le site Internet sur lequel Gwen est allée, ou alors le nom de la personne qui a dessiné les runes.
– Tu connais son nom ?

Sur cette dernière question, le ton de l’adolescent était monté d’un cran. Il s’attira un regard réprobateur de monsieur Joly, puis il fit mine de retourner à ses exercices. Corentin s’accorda à son besoin de se faire discret et murmura :
– Oui. Selon mes cartes, il s’agit de Charline Kim.
– Pas étonnant, cette fille est très bizarre.
– Il faudra qu’on aille la voir, pour lui demander si elle sait quelque chose sur Gwen…

La fin de sa phrase disparut dans les premiers hurlements de la sonnerie.

vendredi 19 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 6

Quand leur professeur revint vers le fond de la salle, ils simulèrent une résolution d’équation particulièrement complexe. Cependant, l’esprit de Corentin était libéré d’une part importante de ces préoccupations. Peu à peu, il laissa les explications de son compagnon prendre la place laissée par ses inquiétudes.

Au bout d’une demi-heure de travail sous la supervision de Fabrice, il réussit non seulement à résoudre les problèmes sur lesquels il bloquait la veille, mais à comprendre le mécanisme à appliquer quel que soit l’énoncé de l’exercice.
– Tu veux passer aux fonctions, ou tu estimes que tu as assez travaillé pour aujourd’hui ?
– Les fonctions, c’est le prochain chapitre ?
– Oui, comme ça tu pourras prendre de l’avance et comprendre le cours.

La perspective de continuer à étudier les mathématiques n’avait rien de réjouissant, néanmoins il préférait encore ces exercices à une conversation sur les pouvoirs qu’il commençait à développer. Pourtant, il savait que ces explications devaient avoir lieu s’il voulait conserver l’amitié de Fabrice.
– On regarde juste le cours, j’aurais des choses à te dire après.
– D’acc.

Les pages couvertes de graphiques et d’équations défilèrent bien trop vite au goût de Corentin. Lorsqu’il atteignit la dernière page, il n’avait pas la moindre idée de la manière dont il allait présenter les choses à son ami. Ce dernier avait cessé le regarder le livre pour le dévisager, une lueur d’interrogation au fond de ses yeux bruns.

Afin d’avoir un élément sur lequel il puisse s’appuyer, l’adolescent ressortit le dessin qu’il avait achevé le mercredi soir.
– Avant que je n’essaye de t’exorciser, déclara-t-il, la seule chose bizarre chez moi, c’était mes dessins.

Ces paroles obligèrent Fabrice à concentrer son attention sur les tours cristallines et leur prisonnier, puis il s’exclama :
– Mais, c’est moi !
– Oui, et le pire, c’est que je ne sais même pas pourquoi c’est toi que j’ai dessiné.
– Tu veux dire que tu ne sais pas ce que tu fais ?

La grimace qu’il esquissa était éloquente, il précisa néanmoins :
– J’ai évité de dessiner pendant des années parce que je croyais que si mon dessin représentait un malheur, ce malheur allait arriver.
– Et maintenant ?
– Maintenant, je n’ai aucune idée de ce que mes dessins veulent dire, mais je pense qu’ils ont la même faculté.
– Celle de prédire les catastrophes ?

La façon beaucoup plus positive que Fabrice avait de voir la situation lui arracha un sourire. Celui-ci avait peut-être raison à propos de ses dessins, ce qui attisait son espoir de porter secours à Gwenaëlle.

mercredi 17 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 5

Alors qu’il relisait ses brouillons d’exercices, le professeur vient à la rencontre de Fabrice. Celui-ci sortit une feuille pliée en quatre de son sac et demanda :
– J’ai essayé de faire des exercices avec les intégrales, mais je bloque sur les suites infinies.

Le contenu de cette question échappa complètement à Corentin qui replongea dans ses résolutions d’équations. Il entendit à peine le professeur passer à côté de lui, puis, voyant qu’il travaillait, aller s’occuper d’une élève au premier rang.
– Tu as besoin d’un coup de main ? proposa Fabrice.
– Tu n’as pas des exercices à faire, toi aussi.

Son ami sourit et désigna le titre de son livre : Algèbre et analyse.
– Ce n’est pas au programme du bac, précisa-t-il. Je viens ici quand il y a des trucs que je ne comprends pas.

Leur bavardage attira l’attention du responsable du cours qui leur jeta un regard sévère. Fabrice répondit aussitôt :
– Je vais l’aider pour les…
– Équations du premier degré, continua Corentin.

Ayant obtenu l’autorisation de travailler ensemble, les deux adolescents rapprochèrent leurs bureaux.
– Alors comme ça, tu galères avec les équations du premier degré ? demanda Fabrice sur un ton ironique qui échappa à son interlocuteur.
– Oui, j’ai jamais été bon en maths. J’y comprends rien.

Le regard désespéré qui accompagnait ce constat suscita en réponse un sourire moqueur.
– Maintenant, tu sais comment je me sens face à toutes ces histoires de magie et des sortilèges.

Cette remarque raviva les inquiétudes de Corentin. Néanmoins, l’attitude de son ami ne trahissait ni peur, ni méchanceté, juste un détachement de façade qui lui permettait de ne pas perdre pied.
– Si ça peut te rassurer, j’en suis à peu près au moins point que toi. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais quand je t’ai exorcisé.
– Ça ne me rassure pas du tout, murmura Fabrice, le nez dans le livre de mathématiques de seconde.
– Je suis désolé.

Bien que ces excuses ne soient pas les premières que l’adolescent ait prononcées, elles reflétaient une intensité et une sincérité qui les mirent tous deux mal à l’aise.

lundi 15 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 4

Le manque d’habitude rendit son lever du samedi matin encore plus difficile que durant la semaine. Dans un demi-sommeil, Corentin manqua de s’ébouillanter en prenant sa douche, puis d’enfiler son T-shirt à l’envers. Par chance, sa tante intervint lors du petit-déjeuner afin de lui éviter de dévaster la cuisine en agissant comme un zombi.

Il réussit à prendre l’un des rares autobus du week-end qui allaient dans la bonne direction et arriva devant un lycée presque désert. Seule une minorité d’élèves avaient cours le samedi, ce qui expliquait le silence qui régnait dans les couloirs.

L’adolescent se dirigea vers la salle de classe dévolue au cours de soutien en mathématiques avec la mine d’un condamné. Une dizaine de lycéens de toutes classes se trouvaient là, tous avaient les mêmes cernes et la même lueur maussade au fond des yeux. Comme il ne reconnut personne, Corentin s’installa au dernier rang et sortit ses affaires.

Au milieu des feuilles d’exercices à peine gribouillées, il découvrit la feuille sur laquelle il avait représenté Fabrice prisonnier du labyrinthe cristallin.
– Bienvenue à vous tous, commença le professeur tandis qu’il rangeait précipitamment son dessin. Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce cours de soutien, je vais expliquer son fonctionnement. J’ai remis à chacun de vous une liste d’exercices à préparer. J’espère que vous y avez travaillé, car je vais à présent passer vérifier votre travail et, plus important encore, répondre à vos questions.

Monsieur Joly venait de terminer ses explications lorsque la porte située au fond de la classe s’entrouvrit. Alerté par le grincement de la poignée, Corentin eut la surprise de voir Fabrice se glisser dans la salle.
– Salut, murmura-t-il avant de s’installer à côté de lui.

Sa présence ne constituait pas une réelle surprise, compte tenu de sa réputation d’élève agité. Néanmoins, l’adolescent n’imaginait pas que son ami se rendrait volontairement à un cours de soutien.

vendredi 12 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 3

Il paya le prix de sa tranquillité, ou de sa lâcheté, à son retour chez sa tante. Dès qu’il eut passé la porte, cette dernière le soumit à un interrogatoire en règle :
– Comment c’est passé ta journée ?
– Normal. Mon prof de sciences est toujours malade, alors j’ai fait mes devoirs au lycée.
– Et Fabrice ?
– Pas vu.

Il ne s’agissait pas d’un mensonge à proprement parler, mais d’un mensonge par omission. Cependant, à en juger par l’expression qui traversa le visage d’Évelyne, elle n’en croyait pas un mot.
– Tu devrais lui parler au plus tôt. Ce n’est pas bon de rester dans l’attente. Qui sait ce qu’il pourrait imaginer si tu ne lui donne pas ta version de l’histoire ?
– Je le verrai demain, promit son neveu avant de filer dans sa chambre.

En dépit de sa promesse, il ne fit aucun effort afin de rencontrer son ami. À chaque fois qu’il y songeait, une boule d’angoisse se formait dans sa poitrine. Le vendredi s’écoula sans accroc, même s’il ne cessait d’osciller entre l’envie de suivre les recommandations de sa tante et celle de ne plus jamais adresser la parole à Fabrice.

Il surveilla néanmoins les conversations entre élèves, à l’affut de la moindre mention de son prénom ou des phénomènes magiques dont il était à l’origine. Cette méfiance lui usait les nerfs, mais il redoutait davantage de se confronter au possible auteur des rumeurs qu’il craignait de surprendre.

Le soir même, au lieu de préparer ses affaires pour renter chez ses parents, il prépara son sac et mit son réveil en marche. Il s’endormit ensuite, le regard fixé sur les étoiles fluorescentes au-dessus de son lit.

mercredi 10 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 2

Il traversa couloirs et cages d’escaliers jusqu’à atteindre la salle où se déroulait son premier cours de la journée. Peu après le début de la leçon, il décrocha encore plus facilement des explications de monsieur Joly qu’Aurélien se trouvait juste derrière lui.

Lorsque le professeur lui demanda de venir à la fin de l’heure, il craignit de se voir réprimander pour son comportement de plus en plus dilettante. Au lieu de cela, celui-ci lui rappela que sa présence au cours de soutien du samedi matin était souhaitable. Corentin, qui avait déjà occulté de sa mémoire la perspective de se lever tôt une fois de plus dans la semaine, acquiesça avant de rejoindre le CDI. En début de journée, les lycéens avaient tendance à déserter les rayonnages de la bibliothèque. Il pouvait donc espérer s’y trouver au calme.

Aurélien se trouvait déjà là, penché sur son cahier de physique. Ses cheveux bruns, encore plus hirsutes que ceux de l’adolescent, dissimulaient son front jusqu’à la monture de ses lunettes. Il sourit en voyant Corentin poser ses affaires à côté de lui et demanda :
– Tu as des exercices à faire ?
– Toujours, répondit-il avec une expression mitigée.

Avec les événements qui avaient occupé son mercredi après-midi, il avait accumulé un retard dans ses devoirs qu’il convenait de rattraper au plus vite. La présence studieuse de son camarade à côté de lui l’incita à travailler plutôt que de gribouiller dans les marges de ses feuilles ou de bayer aux corneilles. Quand la sonnerie de la récréation retentit, il mettait un point final à une dissertation d’histoire.

Le reste de la journée se déroula dans un calme réconfortant. Personne ne vint l’accuser d’être un sorcier et aucun de ses professeurs n’eut la mauvaise idée de l’envoyer au tableau. De plus, Fabrice demeura invisible, même si, Corentin était forcé de l’admettre, il avait tout fait pour éviter de le croiser.

lundi 8 novembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 1

Le lendemain matin, ce fut avec les yeux cernés et une angoisse lancinante au creux de la poitrine que Corentin se rendit au lycée. Il avait beau de se répéter en boucle les paroles rassurantes de sa tante, il ne parvenait pas à adopter une confiance sans faille envers Fabrice. Rien ne lui garantissait que ce dernier n’ait pas raconté autour de lui l’expérience à laquelle il avait été soumis la veille. Dans ce cas, l’adolescent pouvait faire une croix sur sa tranquillité et son anonymat.

Comme un rappel de sa mauvaise conscience, il aperçut Fabrice sur sa moto à quelques mètres seulement de l’entrée de l’établissement. Afin d’éviter de le croiser, il resta tapi contre un platane avec l’espoir qu’il gare son véhicule aussitôt.

Le fait qu’avoir représenté son ami dans l’une de ses étranges créations n’avait rien pour le rassurer. Jusqu’à présent, le seul personnage réel qui apparaissait dans ses dessins était Gwenaëlle. Comme s’il s’obstinait à capter les personnes auxquelles il était attaché et qui lui échappaient.

Après de longues minutes, le dos appuyé contre l’écorce rugueuse et les mains enfoncées dans les poches, Corentin prit la décision de se confronter à ses inquiétudes. Pourtant, quand il réalisa que Fabrice avait disparu, il en éprouva un sentiment fugace de soulagement. Ses résolutions s’effritèrent dès qu’il eut pénétré dans la cour.

Les gestes habituels noyèrent son impression de vivre dans un univers à la fois semblable et subtilement différent de celui du commun des mortels. Sauf qu’à présent, il disposait de justifications tangibles à ce décalage.

Désireux d’évaluer ses capacités, il s’interrogea sur une éventuelle absence de son professeur de mathématiques. Il passa ensuite en revue tous ses cours de la journée, les paupières mi-closes devant le tableau des absents. Les lycéens pressés le bousculèrent, mais il était trop concentré pour leur prêter attention.

Une fois son inventaire terminé, il ouvrit les yeux. En accord avec ses prévisions, son professeur de SVT figurait parmi les absents. Étant donné que monsieur Brésillot, le professeur en question, était malade depuis une semaine, Corentin était moyennement convaincu de l’existence de son don de prescience.

vendredi 5 novembre 2010

Pénombre n°3 : La foule

Comme je m'y étais engagée, je consacre une fois de plus l'un de mes billets d'entre chapitre au fanzine Pénombre. Pour ce troisième numéro, le thème choisi a été "La foule".

A première vue, cette thématique ne colle pas vraiment avec l'esprit féerie urbaine du fanzine. Parmi les cinq textes qui composent la partie "grouillante de monde", les auteurs semblent avoir éprouvé des difficultés à choisir entre la foule et la magie.

Si la très courte nouvelle d'Anthony Boulanger fait preuve d'une incroyable densité, "Suis-je ?" m'aurait semblée plus appropriée dans un recueil de littérature noire.

A l'opposé, Anne Goulard a brossé le voyage d'une lycéenne dans le monde étrange du "Passage éphémère". La magie et la féérie s'entremêlent sous les yeux d'une adolescente d'abord perdue, puis exploratrice. Il y a un peu de conte de fées et une pointe de Doctor Who dans cet univers. L'illustration de Maïté Nicolas qui l'accompagne ajoute encore à l'atmosphère de cette nouvelle.

Le "Transperrance" de Thomas Spok m'a laissée dubitative. De la foule, un monde très ordinaire et un sentiment d'étrangeté, mais le mélange n'a pas pris. Là aussi, le texte m'a paru plus polar que fantastique.

En dépit d'une narration complexe, j'ai vraiment apprécié la nouvelle de Michaël Moslonka. Jacquemards, le héros, est doté d'un charisme incontestable. La suite de chapitres de "Péché capital" manque peut-être de cohérence par moments, heureusement que la chute met tout cela en ordre.

La partie athématique se compose de deux nouvelles. Elle commence par "En scène et en coulisse", un texte de Rémi Billoir qui est désormais un familier des publications de Transition. Une touche de fantastique, légère et exploitée avec talent, donne à cette fable politique un relief inattendu. Un gros coup de cœur pour le duo Paul-Chirine dont la relation cynique est délectable.

"Indicible !", la contribution de Jacques Fuentealba, apporte une dernière touche de noirceur à ce numéro de Pénombre. Il faut néanmoins reconnaître que cette noirceur suinte de sang et de terreur, comme une nouvelle de Lovecraft. La narration à la première personne accentue encore cette ressemblance.

Les textes qui composent ce fanzine sont plus sombres et moins portés sur la féerie que dans les deux précédents opus. La forte présence de certaines nouvelles accentue ce déséquilibre, mais l'ensemble reste agréable. Je déplore cependant que le thème de la foule n'ait pas été abordé d'un point de vue fantastique.

Hormis la très belle quatrième de couverture, l'illustration noir et blanc de Maïté Nicolas et le carnaval en couleur de Ladyyvi, le niveau des graphisme reste constant.

mercredi 3 novembre 2010

Un logotype pour Limonade

Une fois n'est pas coutume, je vais faire un teaser graphique. Dans le cadre du passage de Limonade au format ++, miss Vilie s'est chargée de réaliser un logotype personnalisé.


Entre la police sobre et la rondelle de citron colorée, je trouve que le rendu est très réussi. Bon, il y aura sûrement des ajustements à faire par la suite, mais ça avance.

lundi 1 novembre 2010

La proie - Teaser

En ce pluvieux jour la Toussaint, j'ai décidé de mettre un teaser pour une nouvelle qui n'est pas de moi. Néanmoins, la nouvelle colle avec l'esprit de Limonade.

"À chaque fois que ses semelles touchaient le sol, le sac de Fanny battait contre son dos. Elle ignora la douleur causée par la reliure de son livre de français et ses poumons en feu. Pourquoi fallait-il que son réveil soit resté muet un mardi matin ?

Elle accéléra encore sur les derniers mètres, puis écrasa le bouton qui commandait l’ouverture de la porte d’autobus. Le chuintement pneumatique résonna à ses oreilles comme une délivrance ; elle se hâta de s’engouffrer à l’intérieur. Écarlate et à bout de souffle, elle se faufila jusqu’au fond du véhicule pour trouver une place assise.

Avec un soupir, elle se laissa tomber sur la moquette bleue des sièges de la compagnie de transport. La trop faible épaisseur de rembourrage réveilla la douleur tapie dans ses vertèbres. Afin de s’installer plus confortablement, Fanny retira son sac et le posa sur ses genoux. Elle en profita pour prendre le tube de gloss et le miroir qui ne la quittaient jamais.

Comme elle le craignait, ses joues avaient pris une teinte rouge vif et, sans maquillage, ses yeux noisette ne ressortaient pas du tout sur la peau mate. Elle déplora aussi sa course, car ses cheveux d’un brun terne évoquaient une crinière hirsute. Après avoir coloré ses lèvres de rose pailleté, elle rangea ses affaires et commença à détailler les occupants de l’autobus."

Pour ceux qui en auraient déjà entendu parlé, il s'agit de la nouvelle que j'avais présenté de la façon suivante :
Suivre un garçon que l’on ne connait pas présente toujours un risque. Pas forcément parce que le garçon à plus de métal et d’encre dans la peau qu’un musicien de rock, mais parce qu’on ignore où il va…

vendredi 29 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - The end

Étant donné que je suis arrivée à prendre de l'avance sur mes chapitres, j'en ai profité pour augmenter (légèrement) la taille des épisodes. Du coup, il n'y en a que onze pour ce chapitre 8. Le suivant devrait arriver très bientôt, après mon habituelle interruption consacrée à mes lectures.

Pour commencer la lecture du chapitre 8, c'est ici. Et pour le chapitre 9, il faudra attendre le 8 novembre.

mercredi 27 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 11

Après le repas, Corentin obtint l’autorisation d’utiliser l’ordinateur. Dès qu’il fut connecté à Internet, il se rendit sur sa messagerie avec l’espoir d’y trouver une réponse de Gwenaëlle. Hélas, cette dernière ne lui avait rien envoyé. Par contre, de nouveaux messages avaient été postés sur le forum des jardins de Ceridwen depuis lundi soir.

Afin de se remémorer la discussion sur les runes, il relut l’intégralité des réponses à sa question à propos du sortilège appliqué au poteau de basquet. Parmi les interventions successives des membres du forum, ses soupçons se portèrent très vite sur celle dont le pseudonyme était ChaChina. En effet, son unique intervention avait pour but de savoir s’il était l’auteur des runes.

En allant consulter la section de présentation, il en apprit un peu plus long sur la personne qui se cachait derrière cette identité virtuelle. Son avatar était une calligraphie asiatique en accord avec son prénom, mais elle disait se passionner pour les mythes nordiques et amérindiens. Les sujets auxquels elle participait le plus corroboraient ses dires, puisqu’elle gérait la partie du forum dédiée à la réalisation d’attrapeurs de rêves et secondait WiccaMama sur celle qui traitait des runes.

Bien que ces informations soient pertinentes sur le forum, elles ne permettaient pas à l’adolescent de faire un lien avec une personne de sa connaissance. Il reprit la liste de Fabrice afin de chercher une éventuelle correspondance.

Il renonça après avoir lu tous les noms à voix haute et envisagea une approche différente. Comme lorsqu’il avait tenté de retrouver le forum où Gwenaëlle avait découvert la magie, il s’empara du jeu de tarot posé à côté de l’ordinateur. Il battit les cartes, puis les étala devant lui sur le peu d’espace disponible. Afin de ne pas être limité par la valeur maximale des enseignes, il en piocha deux : le trois de denier et le sept de bâton.

Afin de respecter le tirage, il parcourut la liste jusqu’au trente-septième nom, celui d’une certaine Charline Kim. La ressemblance entre son prénom et le pseudonyme employé sur le forum lui suggéra qu’il tenait là la véritable identité de ChaChina. Il ne lui restait plus qu’à communiquer cette information à Fabrice, à condition que celui-ci accepte encore de lui parler.

lundi 25 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 10

Puisqu’il ne disposait d’aucun moyen de poursuivre ses recherches dans cette direction, Corentin rangea la feuille dans l’un de ses tiroirs. Il sortit ensuite de son sac à dos les cours qu’il devait réviser pour le lendemain. Parmi ses exercices de mathématiques, il retrouva le dessin représentant la cité cristalline qu’il n’avait toujours pas achevée.

Avant que la raison qui lui dictait de travailler au lieu de dessiner n’intervienne, il reprit son crayon. Il affina les tours de cristal, ajouta des passerelles et des nuages dans les interstices, puis plongea dans les méandres du labyrinthe. Plutôt que de peaufiner une création artistique, l’adolescent avait l’impression de clarifier la vision d’une scène issue de son esprit.

Sans avoir conscience des déplacements de sa main, il suivait les lignes courbes et le visage déformé qui se reflétait sur les parois translucides. Lorsqu’enfin la personne à l’origine de ces reflets apparut sous la pointe de son crayon, il eut la surprise de la trouver étrangère à son dessin. Sa tenue était celle d’un adolescent comme ceux qu’il croisait tous les jours au lycée et son attitude exprimait son désespoir d’être enfermé dans cette prison de cristal.

Corentin frissonna en se demandant quel sinistre présage il venait de représenter. Le décor ne lui était pas familier, alors il se concentra sur le prisonnier du labyrinthe. Son sang se figea lorsqu’il reconnut Fabrice. La finesse du tracé le rendait clairement identifiable et, bien qu’il ne l’ait jamais vu aussi triste, il n’avait aucun doute sur le fait qu’il s’agisse de son ami.

Il n’eut pas le temps de s’interroger davantage sur ce qu’il devinait être une dangereuse prémonition. L’heure du dîner approchait et il avait pour habitude d’aider sa tante à le préparer. Il descendit dans la cuisine afin de mettre le couvert, mais il garda pour lui-même ses inquiétudes et Évelyne ne lui posa aucune question.

vendredi 22 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 9

Pour le moment, il devait se concentrer sur la recherche du sorcier qui avait envoûté Gwenaëlle. Bien qu’il ne dispose que de quelques embryons de pistes, il lui fallait toutes les examiner avec une égale attention. Tout d’abord ses représentations de serpents et ses dessins, tous plus énigmatiques les uns que les autres. Avant de les décrypter, il lui fallait acquérir des connaissances dans le domaine de symbolique des animaux et des mythes.

Ensuite, il devait continuer ses recherches sur "le jardin de Ceridween". Il savait que son amie avait découvert la magie grâce à Internet et que quelqu’un employait des sortilèges à base de runes à proximité du lycée.

Soudain, il associa le souvenir des runes effacées sur le poteau de basket et les questions qu’il avait posées à ce sujet sur le forum. Afin de connaître les effets des runes, il les avait recopiées dans son message. Leur auteur n’aurait eu aucun mal à les reconnaître, puis à les effacer avant que Corentin ne trouve sa signature.

Cette hypothèse impliquait que l’un des élèves du lycée consultait quotidiennement le forum de wicca. Afin de mettre ses suppositions à l’épreuve, il avait besoin de la liste d’élèves que Fabrice lui avait remise avant d’arriver ainsi que de l’ordinateur de sa tante. Comme il ignorait si cette dernière approuverait sa démarche, il préférait ne pas lui en parler.

Il se leva de son bureau et passa la tête dans l’escalier. Il n’eut pas besoin de descendre pour apprendre qu’Évelyne se trouvait dans le bureau ; une musique traditionnelle aux accords de cithare et de flute résonnait derrière la porte close.

Il renonça temporairement à poursuivre ses recherches sur Internet et se contenta de sortir la feuille donnée par son ami. Les soixante-sept noms avaient été recopiés à la main, ce qui avait dû lui prendre beaucoup de temps. Corentin apprécia la lisibilité de son écriture et commença à lire. Aucun des élèves mentionnés ne lui évoqua le moindre souvenir.

mercredi 20 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 8

Une fois seul, Corentin bondit sur ses pieds afin d’atteindre l’interrupteur. La vive lumière issue de l’ampoule accrochée au plafond inonda la chambre. Il soupira profondément, puis s’assit à son bureau. Dans le bocal vide qu’il utilisait pour ranger ses stylos, il prit un crayon gris et griffonna quelques spirales afin d’offrir un support à ses pensées.

Les phénomènes survenus durant l’après-midi n’avaient fait que confirmer ses intuitions. Enfant, il avait la capacité à prévoir certains événements à travers ses dessins, puis ses visions avaient emprunté une forme détournée faite de métaphores incompréhensibles. À présent, il découvrait que de son don ne se limitait pas la voyance, mais qu’il s’étendait aux sortilèges d’exorcisme.

Cette perspective avait beau être effrayante, elle n’en demeurait pas moins son meilleur espoir de venir en aide à Gwenaëlle. L’enchantement dont Fabrice avait été victime pouvait aussi avoir affecté la jeune fille, à moins que quelqu’un dans son entourage n’emploie la magie dans des buts plus au moins avouables.

En dépit de ce que sa tante et son ami semblaient sous-entendre, il demeurait persuadé de l’innocence de Gwen. Il n’arrivait pas à concevoir qu’elle ait pu employer un sortilège afin d’attacher Fabrice à elle. Jamais il ne l’avait vue soupirer après l’un des tombeurs du collège, ces garçons qui affichaient une attitude exagérément décontractée et suscitaient l’admiration des autres adolescents plus effacés.

Bien qu’il éprouve un profond désintérêt pour ceux qui ne pensaient qu’à se mettre en avant, souvent aux dépens des plus discrets, Corentin éprouvait une réelle affection pour Fabrice. Il craignait cependant que le rituel auquel il avait été soumis ne l’incite désormais à le fuir.

Sa tante lui avait conseillé d’en parler avec lui, mais il imaginait mal comment présenter la situation de sorte qu’elle ne paraisse pas trop bizarre. Jusqu’à présent, c’était toujours Fabrice qui était venu vers lui et avait pris l’initiative de leurs discussions. Trop timide pour oser l’aborder en plein milieu de la cour du lycée, il résolut d’attendre de le croiser dans un couloir.

lundi 18 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 7

Le grincement de l’escalier qui précéda l’arrivée d’Évelyne interrompit ses réflexions. Elle frappa néanmoins à la porte avant d’entrer, puis demanda :
– Tu vas bien ?

Corentin se redressa, mais il ignora la question. Son mutisme ne découragea pas sa tante de venir s’asseoir à côté de lui.
– C’est de ma faute, marmonna-t-il.
– Quoi donc ?
– Tout.

Pour seule réponse, il reçut une claque sur le haut du crâne. Plus surpris que blessé, il se tourna vers sa tante bien qu’il ne puisse que discerner sa silhouette.
– Pourquoi tu m’as frappé ?
– Pour que tu arrêtes de te conduire comme un gamin égocentrique.

Le sérieux avec lequel elle avait prononcé cette réplique le cingla davantage qu’une gifle. Elle acheva de lui remettre les idées en place en déclarant :
– Tu es loin d’être le premier dans la famille à avoir des pouvoirs de ce genre. Tu n’es même pas le plus jeune, ni même le plus malheureux.
– Il y en a d’autres ? Je veux dire dans la famille, à part toi et moi.
– Oui. La majorité des personnes refuse le don ou ne l’exploite pas, mais nous devons être une dizaine.

Corentin ne s’attendait pas à une telle révélation. Jamais il n’aurait imaginé que d’autres membres de sa famille soient des sorciers ou des devins. Sa singularité baissa d’un cran et son angoisse avec. Il pouvait mettre ses pouvoirs sur le compte du sang qui coulait dans ses veines et cesser de s’accuser de cette tare.

Après ce premier pas sur le chemin de l’acceptation, l’adolescent replongea dans ses pensées avec un regard plus lucide. Évelyne se leva du lit et déclara :
– Quand tu auras pris un peu de recul, j’aurais des choses à te montrer.
– Quelles choses ?
– Des archives sur notre famille. Pour que tu saches que, selon les époques, maîtriser les énergies mystiques équivalait à un aller simple pour le bucher ou l’asile d’aliénés.

À la mention de ces châtiments d’un âge révolu, il frissonna. Une nouvelle inquiétude fit son apparition :
– Et que va en penser Fabrice ?
– Il faudra que tu lui demandes. Mais, à ta place, je ne me ferrai pas trop de soucis pour lui.

Elle quitta la chambre de son neveu afin de laisser réfléchir au calme.

vendredi 15 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 6

Depuis la fin du rituel, Corentin n’avait pas quitté sa chambre. Assis sur sa couette, il ruminait de sombres pensées à propos des phénomènes étranges auxquels Fabrice et lui avaient assisté dans l’après-midi. Alors que la lecture des influences magiques à l’aide du pendule s’était bien déroulée, le rituel avait basculé dans un maelstrom d’énergies négatives dès que sa tante avait ramené le bracelet.

Quand il se représentait mentalement ce bijou néfaste, il sentait à nouveau tous ses poils se redresser. Au moment où Évelyne avait refermé le bijou autour du poignet du Fabrice, il avait manqué de s’étouffer de peur et de colère.

Il ne comprenait pas qu’elle ait conservé auprès d’elle une chose qui dégageait autant d’énergie malsaine et, surtout, qu’elle y ait exposé son ami. Pourtant, elle l’avait fait avec la certitude que lui, un adolescent jusque-là quelconque, avait lancé un sortilège assez puissant pour l’en protéger.

Une certitude émergea de fatras de sentiments contradictoires : il était responsable des événements qui venaient de se produire. S’il n’avait pas eu l’idée saugrenue d’exorciser Fabrice, rien de tout cela ne serait arrivé.

Abattu, il s’allongea sur son lit. Depuis son retour dans sa chambre, il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière. Cependant, les étoiles fluorescentes au-dessus de sa tête brillaient de leur lueur jaunâtre et artificielle. Le rappel de son environnement familier atténua légèrement l’inquiétude de Corentin, puis elle s’accrut lorsqu’il réalisa les conséquences du rituel.

À présent, il ne pouvait plus nier qu’il possédait des capacités qui dépassaient de très loin celles des personnes normales. Non seulement, son exorcisme avait fonctionné, mais ses effets sur Fabrice étaient permanents. Il ignorait si, dans les semaines suivantes, il n’aurait pas d’autres surprises du même genre, comme le pouvoir de lire dans les pensées, ou celui de déplacer les objets à distance.

L’adolescent ne se sentait pas capable de vivre avec de telles aptitudes. Cet univers qu’il devinait à peine l’effrayait d’autant qu’il imprégnait ses dessins, grouillait sous sa peau et arrachait le peu de contrôle qu’il avait sur son existence.

mercredi 13 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 5

Il resta silencieux un instant, puis ne trouva qu’une seule chose à dire :
– Je croyais que vous étiez amies toutes les deux.
– Gwen n’est qu’une petite garce. Ça me fait mal au cœur que tu sois tombé sur une fille comme elle…

Fabrice n’eut aucun mal à comprendre le sous-entendu qu’elle venait de faire. Découvrir qu’Anne-So éprouvait des sentiments à son égard lui fit monter le sang au visage. En dépit de la rougeur qui lui gagnait les joues, il fit mine de ne rien avoir entendu.
– Au moins, tu es franche.
– J’espère que tu ne m’en veux pas. Tu as l’air de beaucoup tenir à elle.
– Il va falloir que je réfléchisse à tout ça.

L’impression de confusion qu’il ressentait devait s’entendre malgré la mauvaise qualité de la ligne, car son interlocutrice s’inquiéta :
– Tu es sûr que tu ne m’en veux pas ?
– Non, j’avais déjà des doutes à propos de Gwen.
– Depuis longtemps ?

Cette question sortait du cadre du bavardage entre lycéens. L’adolescent avala sa salive et hésita avant de déclarer :
– La semaine dernière, un gars m’a balancé un seau d’eau à la figure et chantant des trucs des bizarres. Après ça, j’ai oublié plein de trucs sur Gwen. C’était pareil qu’un rêve dont on oublie tout quand on se réveille.
– Oh, la sale garce !

Le reste des invectives qu’Anne-So proféra à l’encontre de sa soi-disant amie furent étouffées, comme si elle avait plaqué sa paume contre le micro. Fabrice l’appela plusieurs reprises, croyant avoir perdu la communication. Il allait raccrocher lorsqu’il entendit à nouveau sa voix aigüe :
– Quel gars ?
– Je sais pas. Un type que je n’ai jamais vu au lycée, je suppose qu’il doit aller ailleurs…

Il s’apprêtait à donner un faux signalement de Corentin quand la fille l’interrompit :
– Il faut absolument qu’on se voie. Essaye de te rappeler du maximum de choses sur ce gars et surtout, ajouta-t-elle avec un ton de conspiratrice, n’en parle pas à Gwenaëlle.
– D’accord.

Il raccrocha dans la minute suivante et, une fois qu’il eut remis le téléphone en place, il pressa ses mains contre ses joues écarlates. La déclaration implicite d’Anne-Sophie le mettait très mal à l’aise et il ne savait comment réagir.

Sa réaction, aussi violente que surprenante, au moment où avait parlé de l’exorcisme le laissait penser qu’elle savait très bien de quoi il retournait. Il hésita à téléphoner à son ami pour lui faire part de cette découverte, puis il se rappela que celui-ci devait toujours être préoccupé par ses capacités étranges et il retourna à ses devoirs.

lundi 11 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 4

Lorsque le téléphone se mit à sonner, Fabrice dévala l’escalier afin de décrocher avant sa mère. Cette dernière ne cacha pas surprise de voir son fils aussi agité, mais elle retourna à ses activités en gardant ses questions pour plus tard.

La déformation du son conférait à Anne-Sophie un timbre plus aigu que d’habitude. Il eut du mal à reconnaître la voix qui résonna dans le combiné :
– Salut Fabrice, j’ai écouté ton message.
– C’est sympa de m’avoir rappelé, Anne-So.

Cet échange de politesses fut suivi par un long silence. L’adolescent hésita à aborder immédiatement le sujet qui le préoccupait, aussi il demanda :
– Tu vas bien depuis lundi ?
– Euh… oui, ça va bien.

Toute l’assurance qu’elle affectait quand il l’avait revue s’était envolée. La lycéenne charismatique avait laissé sa place à la fille timide qu’il avait côtoyée au collège.
– J’ai été très surprise de te revoir, dit-elle sur le même ton timoré.
– Moi aussi. Pourtant, je pensais que Gwenaëlle t’aurait dit que nous sortions ensemble.
– Non, elle est très discrète.

Ses intonations s’étaient faites plus sèches sur cette dernière remarque. Fabrice profita cependant que sa petite amie soit apparue dans la conversation pour demander :
– Anne-So, j’ai une question à te poser ?
– Sur ?
– Gwenaëlle.

Le silence à l’autre bout du fil suintait la déception. Pourtant, l’adolescent avait besoin d’en apprendre davantage sur Gwen.
– Elle ne t’a jamais parlé de moi avant lundi ?
– Non, jamais. Même cette semaine, elle n’a pas dit un mot sur toi.
– Ah.
– Écoute-moi, Fabrice. Pour elle, c’est comme si tu n’existais pas.

Ce n’était plus de la déception qu’il décela dans sa voix, mais un concentré d’amertume et de colère. De telles émotions le surprenaient de la part d’une fille aussi tranquille, elle avait décidément plus changé qu’il ne l’imaginait.

vendredi 8 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 3

Fabrice remonta dans sa chambre et ses réflexions retrouvèrent le point où elles avaient été interrompues, à savoir les pouvoirs surnaturels de Corentin et l’implication de Gwenaëlle dans l’enchantement dont il avait été victime.

Il déplorait que la fuite de son ami juste après le rituel ne leur ait pas laissé le temps d’aborder le sujet. Bien que cela se soit produit de façon inconsciente, celui-ci avait créé un lien entre eux avec son exorcisme. À présent qu’il avait surmonté ses réticences à l’égard de la magie, il n’était plus question pour lui d’abandonner Corentin.

Par contre, le comportement et les éventuels sortilèges de Gwenaëlle lui causaient davantage de souci. Il se félicita de ne pas lui avoir parlé de l’exorcisme lorsqu’il était venu la voir à son pensionnat. Il n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle aurait réagi en découvrant qu’il n’était plus sous influence magique.

De plus, elle lui avait semblé particulièrement froide lors de leur rencontre, comme si, au fond d’elle-même, elle n’avait aucune affection pour lui. Cette attitude corroborait l’hypothèse selon laquelle la jeune fille était responsable du sortilège. L’adolescent espérait qu’Anne-So serait en mesure de lui donner des informations qui lui permettent de savoir si Gwenaëlle tenait effectivement à lui, ou s’il n’était que la victime d’un enchantement.

Il devrait néanmoins surveiller ses paroles, car il n’était pas question d’impliquer Corentin. Si les circonstances l’exigeaient, il pourrait se risquer à des allusions vagues à propos de son amnésie et ou l’exorcisme, mais rien de plus.

Alors qu’il commençait à tourner à retourner dans sa tête les phrases qu’il pourrait dire à Anne-So, il décida de changer le sujet de ses préoccupations. Sur son bureau, il récupéra les brouillons pour le devoir de physique dont Nicolas lui avait parlé. Avant de le recopier sur une copie double, comme l’exigeait sa professeure, il vérifia les résultats numériques armé de sa calculatrice.

mercredi 6 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 2

Cependant, cet échange téléphonique fit naître une idée afin de glaner quelques informations à propos de Gwenaëlle. Il remonta dans sa chambre et, après avoir fouillé dans ses tiroirs, revint dans le couloir, muni du numéro d’Anne-Sophie.

La mère de son ancienne camarade décrocha très vite, mais, quand il demanda à parler à Anne-So, elle répondit :
– Elle n’est pas ici, toute la semaine elle est en pension à Rennes.
– Ah.

Fabrice se traita mentalement d’imbécile. Il savait très bien qu’elle ne pouvait pas vivre chez ses parents et au pensionnat Notre-Dame en même temps.
– Je rappellerais ce week-end dans ce cas. Pardon de vous avoir dérangée.
– Attends, dit la femme au bout du fil. Anne-Sophie ne va pas rentrer ce week-end, elle a une activité prévue avec un club à son école.
– Son club d’approfondissement en histoire ?
– Oui, c’est ça. Elle va visiter une sorte de monument celte avec des amies et leur professeur.

Une fois de plus, le groupe d’adolescentes se rassemblait sous la houlette de leur professeur d’histoire. Le rôle de ce dernier lui parut de plus en plus étrange ; un tel investissement au profit d’une poignée d’élève était extrêmement rare.
– Y a-t-il un moyen de la joindre à Notre-Dame ?

Comme son interlocutrice parut hésiter, il insista :
– C’est très urgent et cela concerne une amie commune. Il faut absolument que je lui parle.
– Nous lui avons acheté un tatou à la rentrée, commença-t-elle.

Fabrice imagina d’abord l’animal d’Amérique du Sud roulé en boule dans sa carapace, puis il se le représenta dans la chambre d’Anne-So. Il se souvint ensuite que le Tatoo était aussi un appareil électronique vendu par Motorola.

Distrait par ces considérations zoologiques, il pria la mère de sa camarade de répéter le numéro qu’il recopia sur un mémo posé à côté du téléphone.
– Si c’est urgent, tu peux essayer de la joindre. Elle te rappela si elle en a le temps, elle très occupé au lycée.
– Merci, madame.

L’adolescent ne prit même pas la peine de reposer le combiné. Dès que le signal eut cessé de résonner dans l’écouteur, il composa le numéro d’Anne-So. La voix artificielle d’une messagerie automatique l’invita à parler après le bip sonore ou à composer un code. Il opta pour la première solution, délivra son message, puis raccrocha.

lundi 4 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 1

De retour chez ses parents, Fabrice continuait de penser aux événements de l’après-midi. Au lieu d’éclaircir ses souvenirs, le rituel l’avait plongé dans des abîmes de perplexité. S’il parvenait à accepter que le bracelet se soit détruit à son contact, les phénomènes qui avaient précédé cette destruction lui échappaient toujours. De plus, il n’arrivait pas à comprendre la manière dont Corentin s’y était pris pour le rendre imperméable à ce type de sortilège.

Jamais il n’aurait imaginé que son ami dispose de pouvoirs magiques, ce genre de choses n’était bon que pour les films ou les livres fantastiques. Cependant, celui-ci avait tout de suite compris que le bijou avait des facultés malfaisantes. Ses capacités semblaient plus étendues que l’utilisation de runes et il n’avait pas la moindre ce dont l’adolescent était réellement capable.

Afin de réfléchir tranquillement à qui lui était arrivé plus tôt dans l’après-midi, il monta se terrer dans sa chambre. Ce qui le troublait le plus dans la réaction violente de Corentin, c’était qu’il ait pris la défense de Gwenaëlle. En effet, il lui semblait logique qu’elle soit l’auteure de l’envoûtement qui l’avait attaché à elle. Pourtant, son ami refusait d’envisager cette éventualité, aveuglé par ses sentiments.

La sonnerie du téléphone retentit dans le couloir, mais Fabrice ne prit pas la peine de se lever. Il entendit sa mère décrocher, puis elle l’appela :
– Fabrice, c’est pour toi !

Peu disposé à parler à quiconque, il ne répondit pas. Son mutisme ne découragea pas sa mère qui réitéra ses appels. Au bout de la quatrième fois, il daigna se lever de son lit et descendit prendre le combiné.
– Allo.
– Salut Fab ! C’est Nicolas.
– Qu’est-ce tu veux ?

La brutalité de la question ne découragea pas son interlocuteur qui poursuivit :
– Tu te rappelles du devoir maison de physique ?
– Non, il faut le rendre quand ?
– Demain. Je suppose que tu ne l’as pas encore fait.
– Non, mentit l’adolescent.

Les espoirs de Nicolas d’obtenir les réponses au devoir sans effort furent réduits à néant par ce simple mot. Il n’insista pas, ce qui permit à Fabrice de raccrocher aussitôt.

vendredi 1 octobre 2010

Pénombre n°3 : La foule

Gasp, déjà vendredi !

J’avais prévu de parler du nouvel opus de Pénombre que j’attends avec impatience. Hélas, je ne suis pas arrivée à me le procurer à temps. Pas de critique donc, mais juste une annonce pour dire qu’il est sortit le mois dernier.

Le thème de ce numéro est : La foule. Six nouvelles remplissent ses pages, dont quatre se rattachent au thème défini.

Nous retrouverons donc Anthony Boulanger pour "Suis-je ?" et Anne Goulard pour "Passage éphémère" dans la partie thématique. Les deux autres textes sont "Transperrance" de Thomas Spock et "Péché capital" de Michaël Moslonka.

Dans la partie libre, Rémi Billoir nous racontera ce qui se passe "En scène et en coulisse" et Jacques Fuentealba tentera de décrire ce qui est "Incidible !".

J’espère arriver à mettre la main sur ce fanzine prometteur afin de le chroniquer après le prochain chapitre de Limonade.

mercredi 29 septembre 2010

Black Mamba n°18

Le mois dernier, je n'ai pas eu la surprise de trouver le numéro 18 de la revue Black Mamba. En effet, j'attendais cet opus avec impatience après avoir vu la très belle couverture sur le site des éditions Céléphaïs.

Après survolé l'édito, puis les dossiers consacrés à la micronouvelle et au retour des livres dont vous êtes le héros, je me suis plongée dans la première nouvelle de ce numéro. Il s'agit "Le signal", un mélange de polar traditionnel et de fantastique sur fond de construction de l'Empire State Building. Le héros, mystérieux et baraqué à souhait, se laisse entraîner sa trop belle ex-copine, blonde et mariée à un milliardaire. Dès les premiers paragraphes, j'ai adoré le style impeccable et les références américaines d'une exceptionnelle justesse de Paul S. Klemp. Après investigation, j'ai découvert que ce résultat aussi parfait était l'œuvre de Vincent Corlaix à la traduction et de Jacques Fuentealba à la corrections.

Ensuite venait "La lune mord la queue du chat..." qui, comme son titre ne l'indique pas, est une nouvelle mêlant conquête spatiale façon steam-punk et guerre d'ordre religieux. Il y un chat, il y a des templiers, il y a des aérostats et plein de mots autour pour rendre l'ensemble cohérent. C'est la première fois que je lis un texte de Denis Labbé, mais j'ai adoré ce texte en dépit de son titre discutable.

Dans les premières lignes de "Jusqu'à la dernière goutte de fuel", j'ai pensé à une aventure post-apocalyptique explosive et puis... Et puis, Mark Aiken écrit effectivement une aventure bourrée d'explosions et d'adrénaline avec un style âpre, mais il ne s'est pas limité à cela. Son héros va bien au-delà, ce qui rend cette nouvelle... Allez, je ne vais pas finir ma phrase pour ne pas gâcher la chute, elle le mérite.

Pour finir sur une note acide, "L'employé du mois" est parfait dans son genre. Le peinture réalisée par Patrick Eris de cette multinationale à mi-chemin entre le cauchemar et la caricature est un régal. La vision abominablement cynique du narrateur est très classique, mais une chute intelligente vient relever l'ensemble.

Quelques mots sur les illustrations même si je ne me suis pas attardée dessus. Les dessinateurs ont tous su s'accorder avec les ambiances des nouvelles : du polar sombre aux accents noirs et blanc (avec des très belles touches de vert fluo), des machines astucieusement cadrées et un rendu très artistique du plus bel effet.

Dans l'ensemble, j'ai été enchantée par ce numéro de Black Mamba et les perles qu'il refermait. Il me reste à présent les dossiers à lire et le premier numéro de Héros, lui aussi édité par Céléphaïs.

lundi 27 septembre 2010

Cocon et métamorphose

Je suppose que je n’apprendrais rien à personne en disant que, pour un roman, le premier jet n’est jamais exempt de défauts. Il était donc logique qu’un jour ou un autre, je doive songer à corriger sérieusement les premiers chapitres afin d’éliminer les fautes inattentions, de grammaire et les incohérence.

Eh bien, c’est en cours. Le chapitre 1 a déjà subi les affres de la correction, grâce aux grenouilles de Cocyclics. La première scène a enflé sous l’effet des questions des bêta-lecteurs, ce qui m’a obligée à revoir la composition du chapitre. La seconde scène est en train de se faire tailler en pièces, mais j’espère avoir un premier chapitre d’une bien meilleure qualité d’ici peu.

Il faudra ensuite réécrire une partie du chapitre 2 pour y intégrer les nouveaux éléments et les modifications consécutives au changement de composition des chapitres. Je pense qu’il y aura davantage de travail sur ce chapitre, même s’il est moins ancien.

En effet, mes premiers chapitres datent d’un an et, Sophie soit louée, j’ai fait pas mal de progrès depuis. Il suffit de comparer le style du chapitre 7 à celui du chapitre 1 pour avoir la preuve que la pratique régulière de l’écriture permet de progresser.

Afin de donner une idée des transformations en cours, je vais donner quelques exemples :
  • les points de vue ont été lissés (omniscient, interne…)
  • les dessins de serpents sont remplacés par des scènes fantastiques (je ne savais pas comment exploiter ces reptiles, alors je l’ai remplacés)
  • les descriptions sont plus nombreuses
  • le chapitre 1 s’arrête à la fin de la journée
  • les références temporelles sont explicites

Heureusement que j’ai de l’avance sur les épisodes à publier parce que, dans le cas contraire, j’aurais du mal à gérer les deux en parallèle. Le chapitre 9 approche de ces dernières centaines de mots et le chapitre 10 commence à prendre forme.

vendredi 24 septembre 2010

Pandémonium City

Alors que la sortie de l’anthologie Mystère et Mauvaise Genre approche, il était temps que j’en parle sur ce blog. La raison principale est que la loutre, aussi connue sous le pseudonyme d’Anne Goulard, y participe avec une nouvelle intitulée : Pandémonium City.

Je ne vais pas user mes doigts à vous dire qu’elle est bien, même si un certain nombre de personnes sont de cet avis. Au lieu de cela, je vais juste vous mettre les premiers paragraphes qui sont très représentatifs de cette nouvelle.

"Le paysage enchanteur des prairies de Mealand bordait les voies du chemin de fer reliant Sydhantra, la capitale d’Elfirie, à la ville mortelle de Londres. Derrière les vitres de cristal, les collines herbeuses offraient une vue délassante aux passagers. Les paupières mi-closes, Léopold sommeillait, bercé par la conversation des deux femmes assises en face de lui. La légère luminescence qui émanait de leurs visages bleutés attestait de leur parenté avec le peuple Ellyllon. Fort gracieuses, elles n’en demeuraient pas moins d’une profonde stupidité.

Lorsqu’il daigna enfin accorder un regard à la fenêtre, ce fut pour adresser un rictus moqueur à son reflet prisonnier de ce paysage champêtre. Puis, il plongea la main dans sa veste pour en sortir une paire de lunettes composée d’une monture d’or et d’un double jeu de verres aux reflets irisés. En les mettant, Léopold acquit la capacité de voir à travers les illusions. Les collines riantes se transformèrent en taudis crasseux et délabrés, écrasés sous un ciel malsain. Des cheminées d’usines vomissaient leurs panaches fuligineux, alimentant les nuages sombres qui étouffaient la vie en dessous.

Ce lugubre panorama était, pour les natifs d’Elfirie, synonyme de disgrâce. Dans les masures de part et d’autre du chemin de fer s’entassaient tous les bannis du royaume, ainsi que les humains attirés par leurs pouvoirs déclinants.
— Bienvenue à Pandémonium City, murmura le voyageur.

Il contemplait ces faubourgs sordides, quand une vision plus intéressante se refléta dans la vitre. Il eut à peine le temps de se retourner pour apercevoir la sublime jeune femme qui traversait le wagon. Sa robe couleur de jade, ajustée à la perfection, mettait en valeur ses courbes affolantes. Léopold se maudit de son inattention, une pareille beauté ne se croisait pas tous les jours. Il voulut la suivre, mais percuta l’Ellyllon qui s’était levée en même temps que lui. Elle retomba sur son siège avec un petit cri. Par bonheur, l’inconnue l’entendit et, reconnaissant une amie, revint sur ses pas la saluer.

Sa chute de reins, quoique vertigineuse, supportait la comparaison avec son décolleté. Le ruban de son corsage était légèrement dénoué et, quand elle se pencha vers les deux elfes, il dévoila un peu de dentelle. Un chignon bas retenait ses cheveux blonds qui s’accordaient avec sa peau diaphane et ses yeux céladon."

Pour ceux qui sont impatients de connaître la suite, les souscriptions sont ouvertes sur le sites des éditions Sombres Rets.

Edit : l’illustration ne figure pas dans l’anthologie, c’est un cadeau de Vilie.

mercredi 22 septembre 2010

Premier anniversaire !

L’an dernier, à la même date, j’ai posté le tout premier billet de ce blog. Une nouvelle (le pendule du vorcier) et sept chapitres de Limonade plus tard, il atteint les 155 billets avec une quarantaine de commentaires. Entre temps, mon projet de roman a trouvé son rythme de croisière et s’est développé afin de remplir les objectifs que je m’étais fixés il y a une année.

Je pourrais continuer tranquillement à alimenter ce blog avec ses trois épisodes hebdomadaires et les critiques de fanzines ou alors passer au niveau supérieur. Pas de ralentissement de publication, ni de modifications dans le contenu du blog, il aura des nouveautés sur un autre support. A vrai dire, une publication papier était prévue à l’origine, mais mes journées ne faisant que vingt-quatre heures, ce projet est resté en pause.

Cette année aura servi à me roder, à acquérir de l’expérience dans l’éditions amateur et, surtout, à trouver des personnes motivées pour concrétiser ce projet. Il ne nous reste plus qu’à passer à l’acte, ce qui est une autre paire de manches.

lundi 20 septembre 2010

Éclats de rêves n°18

Comme je le disais en fin de semaine, j’ai découvert récemment le fanzine Éclats de rêves. A l’occasion de je ne sais quelle manifestation des littératures de l’imaginaire, j’avais fait l’acquisition du numéro 18. Le principe de publication ce fanzine est d’alterner numéros thématiques et athématiques. Celui que j’ai lu fait partie de la seconde catégorie ; il contenait donc des textes très variés et d’une excellente qualité.

La première nouvelle est pour le moins classique puisque le Carrefour de la Dame blanche reprend la légende urbaine du même nom. Là où Florent Liau a fait fort, c’est que la mise en place de son intrigue est digne des meilleurs textes d’épouvante. Son écriture réaliste au style oral permet une identification facile au narrateur, ce qui renforce encore l’effet horrifique de la nouvelle. Celle-ci s’achève sur une chute intrigante qui conclut l’ensemble à la perfection.

Après une nouvelle fantastique, Oliver Gechter nous emmène dans un univers de Space-Opéra sur les traces d’un joueur de cornemuse électrique dont les talents musicaux doivent éviter une guerre intersidérale. Le "la" naturel commence fort, très fort dans l’absurde. Pourtant, après un concert désopilant où l’on partage le désarroi du musicien, la conclusion permet de tout expliquer avec une logique absolue. Cette nouvelle est une surprise agréable.

Retour à un texte fantastique contemporain avec Les saules de Frédéric Durand. Cette nouvelle, urbaine et réaliste, met en scène des personnages attachants et traite avec originalité de magie africaine. Le point de vue choisi ne permet hélas pas d’expliquer les tenants et les aboutissants de l’intrigue, ce qui m’a laissé, à la fin du texte, l’impression d’être passée à côté de quelque chose.

Vient ensuite un texte très court : Vertige. J’ai bien faillit me perdre entre les aller-retour temporels, mais la plume onirique de Livia Galeazzi m’a néanmoins accrochée. J’ai juste regretté que la nouvelle soit aussi courte, car les personnages vibraient d’une émotion très juste.

Un autre de mes coups de cœur de ce fanzine est Le monde au bord du rêve écrit par Nicholas Eustache. Cette nouvelle commence comme un conte par la mort d’un roi-créateur et se poursuit par la quête de ses sujets afin de retrouver sa dernière invention, cachée quelque part dans le royaume. Une chute poétique vient conclure cette peinture d’un monde étrange, à la fois humain et mécanique.

Pour conclure, la nouvelle Corps et biens nous ramène dans le fantastique. Nicolas Liau nous relate les premiers jours de veuvage de Léopoldine et les troublantes disparitions dont sa demeure est victime. Il m’est difficile d’en dire davantage sans révéler des pans importants de cette intrigue qui se déroule avec une simplicité élégante. Une conclusion bien amenée vient clore ce texte sur une note optimiste.

Je pense que cette critique reflète tout le bien que je pense de cette publication. Le choix des textes est irréprochable, leur agencement intelligent et une maquette claire, agrémentées d’illustrations de qualité, met l’ensemble en valeur. Même en cherchant bien, je ne trouve rien de négatif à dire sur ce fanzine. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’y suis abonnée.