lundi 31 mai 2010

Chapitre 5 de Limonade - Episode 4

Le résumé de la personnalité de la consultante aurait difficilement pu être plus éloigné de la vérité. Elle était en effet décrite comme une personne pondérée et sérieuse, sachant mettre sa rigueur au service de son travail. La dernière phrase concluait en beauté ce portrait, car elle lui conseillait de travailler sur elle afin d’être davantage à l’écoute des autres.
– C’était un truc de charlatan, ces tarots andalous.
– Je le crois bien. À ranger dans la même catégorie que l’influence des avions gros porteurs ou des vols d’oiseaux migrateurs sur le thème astral.
– Il y avait des choses intéressantes ?
– Oui, une en particulier. Mais je préférai attendre d’avoir dîné pour t’en parler. Au fait, tu as déjà mangé ?

Bien que ce fût déjà le cas, Corentin en profita pour grignoter en compagnie de sa tante. Depuis son entrée au lycée, il avait amorcé une phase de croissance accélérée. Il avait beau manger deux fois plus, il grandissait tellement qu’il paraissait chaque jour plus frêle.

L’argent que les parents de l’adolescent proposaient d’offrir en guise de dédommagement s’était systématiquement vu refuser. Même si Évelyne ne portait aucun intérêt à la vie de famille, elle manifestait une vive affection pour le plus rêveur de ses neveux.

Elle le fixa un long moment tandis qu’il terminait son yaourt aux fruits. Quand il eut fini, elle demanda :
– Tu y connais quelque chose à l’Internet ?
– Un peu, j’ai appris l’informatique au collège, en cours de technologie. Et puis, ajouta-t-il, Gwen m’a créé une boîte mail et elle m’a montré comment faire des recherches.
– C’est parfait, s’exclama sa tante. Tu vas pouvoir m’apprendre à m’en servir.

Cette brusque passion pour les nouvelles technologies intrigua l’adolescent.
– Pourquoi tu veux apprendre ça ?
– Mon chou, commença-t-elle. L’Internet est l’avenir de la voyance. Les gens commencent à peine à s’y intéresser, mais d’ici cinq à dix ans, tout le monde utilisera Internet.

Corentin en resta bouche bée. Cependant, il partageait le sentiment que cette idée n’était pas aussi insensée qu’elle n’y paraissait au premier abord. Après tout, Gwenaëlle avait bien découvert la magie noire grâce à un ordinateur.

vendredi 28 mai 2010

Chapitre 5 de Limonade - Episode 3

Évelyne profita du silence pour se décharger des affaires qui lui encombraient les bras. Elle arrangea le tas sur la commode de l’entrée, puis entreprit de raconter sa visite au congrès de voyance. À en croire sa tenue, qui évoquait davantage la mère de famille que la voyante professionnelle, elle y était allée dans le but d’observer les méthodes de ses concurrents.
– Je suis arrivée à l’ouverture du salon et, en moins de vingt minutes, trois experts en numérologie et deux autres plus orientés profils astraux m’ont proposé une consultation d’essai.
– Ils ont vu des choses intéressantes ?
– Ah ça, oui. Ils en ont vu de toutes les couleurs.

Le large sourire et les yeux pétillants d’Évelyne témoignaient de l’amusement que lui procurait le fait de mener en bateau tous ces soi-disant experts en arts divinatoires. Elle farfouilla dans la pile de papiers et tendit une fiche à Corentin.
– Celui-là est vraiment désopilant, commenta-t-elle.

Effectivement, dès les premières lignes, l’adolescent de ne put s’empêcher de sourire. La lecture des tarots andalous, une méthode de divination tzigane, informait sa tante qu’elle allait bientôt accomplir le projet longtemps reporté de visiter la ville de Venise. La curiosité le poussa à demander :
– Tu es allée en Italie il y a combien de temps ?
– Au moins quinze ans et je ne compte pas y retourner de ci-tôt, et surtout pas à Venise. Ce que j’ai pu détester cette ville, ces hordes de touristes, ces pigeons par centaine, cette atmosphère humide !

Son neveu poursuivit sa lecture. Il faillit éclater de rire en voyant les mots « mariage convivial » et « nombreux enfants » imprimés noir sur blanc.
– Elle était vraiment à l’ouest. Tu n’as jamais voulu te marier, ni avoir d’enfants.
– Non, j’ai laissé ces ambitions à mes sœurs.

Les sœurs en question, à savoir la mère de Corentin et ses autres tantes, émettaient une profusion d’hypothèses concernant cette absence de désir de vie familiale à chacune de leurs réunions de famille. Elles avaient même essayé de lui présenter des amis ou des collègues espérant une rencontre romantique, mais Évelyne ne s’y laissait pas prendre.

mercredi 26 mai 2010

Chapitre 5 de Limonade - Episode 2

Le hurlement de la sonnette arracha Corentin à ces édifices cristallins alors qu’il s’apprêtait à coucher sur le papier la personne à l’origine de ces reflets. Il lâcha le portemine, puis appuya ses paumes fraîches contre ses paupières. La migraine avait quelque peu relâché son emprise, néanmoins la tension qui lui avait inspiré ce dessin persistait.

Un second coup de sonnette retentit plus longuement, suivit de plusieurs autres. Ce bruit horripilant contraignit l’adolescent à trouver l’énergie de quitter le calme de sa chambre. Il était épuisé et aurait préféré rester à se reposer, mais en l’absence de sa tante il se devait d’ouvrir aux visiteurs.

Il descendit l’escalier abrupt qui menait au premier étage, puis dévala les marches jusqu’au rez-de-chaussée. Avant même d’avoir ouvert la porte, il eut la certitude qu’il s’agissait de sa tante qui, une fois de plus, avait oublié ses clés avant de partir.

Il constata que son intuition ne l’avait pas trompé quand, après qu’il eut déverrouillé la serrure, Évelyne pénétra dans l’entrée, les bras chargés de prospectus, de livres et de gadgets divinatoires. Sans prendre la peine de se débarrasser de ses affaires, elle demanda à son neveu :
– Alors, comment c’est passé ta journée ?
– Normal, comme un lundi.

À peine avait-il prononcé cette réponse automatique qu’il réalisa qu’elle était fausse. Il se remémora sa conversation avec Fabrice et l’engagement qu’il avait pris. Afin de préparer le terrain à propos de la tentative d’exorcisme et de ses conséquences, il ajouta :
– J’ai déjeuné au parc avec Fabrice.
– Le garçon qui est rentré avec toi la semaine dernière.

Il acquiesça, puis resta silencieux. Il ignorait comment présenter l’amnésie de son ami sans dévoiler les changements survenus dans le comportement de Gwenaëlle. Partager ses inquiétudes concernant son amie d’enfance revenait à admettre l’étendue de l’affection qu’il avait pour elle. Pour le moment, il s’y refusait et s’accrochait à ce secret avec obstination.

lundi 24 mai 2010

Chapitre 5 de Limonade - Episode 1

À peu près à la même heure, Corentin leva les yeux des feuilles éparpillées et du livre de mathématiques ouvert devant lui. Il avait beau insister, le programme de révision que monsieur Joly lui avait demandé de préparer en vue du cours du samedi matin demeurait incroyablement obscur. Quel que soit le temps qu’il y consacrait, il était incapable de trouver la moindre bribe de solution à ces exercices.

En revanche, des images se bousculaient dans son esprit et le distrayaient sans cesse de ses cours d’algèbre. Il refusa de s’abandonner à ses visions de cités évanescentes, mais celles-ci s’imposèrent jusqu’à lui donner la migraine.

Résigné, il sortit un crayon gris de sa trousse et le laissa glisser sur une feuille de brouillon. Sous la pointe de graphite, de fantastiques tours cristallines apparurent, dressées vers le ciel tandis que leurs bases se perdaient dans un flou grisâtre, à peine esquissé.

Corentin considéra un moment sa création avec le sentiment qu’elle n’était pas achevée. Il rangea le crayon et opta pour un portemine afin de dissiper le brouillard qui recouvrait le niveau inférieur du dessin.

Alors que les premiers traits lui étaient venus spontanément, il hésitait à présent sur la manière de procéder. Il fit l’effort de poursuivre les visions qui s’imposaient à lui, après avoir tenté de les repousser pendant des années.

Peu à peu, les détails apparurent avec une précision tranchante dans les brumes crayonnées d’une mine trop épaisse. L’architecture fabuleuse des tours se poursuivait plus bas, toujours aussi translucide. Cependant, les formes dessinées devinrent plus tortueuses, plus hésitantes. Elles finirent par former un véritable labyrinthe cristallin dans lequel se perdaient les reflets indistincts de visages.

vendredi 21 mai 2010

Pénombre n°2 : Gouttières, toits et greniers


Je ne préfère même pas compter le nombres de jours (semaines ou mois) que le numéro 2 de Pénombre a passé dans ma pile à lire. Pourtant, son thème est des plus alléchant : "Gouttières, toits et greniers (et autre fays d'en haut)".

J'ai néanmoins fini par le lire en quelques jours avant de mettre la main sur le numéro 2 d'Éveil dont le thème sera "Au fil de l'eau".

Revenons à nos toits, puisque c'est là le thème retenu pour le fanzine dédié aux "Créatures de la nuit" et à la "Féérie urbaine" comme le proclame à la très belle couverture de Cécile Guillot.

Cet opus débute avec la nouvelle d’Élisabeth Swanston intitulée "Sur les toits de Paris". Comme son titre le laisse présager, cette histoire se déroule parmi les cheminées de la Ville lumière, mais côté sombre. Épaulée par un ami improbable, une jeune femme se construit sa propre existence dans une alternance de jours et de nuits sans repères. Bien que déroutante, dans les premiers paragraphes, cette histoire se révèle captivante et très agréable à lire.

Déjà publié dans le précédent numéro, Frédéric Vasseur revient avec "Le protecteur". La touche de SF féline en début du texte est des plus classiques, peut-être même un peu trop classique. Elle s’efface cependant au profit d’événements dans la plus pure lignée du fantastique. Plus que la narration ou le héros à quatre pattes, c’est la structure du récit que j’ai trouvé séduisante et originale.

Dans "L’ange de l’arche", Anne Goulard se penche sur les transformations subies par une créature tenant à la fois de l’ange et de la gargouille. À travers le regard de cet ange, elle donne au lecteur un aperçu du quartier d’affaire de la Défense et de son passé.

La nouvelle suivante est l’œuvre de Marie-Anne Cléden, il s’agit de "Sur une pente glissante". Pour connaître l’auteure, je m’attendais à un texte doux, teinté de mélancolie et d’optimisme. L’évocation de la relation entre Mary et de Riv, un ondin qui s’installe sur son toit les jours de pluie, correspond à mes attentes. Néanmoins, l’écriture précise de Marie-Anne rend ses personnages accrocheurs et terriblement réels.

Si jusqu’à présent les auteurs se sont passionnés par ce qui se déroulait sur les toits, Stéphane Pihen se glisse dessous pour nous entraîner dans un grenier. Avec "Petites dents effilées", il faut se préparer à frémir devant les minuscules créatures qui peuplent les sombres recoins remplis de poussière. Personnellement, cette nouvelle m’a rappelé un passage de Malpertuis (histoire d’une maison fantastique) et, vu que c’est un de mes livres préférés, j’ai adoré.

Pour conclure la partie thématique, Maxime Bernard nous parle de chat, mais pas uniquement, dans "Samarobrivam Tectum". Sous prétexte de faire découvrir le monde des toits et des gouttières à un héros cloitré dans son appartement, l’auteur nous promène dans un Amiens fantastique et ténébreux à souhait. Les personnages sympathiques et le décor réaliste réussissent presque à faire oublier le style maladroit.

Cette fois-ci, la partie athématique est un peu chétive puisqu’elle ne comporte qu’un article et une nouvelle. Je vais rapidement passer sur le premier, une critique de l’Encyclopédie amoureuse des vampires, car il ne présente guère d’intérêt à mes yeux. La seconde, quant à elle, a été écrite par Vanessa Terral et porte un titre prometteur : "Orage dans le métro". Dès les premières lignes, j’ai été scotchée par la justesse des descriptions et le charisme de l’héroïne : Hélianthe Palisède. L’ambiance est prenante, le style à la fois riche et limpide et les péripéties ne manquent pas.

La qualité des illustrations est moins homogène dans ce numéro que dans le précédent. Cette impression est probablement due à l’omniprésence de Nemo dont le trait demeure très amateur. À côté de ça, des textes comme "L’ange de l’arche" ou "Sur une pente glissante" se retrouvent avec de très belles réalisations, respectivement de Maïté Nicolas et de ABeardyMan.

mercredi 19 mai 2010

Conseils d'écriture donnés par des gens qui savent de quoi ils parlent

Désolée pour le titre du billet, mais je ne suis pas du genre à donner mes propres conseils d'écriture. Surtout que des personnes bien meilleures que moi s'y sont risquées et ont réussi le pari d'écrire des choses vraiment intéressantes.

Je ne vais pas présenter le collectif Cocyclics en long et en large, puisque la gazette Tintamare le fait très bien. De plus, il y a d'autres sources d'informations que je pense être moins connues.

Un site de super conseil d'écriture, en français qui plus est : Jusqu'au dernier mot. Malheureusement, il n'y a plus de mises à jours depuis 2008. Les archives restent cependant une mine d'articles à propos de l'écriture.

Du coup, pour trouver d'autres informations de qualité, je suis remontée à la source : Fiction Factor. Cette fois, c'est un site en anglais et très professionnel de surcroît. Il comporte une multitude de dérivés consacrée à la Science-Fiction (Sci-Fi Factor), à la littérature romantique (Romance Factor), à la fantasy (Fantasy Factor)...

N'hésitez pas y faire un tour, il y a des tas de choses à découvrir là-bas. C'est aussi valable pour les personnes qui n'écrivent pas, car c'est agréable de comprendre comment sont construites les intrigues dans nos genres de prédilection.

lundi 17 mai 2010

Et de 100...

C'est avec un brin d'émotion que je vous annonce que ceci est le centième billet publié sur le blog depuis le 22 septembre 2009. Mine de rien, ça en fait des choses que je raconte ici, même si je me concentre essentiellement sur Limonade.

Un peu plus de 6 mois est, à mon avis, une durée trop courte pour faire un bilan. Le rendez-vous est donc pris pour le 22 septembre 2010 pour voir où je suis arrivée en terme d'écriture, mais aussi de chroniques de lectures.

D'ici là, j'espère que vous continuerez d'apprécier Limonade et que les commentaires remarcherons. En effet, depuis deux semaines, je suis dans l'impossibilité de répondre au messages que vous laissez ici (désolée Nessae...).

vendredi 14 mai 2010

Magali : future scénariste ?

Eh oui, quand j'ai envie de faire des choses différentes, je n'y vais pas avec le dos de la cuillère. Je me suis donc lancée dans la rédaction de scénario de courtes histoires dans un style manga (et plutôt shojo).

Ma complice dans ce plan machiavélique n'est autre que l'illustratrice qui a réalisé ceci et cela. Si nous arrivons à mener ces projets en parallèle de nos vies déjà bien remplies, ça sera vachement bien.

Première histoire (la plus courte) : Comme si de rien n'était...

Un garçon voit une année s'écouler au rythme de ses rencontres avec la fille qu'il aime et dont il ne sait presque rien. Quels secrets se cachent derrières ses lunettes en forme de cœur ?



Deuxième histoire : Le jour du serpent

"La journée commença par une sonnerie stridente, une suite ininterrompue de bipbip électroniques qui vrillèrent les tympans de Myriam. D’un geste ensommeillé, elle envola valdinguer le radioréveil posé sur un tabouret. La sonnerie ne cessa pas, bien que l’appareil fût désormais hors d’usage.
Elle réalisa alors que le bruit provenait de l’autre côté de la cloison.
« Tu peux pas l’éteindre, connard ! » cria-t-elle à l’attention de son voisin, un étudiant qu’elle croisait de temps à autre dans le couloir ou les escaliers.
Comme le réveil continuait à lui casser les oreilles, amenuisant à chaque seconde ses espoirs de se rendormir, elle glissa sa tête sous sa couette. Malheureusement, l’épaisseur n’était pas suffisante pour atténuer le bruit et elle finit par se lever.
A peine avait-elle quitté son lit que la sonnerie cessa.
"

mercredi 12 mai 2010

Black Mamba n°17

J'avais découvert cette revue à l'occasion d'un salon où leurs chouettes couvertures avaient attirées mon regard. Après avoir acheté (et pleinement apprécié) le numéro 11, j'ai fini par prendre un abonnement.

Le mois dernier, c'est le numéro 17 qui est arrivé dans ma boîte aux lettres (avec en cadeau le tome 1 du manga Doubt). Pour la couverture, je vous laisse juger par vous même, mais personnellement, je l'ai adorée.

Par contre, j'ai eu un peu plus de mal avec le sommaire qui a très vite viré dans le gore que ce soit pour les nouvelles ou les bandes-dessinées.

Par chance, j'ai commencé par la nouvelle de Karim Berrouka, "Ad fixam aeternam" et je me suis régalée. D'un autre côté, une nouvelle qui commence par "Chaque fois que j'écoute un disque de death metal, Belzébuth apparaît [...]", c'est du bonheur assuré. En dire plus me semble superflu, d'autant plus que l'atmosphère étrange qui imprègne cette nouvelle se met en place petit à petit.

Ensuite, je suis passée à "La divine comédie" de Jan Thirion et mon ressenti a été très différent. Cette nouvelle n'est pas faite pour laisser le lecteur indifférent que ce soit par son style embrouillé et onirique ou dans les scènes décrites. Là non plus, je n'en dirais pas plus, mais cette fois c'est parce que j'essaye d'oublier avoir lu cette nouvelle, décidément trop choquante à mon goût.

Les deux autres nouvelles "Mardi Grave" et "Papy Martin" ont en commun de parler de la vieillesse, un sujet assez inhabituel en SFFF (pour ce que j'ai pu en lire, je n'ai pas une connaissance exhaustive de ce courant). Néanmoins, j'ai préféré le seconde, en grande partie pour la tendresse des zombis de Laurent Million. Celle de Claude Ecken est plus dure, ce qui s'accorde avec le point de vue choisi et le ton tranchant de la nouvelle.

Pas de gros coup de cœur pour des illustrations en particulier, j'ai apprécié celle de "Ad fixam aeternam" (réalisées par TIIB), mais aussi celle qu'à faites Anaïs Depommier pour "La divine comédie".

Niveau BD, la qualité des dessins et des scenarii ainsi que diversité des styles m'ont plus que satisfaite. Cela dit, l'une des histoires courtes avait un air de déjà vu et je suis incapable de me souvenir où je l'ai lue.

Mon avis général sur la revue reste néanmoins positif. En effet, je n'ai pas accroché sur la thématique macabre de ce numéro, mais cela n'ôte pas la très grande qualité du travail des auteurs et de l'équipe éditoriale. Tous les textes et les bandes-dessinées apportent un éclairage différent sur des thèmes semblables.

lundi 10 mai 2010

Chapitre 4 de Limonade - The end

En dépit d'une perte tragique dans les deux derniers épisodes, ce chapitre s'achève dans la joie et la bonne humeur. Depuis le mois de décembre, j'ai déjà publié quatre chapitres sur les vingt initialement prévus (il risque d'y en avoir un peu plus, au final).

Pour le début du chapitre 4, c'est ici. Et pour le début du chapitre 5, il va falloir un peu de patience. J'ai des chroniques en retard et surtout l'envie d'écrire autre chose de temps en temps.

Bon, je ne vais pas vous laisser sans nouvelles de mon duo Corentin&Fabrice pendant des semaines. Le chapitre suivant est déjà bien entamé. Je devrais bien arriver à le finir sous peu et donc à avoir quelques billets d'avance.

vendredi 7 mai 2010

Chapitre 4 de Limonade - Episode 10

Une fois libéré de cette obligation familiale, il verrouilla la porte de sa chambre. Il commença par allumer le poste de radio posé sur son bureau au milieu des livres de cours et des brouillons. Les paroles en mauvais anglais de quelque groupe de pop à la mode lui arrivèrent au milieu des grésillements. Il inclina davantage l’antenne pour améliorer la réception, puis vida son sac sur le bureau.

Après avoir vérifié son emploi du temps, il procéda à l’échange des cahiers et remit les vêtements de Corentin soigneusement pliés à l’intérieur. Il récupéra le paquet de Marlboro light dissimulé dans sa trousse et en tira une cigarette.

Savourant par anticipation ce moment de détente, Fabrice ouvrit la fenêtre et s’assit sur le rebord. Les pieds dans le vide, juste au-dessus de la voiture de son père, il contempla le ciel nocturne teinté d’orange par les ampoules au sodium des lampadaires rennais.

Il alluma sa cigarette et en aspira une profonde bouffée. Il prit quelques minutes pour se remémorer sa journée et plus particulièrement sa visite au pensionnat Notre-Dame. Retourner là-bas ne l’enchantait guère, la surveillante risquait de ne pas l’avoir oublié. Pourtant, il lui faudrait bien récupérer son casque un jour ou l’autre.

Bien que Fabrice ne soit pas porté sur le mélodrame, les baisers échangés avec Gwenaëlle avaient un goût de trahison. Il était désormais convaincu que la relation qu’il entretenait avec elle n’était qu’un amusement passager. Cependant, il éprouvait des scrupules à l’avouer à Corentin. Celui-ci risquait fort de ne pas apprécier une attitude aussi désinvolte vis-à-vis de sa meilleure amie.

De plus, le mystère entourant la perte de ses souvenirs demeurait entier. Sans son aide, Fabrice craignait de ne jamais découvrir ce qui lui était arrivé.

Sa cigarette terminée, l’adolescent l’écrasa au fond d’une canette vide qu’il conservait à cet usage dans la pagaille de sa chambre. Il ferma ensuite la fenêtre et, après s’être assuré que ses parents de l’entendraient pas, descendit dans la cuisine se chercher à manger.

mercredi 5 mai 2010

Chapitre 4 de Limonade - Episode 9

Comme il s’y attendait, ses parents l’accueillirent plutôt fraîchement. Sa mère termina d’arroser les plantes vertes avant de remporter le pulvérisateur dans la véranda. Quant à son père, enfoncé dans son fauteuil, il leva les yeux des documents qu’il consultait.
– Tu n’étais pas censé rentrer à dix-neuf heures ?
– Si, répondit Fabrice du tac au tac. Mais je devais aussi passer rendre les vêtements que mon copain m’avait prêtés la semaine dernière.

Cette affirmation n’était qu’en partie fausse. L’adolescent avait bel et bien l’intention de rendre ses affaires à Corentin quand il était parti le matin. Cependant, leur conversation lui avait ôté cette idée de la tête et les vêtements se trouvaient toujours dans son sac à dos.
– Je connais ce garçon ? demanda sa mère lorsqu’elle revint dans le salon.
– Non, il n’est jamais venu à la maison.

Si sa mère ne rechignait jamais à ce qu’il invite des amis chez eux, c’était en grande partie pour garder un œil sur ses fréquentations. Fabrice n’était pas dupe de l’hospitalité maternelle et en profitait, tout en restant le plus évasif possible quand elle le questionnait.

Il se tourna ensuite vers son père qui continuait de l’observer par-dessus la monture de ses lunettes en demi-lune. La question qu’il attendait ne tarda plus.
– Quelles sont tes notes de la semaine ?
– Un quatorze en biologie, un treize en histoire et un dix-neuf et demi en maths.
– C’est bien.

D’aussi loin que Fabrice s’en souvienne, le rituel des notes avait toujours existé. Dès l’école primaire, son père lui réclamait le détail de ses résultats plusieurs fois par semaine. Ces comptes-rendus avaient perdu de leur fréquence quand la famille avait déménagé en province, mais ils restaient ancrés dans leur relation.

À présent que la discussion était close, son père replongea dans sa lecture. L’adolescent s’adressa donc à sa mère afin de l’avertir qu’il comptait travailler dans sa chambre et qu’il n’avait pas faim. Sans attendre la réponse maternelle, il tourna les talons et remonta l’escalier à toute allure.