vendredi 29 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - The end

Étant donné que je suis arrivée à prendre de l'avance sur mes chapitres, j'en ai profité pour augmenter (légèrement) la taille des épisodes. Du coup, il n'y en a que onze pour ce chapitre 8. Le suivant devrait arriver très bientôt, après mon habituelle interruption consacrée à mes lectures.

Pour commencer la lecture du chapitre 8, c'est ici. Et pour le chapitre 9, il faudra attendre le 8 novembre.

mercredi 27 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 11

Après le repas, Corentin obtint l’autorisation d’utiliser l’ordinateur. Dès qu’il fut connecté à Internet, il se rendit sur sa messagerie avec l’espoir d’y trouver une réponse de Gwenaëlle. Hélas, cette dernière ne lui avait rien envoyé. Par contre, de nouveaux messages avaient été postés sur le forum des jardins de Ceridwen depuis lundi soir.

Afin de se remémorer la discussion sur les runes, il relut l’intégralité des réponses à sa question à propos du sortilège appliqué au poteau de basquet. Parmi les interventions successives des membres du forum, ses soupçons se portèrent très vite sur celle dont le pseudonyme était ChaChina. En effet, son unique intervention avait pour but de savoir s’il était l’auteur des runes.

En allant consulter la section de présentation, il en apprit un peu plus long sur la personne qui se cachait derrière cette identité virtuelle. Son avatar était une calligraphie asiatique en accord avec son prénom, mais elle disait se passionner pour les mythes nordiques et amérindiens. Les sujets auxquels elle participait le plus corroboraient ses dires, puisqu’elle gérait la partie du forum dédiée à la réalisation d’attrapeurs de rêves et secondait WiccaMama sur celle qui traitait des runes.

Bien que ces informations soient pertinentes sur le forum, elles ne permettaient pas à l’adolescent de faire un lien avec une personne de sa connaissance. Il reprit la liste de Fabrice afin de chercher une éventuelle correspondance.

Il renonça après avoir lu tous les noms à voix haute et envisagea une approche différente. Comme lorsqu’il avait tenté de retrouver le forum où Gwenaëlle avait découvert la magie, il s’empara du jeu de tarot posé à côté de l’ordinateur. Il battit les cartes, puis les étala devant lui sur le peu d’espace disponible. Afin de ne pas être limité par la valeur maximale des enseignes, il en piocha deux : le trois de denier et le sept de bâton.

Afin de respecter le tirage, il parcourut la liste jusqu’au trente-septième nom, celui d’une certaine Charline Kim. La ressemblance entre son prénom et le pseudonyme employé sur le forum lui suggéra qu’il tenait là la véritable identité de ChaChina. Il ne lui restait plus qu’à communiquer cette information à Fabrice, à condition que celui-ci accepte encore de lui parler.

lundi 25 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 10

Puisqu’il ne disposait d’aucun moyen de poursuivre ses recherches dans cette direction, Corentin rangea la feuille dans l’un de ses tiroirs. Il sortit ensuite de son sac à dos les cours qu’il devait réviser pour le lendemain. Parmi ses exercices de mathématiques, il retrouva le dessin représentant la cité cristalline qu’il n’avait toujours pas achevée.

Avant que la raison qui lui dictait de travailler au lieu de dessiner n’intervienne, il reprit son crayon. Il affina les tours de cristal, ajouta des passerelles et des nuages dans les interstices, puis plongea dans les méandres du labyrinthe. Plutôt que de peaufiner une création artistique, l’adolescent avait l’impression de clarifier la vision d’une scène issue de son esprit.

Sans avoir conscience des déplacements de sa main, il suivait les lignes courbes et le visage déformé qui se reflétait sur les parois translucides. Lorsqu’enfin la personne à l’origine de ces reflets apparut sous la pointe de son crayon, il eut la surprise de la trouver étrangère à son dessin. Sa tenue était celle d’un adolescent comme ceux qu’il croisait tous les jours au lycée et son attitude exprimait son désespoir d’être enfermé dans cette prison de cristal.

Corentin frissonna en se demandant quel sinistre présage il venait de représenter. Le décor ne lui était pas familier, alors il se concentra sur le prisonnier du labyrinthe. Son sang se figea lorsqu’il reconnut Fabrice. La finesse du tracé le rendait clairement identifiable et, bien qu’il ne l’ait jamais vu aussi triste, il n’avait aucun doute sur le fait qu’il s’agisse de son ami.

Il n’eut pas le temps de s’interroger davantage sur ce qu’il devinait être une dangereuse prémonition. L’heure du dîner approchait et il avait pour habitude d’aider sa tante à le préparer. Il descendit dans la cuisine afin de mettre le couvert, mais il garda pour lui-même ses inquiétudes et Évelyne ne lui posa aucune question.

vendredi 22 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 9

Pour le moment, il devait se concentrer sur la recherche du sorcier qui avait envoûté Gwenaëlle. Bien qu’il ne dispose que de quelques embryons de pistes, il lui fallait toutes les examiner avec une égale attention. Tout d’abord ses représentations de serpents et ses dessins, tous plus énigmatiques les uns que les autres. Avant de les décrypter, il lui fallait acquérir des connaissances dans le domaine de symbolique des animaux et des mythes.

Ensuite, il devait continuer ses recherches sur "le jardin de Ceridween". Il savait que son amie avait découvert la magie grâce à Internet et que quelqu’un employait des sortilèges à base de runes à proximité du lycée.

Soudain, il associa le souvenir des runes effacées sur le poteau de basket et les questions qu’il avait posées à ce sujet sur le forum. Afin de connaître les effets des runes, il les avait recopiées dans son message. Leur auteur n’aurait eu aucun mal à les reconnaître, puis à les effacer avant que Corentin ne trouve sa signature.

Cette hypothèse impliquait que l’un des élèves du lycée consultait quotidiennement le forum de wicca. Afin de mettre ses suppositions à l’épreuve, il avait besoin de la liste d’élèves que Fabrice lui avait remise avant d’arriver ainsi que de l’ordinateur de sa tante. Comme il ignorait si cette dernière approuverait sa démarche, il préférait ne pas lui en parler.

Il se leva de son bureau et passa la tête dans l’escalier. Il n’eut pas besoin de descendre pour apprendre qu’Évelyne se trouvait dans le bureau ; une musique traditionnelle aux accords de cithare et de flute résonnait derrière la porte close.

Il renonça temporairement à poursuivre ses recherches sur Internet et se contenta de sortir la feuille donnée par son ami. Les soixante-sept noms avaient été recopiés à la main, ce qui avait dû lui prendre beaucoup de temps. Corentin apprécia la lisibilité de son écriture et commença à lire. Aucun des élèves mentionnés ne lui évoqua le moindre souvenir.

mercredi 20 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 8

Une fois seul, Corentin bondit sur ses pieds afin d’atteindre l’interrupteur. La vive lumière issue de l’ampoule accrochée au plafond inonda la chambre. Il soupira profondément, puis s’assit à son bureau. Dans le bocal vide qu’il utilisait pour ranger ses stylos, il prit un crayon gris et griffonna quelques spirales afin d’offrir un support à ses pensées.

Les phénomènes survenus durant l’après-midi n’avaient fait que confirmer ses intuitions. Enfant, il avait la capacité à prévoir certains événements à travers ses dessins, puis ses visions avaient emprunté une forme détournée faite de métaphores incompréhensibles. À présent, il découvrait que de son don ne se limitait pas la voyance, mais qu’il s’étendait aux sortilèges d’exorcisme.

Cette perspective avait beau être effrayante, elle n’en demeurait pas moins son meilleur espoir de venir en aide à Gwenaëlle. L’enchantement dont Fabrice avait été victime pouvait aussi avoir affecté la jeune fille, à moins que quelqu’un dans son entourage n’emploie la magie dans des buts plus au moins avouables.

En dépit de ce que sa tante et son ami semblaient sous-entendre, il demeurait persuadé de l’innocence de Gwen. Il n’arrivait pas à concevoir qu’elle ait pu employer un sortilège afin d’attacher Fabrice à elle. Jamais il ne l’avait vue soupirer après l’un des tombeurs du collège, ces garçons qui affichaient une attitude exagérément décontractée et suscitaient l’admiration des autres adolescents plus effacés.

Bien qu’il éprouve un profond désintérêt pour ceux qui ne pensaient qu’à se mettre en avant, souvent aux dépens des plus discrets, Corentin éprouvait une réelle affection pour Fabrice. Il craignait cependant que le rituel auquel il avait été soumis ne l’incite désormais à le fuir.

Sa tante lui avait conseillé d’en parler avec lui, mais il imaginait mal comment présenter la situation de sorte qu’elle ne paraisse pas trop bizarre. Jusqu’à présent, c’était toujours Fabrice qui était venu vers lui et avait pris l’initiative de leurs discussions. Trop timide pour oser l’aborder en plein milieu de la cour du lycée, il résolut d’attendre de le croiser dans un couloir.

lundi 18 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 7

Le grincement de l’escalier qui précéda l’arrivée d’Évelyne interrompit ses réflexions. Elle frappa néanmoins à la porte avant d’entrer, puis demanda :
– Tu vas bien ?

Corentin se redressa, mais il ignora la question. Son mutisme ne découragea pas sa tante de venir s’asseoir à côté de lui.
– C’est de ma faute, marmonna-t-il.
– Quoi donc ?
– Tout.

Pour seule réponse, il reçut une claque sur le haut du crâne. Plus surpris que blessé, il se tourna vers sa tante bien qu’il ne puisse que discerner sa silhouette.
– Pourquoi tu m’as frappé ?
– Pour que tu arrêtes de te conduire comme un gamin égocentrique.

Le sérieux avec lequel elle avait prononcé cette réplique le cingla davantage qu’une gifle. Elle acheva de lui remettre les idées en place en déclarant :
– Tu es loin d’être le premier dans la famille à avoir des pouvoirs de ce genre. Tu n’es même pas le plus jeune, ni même le plus malheureux.
– Il y en a d’autres ? Je veux dire dans la famille, à part toi et moi.
– Oui. La majorité des personnes refuse le don ou ne l’exploite pas, mais nous devons être une dizaine.

Corentin ne s’attendait pas à une telle révélation. Jamais il n’aurait imaginé que d’autres membres de sa famille soient des sorciers ou des devins. Sa singularité baissa d’un cran et son angoisse avec. Il pouvait mettre ses pouvoirs sur le compte du sang qui coulait dans ses veines et cesser de s’accuser de cette tare.

Après ce premier pas sur le chemin de l’acceptation, l’adolescent replongea dans ses pensées avec un regard plus lucide. Évelyne se leva du lit et déclara :
– Quand tu auras pris un peu de recul, j’aurais des choses à te montrer.
– Quelles choses ?
– Des archives sur notre famille. Pour que tu saches que, selon les époques, maîtriser les énergies mystiques équivalait à un aller simple pour le bucher ou l’asile d’aliénés.

À la mention de ces châtiments d’un âge révolu, il frissonna. Une nouvelle inquiétude fit son apparition :
– Et que va en penser Fabrice ?
– Il faudra que tu lui demandes. Mais, à ta place, je ne me ferrai pas trop de soucis pour lui.

Elle quitta la chambre de son neveu afin de laisser réfléchir au calme.

vendredi 15 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 6

Depuis la fin du rituel, Corentin n’avait pas quitté sa chambre. Assis sur sa couette, il ruminait de sombres pensées à propos des phénomènes étranges auxquels Fabrice et lui avaient assisté dans l’après-midi. Alors que la lecture des influences magiques à l’aide du pendule s’était bien déroulée, le rituel avait basculé dans un maelstrom d’énergies négatives dès que sa tante avait ramené le bracelet.

Quand il se représentait mentalement ce bijou néfaste, il sentait à nouveau tous ses poils se redresser. Au moment où Évelyne avait refermé le bijou autour du poignet du Fabrice, il avait manqué de s’étouffer de peur et de colère.

Il ne comprenait pas qu’elle ait conservé auprès d’elle une chose qui dégageait autant d’énergie malsaine et, surtout, qu’elle y ait exposé son ami. Pourtant, elle l’avait fait avec la certitude que lui, un adolescent jusque-là quelconque, avait lancé un sortilège assez puissant pour l’en protéger.

Une certitude émergea de fatras de sentiments contradictoires : il était responsable des événements qui venaient de se produire. S’il n’avait pas eu l’idée saugrenue d’exorciser Fabrice, rien de tout cela ne serait arrivé.

Abattu, il s’allongea sur son lit. Depuis son retour dans sa chambre, il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière. Cependant, les étoiles fluorescentes au-dessus de sa tête brillaient de leur lueur jaunâtre et artificielle. Le rappel de son environnement familier atténua légèrement l’inquiétude de Corentin, puis elle s’accrut lorsqu’il réalisa les conséquences du rituel.

À présent, il ne pouvait plus nier qu’il possédait des capacités qui dépassaient de très loin celles des personnes normales. Non seulement, son exorcisme avait fonctionné, mais ses effets sur Fabrice étaient permanents. Il ignorait si, dans les semaines suivantes, il n’aurait pas d’autres surprises du même genre, comme le pouvoir de lire dans les pensées, ou celui de déplacer les objets à distance.

L’adolescent ne se sentait pas capable de vivre avec de telles aptitudes. Cet univers qu’il devinait à peine l’effrayait d’autant qu’il imprégnait ses dessins, grouillait sous sa peau et arrachait le peu de contrôle qu’il avait sur son existence.

mercredi 13 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 5

Il resta silencieux un instant, puis ne trouva qu’une seule chose à dire :
– Je croyais que vous étiez amies toutes les deux.
– Gwen n’est qu’une petite garce. Ça me fait mal au cœur que tu sois tombé sur une fille comme elle…

Fabrice n’eut aucun mal à comprendre le sous-entendu qu’elle venait de faire. Découvrir qu’Anne-So éprouvait des sentiments à son égard lui fit monter le sang au visage. En dépit de la rougeur qui lui gagnait les joues, il fit mine de ne rien avoir entendu.
– Au moins, tu es franche.
– J’espère que tu ne m’en veux pas. Tu as l’air de beaucoup tenir à elle.
– Il va falloir que je réfléchisse à tout ça.

L’impression de confusion qu’il ressentait devait s’entendre malgré la mauvaise qualité de la ligne, car son interlocutrice s’inquiéta :
– Tu es sûr que tu ne m’en veux pas ?
– Non, j’avais déjà des doutes à propos de Gwen.
– Depuis longtemps ?

Cette question sortait du cadre du bavardage entre lycéens. L’adolescent avala sa salive et hésita avant de déclarer :
– La semaine dernière, un gars m’a balancé un seau d’eau à la figure et chantant des trucs des bizarres. Après ça, j’ai oublié plein de trucs sur Gwen. C’était pareil qu’un rêve dont on oublie tout quand on se réveille.
– Oh, la sale garce !

Le reste des invectives qu’Anne-So proféra à l’encontre de sa soi-disant amie furent étouffées, comme si elle avait plaqué sa paume contre le micro. Fabrice l’appela plusieurs reprises, croyant avoir perdu la communication. Il allait raccrocher lorsqu’il entendit à nouveau sa voix aigüe :
– Quel gars ?
– Je sais pas. Un type que je n’ai jamais vu au lycée, je suppose qu’il doit aller ailleurs…

Il s’apprêtait à donner un faux signalement de Corentin quand la fille l’interrompit :
– Il faut absolument qu’on se voie. Essaye de te rappeler du maximum de choses sur ce gars et surtout, ajouta-t-elle avec un ton de conspiratrice, n’en parle pas à Gwenaëlle.
– D’accord.

Il raccrocha dans la minute suivante et, une fois qu’il eut remis le téléphone en place, il pressa ses mains contre ses joues écarlates. La déclaration implicite d’Anne-Sophie le mettait très mal à l’aise et il ne savait comment réagir.

Sa réaction, aussi violente que surprenante, au moment où avait parlé de l’exorcisme le laissait penser qu’elle savait très bien de quoi il retournait. Il hésita à téléphoner à son ami pour lui faire part de cette découverte, puis il se rappela que celui-ci devait toujours être préoccupé par ses capacités étranges et il retourna à ses devoirs.

lundi 11 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 4

Lorsque le téléphone se mit à sonner, Fabrice dévala l’escalier afin de décrocher avant sa mère. Cette dernière ne cacha pas surprise de voir son fils aussi agité, mais elle retourna à ses activités en gardant ses questions pour plus tard.

La déformation du son conférait à Anne-Sophie un timbre plus aigu que d’habitude. Il eut du mal à reconnaître la voix qui résonna dans le combiné :
– Salut Fabrice, j’ai écouté ton message.
– C’est sympa de m’avoir rappelé, Anne-So.

Cet échange de politesses fut suivi par un long silence. L’adolescent hésita à aborder immédiatement le sujet qui le préoccupait, aussi il demanda :
– Tu vas bien depuis lundi ?
– Euh… oui, ça va bien.

Toute l’assurance qu’elle affectait quand il l’avait revue s’était envolée. La lycéenne charismatique avait laissé sa place à la fille timide qu’il avait côtoyée au collège.
– J’ai été très surprise de te revoir, dit-elle sur le même ton timoré.
– Moi aussi. Pourtant, je pensais que Gwenaëlle t’aurait dit que nous sortions ensemble.
– Non, elle est très discrète.

Ses intonations s’étaient faites plus sèches sur cette dernière remarque. Fabrice profita cependant que sa petite amie soit apparue dans la conversation pour demander :
– Anne-So, j’ai une question à te poser ?
– Sur ?
– Gwenaëlle.

Le silence à l’autre bout du fil suintait la déception. Pourtant, l’adolescent avait besoin d’en apprendre davantage sur Gwen.
– Elle ne t’a jamais parlé de moi avant lundi ?
– Non, jamais. Même cette semaine, elle n’a pas dit un mot sur toi.
– Ah.
– Écoute-moi, Fabrice. Pour elle, c’est comme si tu n’existais pas.

Ce n’était plus de la déception qu’il décela dans sa voix, mais un concentré d’amertume et de colère. De telles émotions le surprenaient de la part d’une fille aussi tranquille, elle avait décidément plus changé qu’il ne l’imaginait.

vendredi 8 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 3

Fabrice remonta dans sa chambre et ses réflexions retrouvèrent le point où elles avaient été interrompues, à savoir les pouvoirs surnaturels de Corentin et l’implication de Gwenaëlle dans l’enchantement dont il avait été victime.

Il déplorait que la fuite de son ami juste après le rituel ne leur ait pas laissé le temps d’aborder le sujet. Bien que cela se soit produit de façon inconsciente, celui-ci avait créé un lien entre eux avec son exorcisme. À présent qu’il avait surmonté ses réticences à l’égard de la magie, il n’était plus question pour lui d’abandonner Corentin.

Par contre, le comportement et les éventuels sortilèges de Gwenaëlle lui causaient davantage de souci. Il se félicita de ne pas lui avoir parlé de l’exorcisme lorsqu’il était venu la voir à son pensionnat. Il n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle aurait réagi en découvrant qu’il n’était plus sous influence magique.

De plus, elle lui avait semblé particulièrement froide lors de leur rencontre, comme si, au fond d’elle-même, elle n’avait aucune affection pour lui. Cette attitude corroborait l’hypothèse selon laquelle la jeune fille était responsable du sortilège. L’adolescent espérait qu’Anne-So serait en mesure de lui donner des informations qui lui permettent de savoir si Gwenaëlle tenait effectivement à lui, ou s’il n’était que la victime d’un enchantement.

Il devrait néanmoins surveiller ses paroles, car il n’était pas question d’impliquer Corentin. Si les circonstances l’exigeaient, il pourrait se risquer à des allusions vagues à propos de son amnésie et ou l’exorcisme, mais rien de plus.

Alors qu’il commençait à tourner à retourner dans sa tête les phrases qu’il pourrait dire à Anne-So, il décida de changer le sujet de ses préoccupations. Sur son bureau, il récupéra les brouillons pour le devoir de physique dont Nicolas lui avait parlé. Avant de le recopier sur une copie double, comme l’exigeait sa professeure, il vérifia les résultats numériques armé de sa calculatrice.

mercredi 6 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 2

Cependant, cet échange téléphonique fit naître une idée afin de glaner quelques informations à propos de Gwenaëlle. Il remonta dans sa chambre et, après avoir fouillé dans ses tiroirs, revint dans le couloir, muni du numéro d’Anne-Sophie.

La mère de son ancienne camarade décrocha très vite, mais, quand il demanda à parler à Anne-So, elle répondit :
– Elle n’est pas ici, toute la semaine elle est en pension à Rennes.
– Ah.

Fabrice se traita mentalement d’imbécile. Il savait très bien qu’elle ne pouvait pas vivre chez ses parents et au pensionnat Notre-Dame en même temps.
– Je rappellerais ce week-end dans ce cas. Pardon de vous avoir dérangée.
– Attends, dit la femme au bout du fil. Anne-Sophie ne va pas rentrer ce week-end, elle a une activité prévue avec un club à son école.
– Son club d’approfondissement en histoire ?
– Oui, c’est ça. Elle va visiter une sorte de monument celte avec des amies et leur professeur.

Une fois de plus, le groupe d’adolescentes se rassemblait sous la houlette de leur professeur d’histoire. Le rôle de ce dernier lui parut de plus en plus étrange ; un tel investissement au profit d’une poignée d’élève était extrêmement rare.
– Y a-t-il un moyen de la joindre à Notre-Dame ?

Comme son interlocutrice parut hésiter, il insista :
– C’est très urgent et cela concerne une amie commune. Il faut absolument que je lui parle.
– Nous lui avons acheté un tatou à la rentrée, commença-t-elle.

Fabrice imagina d’abord l’animal d’Amérique du Sud roulé en boule dans sa carapace, puis il se le représenta dans la chambre d’Anne-So. Il se souvint ensuite que le Tatoo était aussi un appareil électronique vendu par Motorola.

Distrait par ces considérations zoologiques, il pria la mère de sa camarade de répéter le numéro qu’il recopia sur un mémo posé à côté du téléphone.
– Si c’est urgent, tu peux essayer de la joindre. Elle te rappela si elle en a le temps, elle très occupé au lycée.
– Merci, madame.

L’adolescent ne prit même pas la peine de reposer le combiné. Dès que le signal eut cessé de résonner dans l’écouteur, il composa le numéro d’Anne-So. La voix artificielle d’une messagerie automatique l’invita à parler après le bip sonore ou à composer un code. Il opta pour la première solution, délivra son message, puis raccrocha.

lundi 4 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 1

De retour chez ses parents, Fabrice continuait de penser aux événements de l’après-midi. Au lieu d’éclaircir ses souvenirs, le rituel l’avait plongé dans des abîmes de perplexité. S’il parvenait à accepter que le bracelet se soit détruit à son contact, les phénomènes qui avaient précédé cette destruction lui échappaient toujours. De plus, il n’arrivait pas à comprendre la manière dont Corentin s’y était pris pour le rendre imperméable à ce type de sortilège.

Jamais il n’aurait imaginé que son ami dispose de pouvoirs magiques, ce genre de choses n’était bon que pour les films ou les livres fantastiques. Cependant, celui-ci avait tout de suite compris que le bijou avait des facultés malfaisantes. Ses capacités semblaient plus étendues que l’utilisation de runes et il n’avait pas la moindre ce dont l’adolescent était réellement capable.

Afin de réfléchir tranquillement à qui lui était arrivé plus tôt dans l’après-midi, il monta se terrer dans sa chambre. Ce qui le troublait le plus dans la réaction violente de Corentin, c’était qu’il ait pris la défense de Gwenaëlle. En effet, il lui semblait logique qu’elle soit l’auteure de l’envoûtement qui l’avait attaché à elle. Pourtant, son ami refusait d’envisager cette éventualité, aveuglé par ses sentiments.

La sonnerie du téléphone retentit dans le couloir, mais Fabrice ne prit pas la peine de se lever. Il entendit sa mère décrocher, puis elle l’appela :
– Fabrice, c’est pour toi !

Peu disposé à parler à quiconque, il ne répondit pas. Son mutisme ne découragea pas sa mère qui réitéra ses appels. Au bout de la quatrième fois, il daigna se lever de son lit et descendit prendre le combiné.
– Allo.
– Salut Fab ! C’est Nicolas.
– Qu’est-ce tu veux ?

La brutalité de la question ne découragea pas son interlocuteur qui poursuivit :
– Tu te rappelles du devoir maison de physique ?
– Non, il faut le rendre quand ?
– Demain. Je suppose que tu ne l’as pas encore fait.
– Non, mentit l’adolescent.

Les espoirs de Nicolas d’obtenir les réponses au devoir sans effort furent réduits à néant par ce simple mot. Il n’insista pas, ce qui permit à Fabrice de raccrocher aussitôt.

vendredi 1 octobre 2010

Pénombre n°3 : La foule

Gasp, déjà vendredi !

J’avais prévu de parler du nouvel opus de Pénombre que j’attends avec impatience. Hélas, je ne suis pas arrivée à me le procurer à temps. Pas de critique donc, mais juste une annonce pour dire qu’il est sortit le mois dernier.

Le thème de ce numéro est : La foule. Six nouvelles remplissent ses pages, dont quatre se rattachent au thème défini.

Nous retrouverons donc Anthony Boulanger pour "Suis-je ?" et Anne Goulard pour "Passage éphémère" dans la partie thématique. Les deux autres textes sont "Transperrance" de Thomas Spock et "Péché capital" de Michaël Moslonka.

Dans la partie libre, Rémi Billoir nous racontera ce qui se passe "En scène et en coulisse" et Jacques Fuentealba tentera de décrire ce qui est "Incidible !".

J’espère arriver à mettre la main sur ce fanzine prometteur afin de le chroniquer après le prochain chapitre de Limonade.