mercredi 29 septembre 2010

Black Mamba n°18

Le mois dernier, je n'ai pas eu la surprise de trouver le numéro 18 de la revue Black Mamba. En effet, j'attendais cet opus avec impatience après avoir vu la très belle couverture sur le site des éditions Céléphaïs.

Après survolé l'édito, puis les dossiers consacrés à la micronouvelle et au retour des livres dont vous êtes le héros, je me suis plongée dans la première nouvelle de ce numéro. Il s'agit "Le signal", un mélange de polar traditionnel et de fantastique sur fond de construction de l'Empire State Building. Le héros, mystérieux et baraqué à souhait, se laisse entraîner sa trop belle ex-copine, blonde et mariée à un milliardaire. Dès les premiers paragraphes, j'ai adoré le style impeccable et les références américaines d'une exceptionnelle justesse de Paul S. Klemp. Après investigation, j'ai découvert que ce résultat aussi parfait était l'œuvre de Vincent Corlaix à la traduction et de Jacques Fuentealba à la corrections.

Ensuite venait "La lune mord la queue du chat..." qui, comme son titre ne l'indique pas, est une nouvelle mêlant conquête spatiale façon steam-punk et guerre d'ordre religieux. Il y un chat, il y a des templiers, il y a des aérostats et plein de mots autour pour rendre l'ensemble cohérent. C'est la première fois que je lis un texte de Denis Labbé, mais j'ai adoré ce texte en dépit de son titre discutable.

Dans les premières lignes de "Jusqu'à la dernière goutte de fuel", j'ai pensé à une aventure post-apocalyptique explosive et puis... Et puis, Mark Aiken écrit effectivement une aventure bourrée d'explosions et d'adrénaline avec un style âpre, mais il ne s'est pas limité à cela. Son héros va bien au-delà, ce qui rend cette nouvelle... Allez, je ne vais pas finir ma phrase pour ne pas gâcher la chute, elle le mérite.

Pour finir sur une note acide, "L'employé du mois" est parfait dans son genre. Le peinture réalisée par Patrick Eris de cette multinationale à mi-chemin entre le cauchemar et la caricature est un régal. La vision abominablement cynique du narrateur est très classique, mais une chute intelligente vient relever l'ensemble.

Quelques mots sur les illustrations même si je ne me suis pas attardée dessus. Les dessinateurs ont tous su s'accorder avec les ambiances des nouvelles : du polar sombre aux accents noirs et blanc (avec des très belles touches de vert fluo), des machines astucieusement cadrées et un rendu très artistique du plus bel effet.

Dans l'ensemble, j'ai été enchantée par ce numéro de Black Mamba et les perles qu'il refermait. Il me reste à présent les dossiers à lire et le premier numéro de Héros, lui aussi édité par Céléphaïs.

lundi 27 septembre 2010

Cocon et métamorphose

Je suppose que je n’apprendrais rien à personne en disant que, pour un roman, le premier jet n’est jamais exempt de défauts. Il était donc logique qu’un jour ou un autre, je doive songer à corriger sérieusement les premiers chapitres afin d’éliminer les fautes inattentions, de grammaire et les incohérence.

Eh bien, c’est en cours. Le chapitre 1 a déjà subi les affres de la correction, grâce aux grenouilles de Cocyclics. La première scène a enflé sous l’effet des questions des bêta-lecteurs, ce qui m’a obligée à revoir la composition du chapitre. La seconde scène est en train de se faire tailler en pièces, mais j’espère avoir un premier chapitre d’une bien meilleure qualité d’ici peu.

Il faudra ensuite réécrire une partie du chapitre 2 pour y intégrer les nouveaux éléments et les modifications consécutives au changement de composition des chapitres. Je pense qu’il y aura davantage de travail sur ce chapitre, même s’il est moins ancien.

En effet, mes premiers chapitres datent d’un an et, Sophie soit louée, j’ai fait pas mal de progrès depuis. Il suffit de comparer le style du chapitre 7 à celui du chapitre 1 pour avoir la preuve que la pratique régulière de l’écriture permet de progresser.

Afin de donner une idée des transformations en cours, je vais donner quelques exemples :
  • les points de vue ont été lissés (omniscient, interne…)
  • les dessins de serpents sont remplacés par des scènes fantastiques (je ne savais pas comment exploiter ces reptiles, alors je l’ai remplacés)
  • les descriptions sont plus nombreuses
  • le chapitre 1 s’arrête à la fin de la journée
  • les références temporelles sont explicites

Heureusement que j’ai de l’avance sur les épisodes à publier parce que, dans le cas contraire, j’aurais du mal à gérer les deux en parallèle. Le chapitre 9 approche de ces dernières centaines de mots et le chapitre 10 commence à prendre forme.

vendredi 24 septembre 2010

Pandémonium City

Alors que la sortie de l’anthologie Mystère et Mauvaise Genre approche, il était temps que j’en parle sur ce blog. La raison principale est que la loutre, aussi connue sous le pseudonyme d’Anne Goulard, y participe avec une nouvelle intitulée : Pandémonium City.

Je ne vais pas user mes doigts à vous dire qu’elle est bien, même si un certain nombre de personnes sont de cet avis. Au lieu de cela, je vais juste vous mettre les premiers paragraphes qui sont très représentatifs de cette nouvelle.

"Le paysage enchanteur des prairies de Mealand bordait les voies du chemin de fer reliant Sydhantra, la capitale d’Elfirie, à la ville mortelle de Londres. Derrière les vitres de cristal, les collines herbeuses offraient une vue délassante aux passagers. Les paupières mi-closes, Léopold sommeillait, bercé par la conversation des deux femmes assises en face de lui. La légère luminescence qui émanait de leurs visages bleutés attestait de leur parenté avec le peuple Ellyllon. Fort gracieuses, elles n’en demeuraient pas moins d’une profonde stupidité.

Lorsqu’il daigna enfin accorder un regard à la fenêtre, ce fut pour adresser un rictus moqueur à son reflet prisonnier de ce paysage champêtre. Puis, il plongea la main dans sa veste pour en sortir une paire de lunettes composée d’une monture d’or et d’un double jeu de verres aux reflets irisés. En les mettant, Léopold acquit la capacité de voir à travers les illusions. Les collines riantes se transformèrent en taudis crasseux et délabrés, écrasés sous un ciel malsain. Des cheminées d’usines vomissaient leurs panaches fuligineux, alimentant les nuages sombres qui étouffaient la vie en dessous.

Ce lugubre panorama était, pour les natifs d’Elfirie, synonyme de disgrâce. Dans les masures de part et d’autre du chemin de fer s’entassaient tous les bannis du royaume, ainsi que les humains attirés par leurs pouvoirs déclinants.
— Bienvenue à Pandémonium City, murmura le voyageur.

Il contemplait ces faubourgs sordides, quand une vision plus intéressante se refléta dans la vitre. Il eut à peine le temps de se retourner pour apercevoir la sublime jeune femme qui traversait le wagon. Sa robe couleur de jade, ajustée à la perfection, mettait en valeur ses courbes affolantes. Léopold se maudit de son inattention, une pareille beauté ne se croisait pas tous les jours. Il voulut la suivre, mais percuta l’Ellyllon qui s’était levée en même temps que lui. Elle retomba sur son siège avec un petit cri. Par bonheur, l’inconnue l’entendit et, reconnaissant une amie, revint sur ses pas la saluer.

Sa chute de reins, quoique vertigineuse, supportait la comparaison avec son décolleté. Le ruban de son corsage était légèrement dénoué et, quand elle se pencha vers les deux elfes, il dévoila un peu de dentelle. Un chignon bas retenait ses cheveux blonds qui s’accordaient avec sa peau diaphane et ses yeux céladon."

Pour ceux qui sont impatients de connaître la suite, les souscriptions sont ouvertes sur le sites des éditions Sombres Rets.

Edit : l’illustration ne figure pas dans l’anthologie, c’est un cadeau de Vilie.

mercredi 22 septembre 2010

Premier anniversaire !

L’an dernier, à la même date, j’ai posté le tout premier billet de ce blog. Une nouvelle (le pendule du vorcier) et sept chapitres de Limonade plus tard, il atteint les 155 billets avec une quarantaine de commentaires. Entre temps, mon projet de roman a trouvé son rythme de croisière et s’est développé afin de remplir les objectifs que je m’étais fixés il y a une année.

Je pourrais continuer tranquillement à alimenter ce blog avec ses trois épisodes hebdomadaires et les critiques de fanzines ou alors passer au niveau supérieur. Pas de ralentissement de publication, ni de modifications dans le contenu du blog, il aura des nouveautés sur un autre support. A vrai dire, une publication papier était prévue à l’origine, mais mes journées ne faisant que vingt-quatre heures, ce projet est resté en pause.

Cette année aura servi à me roder, à acquérir de l’expérience dans l’éditions amateur et, surtout, à trouver des personnes motivées pour concrétiser ce projet. Il ne nous reste plus qu’à passer à l’acte, ce qui est une autre paire de manches.

lundi 20 septembre 2010

Éclats de rêves n°18

Comme je le disais en fin de semaine, j’ai découvert récemment le fanzine Éclats de rêves. A l’occasion de je ne sais quelle manifestation des littératures de l’imaginaire, j’avais fait l’acquisition du numéro 18. Le principe de publication ce fanzine est d’alterner numéros thématiques et athématiques. Celui que j’ai lu fait partie de la seconde catégorie ; il contenait donc des textes très variés et d’une excellente qualité.

La première nouvelle est pour le moins classique puisque le Carrefour de la Dame blanche reprend la légende urbaine du même nom. Là où Florent Liau a fait fort, c’est que la mise en place de son intrigue est digne des meilleurs textes d’épouvante. Son écriture réaliste au style oral permet une identification facile au narrateur, ce qui renforce encore l’effet horrifique de la nouvelle. Celle-ci s’achève sur une chute intrigante qui conclut l’ensemble à la perfection.

Après une nouvelle fantastique, Oliver Gechter nous emmène dans un univers de Space-Opéra sur les traces d’un joueur de cornemuse électrique dont les talents musicaux doivent éviter une guerre intersidérale. Le "la" naturel commence fort, très fort dans l’absurde. Pourtant, après un concert désopilant où l’on partage le désarroi du musicien, la conclusion permet de tout expliquer avec une logique absolue. Cette nouvelle est une surprise agréable.

Retour à un texte fantastique contemporain avec Les saules de Frédéric Durand. Cette nouvelle, urbaine et réaliste, met en scène des personnages attachants et traite avec originalité de magie africaine. Le point de vue choisi ne permet hélas pas d’expliquer les tenants et les aboutissants de l’intrigue, ce qui m’a laissé, à la fin du texte, l’impression d’être passée à côté de quelque chose.

Vient ensuite un texte très court : Vertige. J’ai bien faillit me perdre entre les aller-retour temporels, mais la plume onirique de Livia Galeazzi m’a néanmoins accrochée. J’ai juste regretté que la nouvelle soit aussi courte, car les personnages vibraient d’une émotion très juste.

Un autre de mes coups de cœur de ce fanzine est Le monde au bord du rêve écrit par Nicholas Eustache. Cette nouvelle commence comme un conte par la mort d’un roi-créateur et se poursuit par la quête de ses sujets afin de retrouver sa dernière invention, cachée quelque part dans le royaume. Une chute poétique vient conclure cette peinture d’un monde étrange, à la fois humain et mécanique.

Pour conclure, la nouvelle Corps et biens nous ramène dans le fantastique. Nicolas Liau nous relate les premiers jours de veuvage de Léopoldine et les troublantes disparitions dont sa demeure est victime. Il m’est difficile d’en dire davantage sans révéler des pans importants de cette intrigue qui se déroule avec une simplicité élégante. Une conclusion bien amenée vient clore ce texte sur une note optimiste.

Je pense que cette critique reflète tout le bien que je pense de cette publication. Le choix des textes est irréprochable, leur agencement intelligent et une maquette claire, agrémentées d’illustrations de qualité, met l’ensemble en valeur. Même en cherchant bien, je ne trouve rien de négatif à dire sur ce fanzine. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’y suis abonnée.

vendredi 17 septembre 2010

Les petits éditeurs sont bien rentrés

Le samedi 11 septembre, dans le parc des Buttes Chaumont, a eu lieu la troisième édition de la rentrée des petits éditeurs. Je m’y étais rendue l’an dernier et ma visite m’avait laissé un souvenir suffisamment bon pour que je surmonte ma flemme du week-end. L’espace d’une après-midi, j’ai discuté avec des passionnés des littératures de l’imaginaire dans un décor des plus agréables et avec un magnifique soleil.

J’ai aussi profité de la présence de nombreux éditeurs de fanzines pour faire le plein de lecture. Tout d’abord, je suis passée sur le stand de éditions Céléphaïs qui, en plus de Black Mamba, proposaient leur nouvelle revue : Héros. Le concept est original, une revue dédiée aux livres jeux de rôles avec des aventures courtes sur le modèle des « livres dont vous êtes le héros ». J’ai promis une critique de ce numéro, donc je reviendrais dessus lors de ma prochaine pause inter-chapitre.

Juste à côté, il y a l’association Catharsis qui édite le fanzine Borderline. Depuis le temps que j’entends parler de cette publication, j’ai pris un exemplaire du numéro X pour m’en faire une idée. Je suis aussi passée voir Sand et Barsimé, respectivement éditrice et mascotte d’Eclat de rêve. Une critique du dernier numéro est en préparation pour la semaine prochaine, je détaillerait plus tard tout le bien que je pense de ce fanzine.

Malheureusement, pas de Pénombre n°3 lors de cette manifestation, mais le stand de l’association Transition était présent et toujours aussi soigné. Il faudra donc attendre la semaine prochaine avant d’avoir une critique de ce troisième opus dont le thème sera : la foule.

A présent, place à une semaine de critiques de fanzines et autres bavardages limonadesques. La publication du chapitre 8 de Limonade reprendra à partir du 4 octobre.

mercredi 15 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - The end

Comme je l'avais annoncé dans certains commentaires, ce chapitre 7 se termine sur un retournement de situation que j'espère intriguant. Certains éléments ont été mis en place depuis le début alors que d'autre ouvrent de nouvelles perspectives pour la suite du roman.

Pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle, ils peuvent s'attaquer à la lecture du premier épisode ici.

Le chapitre 8 est déjà tout frétillant dans les billets programmés de ce blog. Je vais cependant pour faire profiter de mes dernières lectures en matières de fanzine avant de repartir pour un nouveau chapitre.

Souhaitez-moi bonne chance pour le neuvième chapitre !

lundi 13 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 12

Évelyne se baissa afin de ramasser le bracelet qui était tombé à terre. Le métal dont le bijou était constitué continua à se tordre jusqu’à ce qu’il ressemble à un vulgaire morceau de ferraille.
– Il y a forcément un trucage ! s’exclama Fabrice. C’est impossible qu’il se soit cassé comme ça, je n’y ai pas touché.
– Non, cet objet était le dépositaire d’une ancienne malédiction. Il a été détruit par l’exorcisme, ou du moins par ses effets permanents.
– C’est n’importe quoi toute cette histoire !

Cette fois, c’était Corentin qui avait parlé. Toujours agrippé à la table, il continua :
– Gwenaëlle n’aurait jamais jeté de charme d’amour sur Fabrice ! Et, je ne suis pas capable de lancer un sort d’exorcisme. C’est impossible !

Des larmes perlèrent dans ses yeux, puis ses doigts se désolidarisèrent de la table. Il traversa le salon en coup de vent, sans un regard pour son ami. Ce dernier voulut le rejoindre, mais Évelyne l’en empêcha :
– Il vaut mieux qu’il reste seul un moment.
– Pourtant, c’est moi qui suis victime d’un sortilège.

Elle soupira, tout en conservant un air amusé :
– Oui, mais ça sera probablement la seule expérience surnaturelle de toute ta vie. Par contre, Corentin va devoir s’habituer à ce genre de phénomènes pour le reste de son existence.
– Dur.

Fabrice aurait aimé trouver des mots plus justes que ce commentaire laconique. À côté de ce que son ami allait vivre, ses inquiétudes des jours précédents étaient dérisoires. Le pire à ses yeux était de ne pas être capable de l’aider, même si la seule chose qu’il pouvait faire était de rester près de lui.
– Je vais rentrer chez moi. Merci pour le machin de purification, même si c’était vachement bizarre.
– De rien. Tu es toujours le bienvenu ici.

Lorsque la porte se referma derrière lui, il expira profondément. Rien ne s’était déroulé comme prévu durant cet après-midi. Bien qu’Évelyne lui ait assuré qu’il ne serait plus jamais confronté à d’autres événements magiques, il ne se séparait pas de cette impression étrange.

vendredi 10 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 11

De plus en plus surpris, Fabrice demanda :
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Je n’en ai pas la moindre idée.

Comme son ami insistait, Corentin se pencha à son tour sur le plateau couvert de sable et de lignes.
– Le pendule aurait dû être perturbé par les énergies néfastes. Or, le dessin a l’air normal, comme si tu n’avais subi aucun maléfice.

Cette constatation suscita un sentiment de soulagement mêlé de déception. S’il n’était pas victime d’un mauvais sort, il ignorait toujours la cause de son amnésie.
– J’ai une autre théorie, dit Évelyne quand elle revint dans le salon.
– Laquelle ?

Les deux garçons sourirent, car ils avaient posé simultanément la même question. La voyante posa un bracelet aux pierreries clinquantes, mais dont le métal était piqueté de rouille, puis elle s’adressa à Fabrice :
– Tu as été victime d’un sortilège et l’exorcisme de mon apprenti magicien de neveu a vraiment fonctionné. Il a annulé le sortilège qui obscurcissait ta mémoire.
– Ça veut dire que mes souvenirs avec Gwenaëlle étaient dus à un envoûtement ?
– C’est l’hypothèse la plus probable.

Déboussolé, il se tourna vers Corentin. Cependant, alors qu’il avait besoin de son soutien, l’adolescent fixait le bracelet avec horreur. Ses doigts crispés sur le rebord de la table semblaient prêts à s’enfoncer dans le bois. D’une voix blanche, il murmura :
– D’où sort ce truc ?
– C’est un moyen de vérifier que tu as bel et bien un don pour l’exorcisme.

Avant que l’un des deux réagisse, elle saisit le poignet de Fabrice et lui mit le bracelet. La température baissa d’un coup dans la pièce, puis toutes les bandes de papiers se décrochèrent. Le cristal du pendule irradia d’une vive lumière bleue et émit un bourdonnement d’insecte.

Tous ces phénomènes surnaturels tournaient autour du bracelet. Pourtant, son porteur ne ressentit aucune impression désagréable, comme si ces maléfices ne pouvaient pas l’atteindre. Finalement, les pierres ornant le bijou s’éclatèrent les unes après les autres, puis le fermoir se disloqua, libérant le poignet de Fabrice.
– C’est quoi ce truc ! cria Corentin qui s’était levé dès le début des manifestations magiques.
– On appelle ça un exorcisme permanent, répondit sa tante avec un franc sourire. Le plus puissant de tous les sorts de protection.

mercredi 8 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 10

Du premier coup d’œil, il reconnut les glyphes dessinés par Corentin sur des bandelettes de papier suspendues au-dessus des fenêtres et de la porte. Le bric-à-brac ésotérique qui encombrait la pièce avait été repoussé dans un coin. Hormis le pendule monté sur un socle de métal argenté qui se trouvait sur la table et le parfum âcre de l’encens, ce salon n’avait rien d’un antre de sorcière.
– Assieds-toi là, dit Évelyne en désignant la chaise placée dos à la fenêtre.

Elle s’installa ensuite en face de lui, puis déposa un plateau rempli de sable sous le pendule. Corentin s’assit à sa gauche sans faire le moindre bruit.
– Pose tes mains de chaque côté du socle, le guida la voyante.

Il s’exécuta et sentit le contact glacé du métal sous ses doigts. Les mains d’Évelyne se placèrent sur les siennes et les mirent en contact complet avec le socle. Elle ferma les yeux et, immobile sur sa chaise, murmura des sons graves dépourvus de signification.

Sans comprendre quel était son rôle, Fabrice chercha un soutien dans le regard de son ami. Celui-ci répondit à ses questions muettes par un sourire, puis articula en silence :
– Regarde le pendule.

En effet, le cristal bleuté suspendu au socle par une chaîne d’argent commençait à osciller doucement. À chaque mouvement, sa pointe effleurait la surface du sable et y creusait des rainures courbes. Peu à peu, l’amplitude des déplacements du cristal augmenta. Le plateau se couvrit de lignes incurvées qui se croisaient sans la moindre signification.

À la fin de la séance, Évelyne ouvrit les yeux. Elle débarrassa la table du dispositif entourant le pendule, puis examina le dessin qu’il avait tracé dans le sable.
– Rien ! s’exclama-t-elle.

Les deux adolescents restèrent silencieux, comme hypnotisés par les reflets bleus du cristal. Elle ajouta :
– Je vais essayer autre chose.

Sur ces mots, elle se leva de sa chaise et quitta la pièce en toute hâte.

lundi 6 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 9

Dès qu’ils pénétrèrent dans le couloir, l’odeur d’encens les prit à la gorge. Évelyne passa la tête par l’embrasure de la porte.
– Bonjour les garçons. J’en ai encore pour un bon quart d’heure de préparatifs, ne laissez pas sortir le chat.

Avant qu’ils n’aient le temps de répondre, elle était retournée dans le salon et avait refermé la porte. Les miaulements à l’intérieur de la pièce signalaient que Lucifer était enfermé avec elle alors qu’il aurait préféré être ailleurs.

Inquiet pour la suite des événements, Fabrice demanda :
– Tu sais ce que ta tante est en train de préparer ?
– Un rituel de purification.
– Mais encore…

Son ami lui fit signe de le suivre dans l’escalier. Ils montèrent dans sa chambre sous le toit, puis Corentin lui donna une feuille couverte de symboles bizarres.
– J’ai aidé à préparer des glyphes et, même si je n’y ai rien compris, c’était marrant à faire.
– Ce rituel, c’est juste dessiner des lettres bizarres ?
– Non, il y a tout un truc avec des énergies et les courants astraux. Mais je ne connais absolument rien à ces trucs-là.

Fabrice soupira, il n’était guère avancé avec ces explications lacunaires. Il voulait néanmoins faire confiance à Corentin. Devinant sa nervosité, celui-ci engagea la conversation sur un tout autre sujet :
– Tu viens tous les jours en moto ?
– Oui, je n’habite pas très loin du lycée, mais c’est super galère avec les bus. Et puis, je ne conduis pas vraiment une moto.

Devant l’air étonné de son ami, l’adolescent expliqua les différences entre les motos et son véhicule qui n’était doté que d’un moteur de cent-vingt-cinq centimètres cubes. Durant les dernières minutes d’attente, il s’efforça de réprimer son appréhension. Quand, finalement, Évelyne les appela du salon, il bondit ses pieds et dévala l’escalier jusqu’au salon.

vendredi 3 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 8

Dans le calme retrouvé, Corentin demanda :
– Et ta mémoire, elle est revenue ?
– Non, c’est comme si je n’avais jamais connu Gwenaëlle.

Mis mal à l’aise par cet aveu, Fabrice changea de sujet :
– Parle-moi d’elle.
– De Gwen ?
– Oui.

Comme à chaque fois qu’il devait s’exprimer à propos de son amie, l’adolescent se tut. Ses yeux clairs balayèrent le paysage, puis se fixèrent sur la pâtisserie qu’il tenait à la main. Habitué à ce comportement, son compagnon attendit qu’il ait grignoté la moitié de son cookie. En fin de compte, ses réflexions aboutirent et il commença à raconter :
– C’est à partir de la sixième que Gwen et moi sommes devenus très amis. À partir du jour de la rentrée pour être précis. Je m’étais perdu dans les couloirs du collège, alors je suis arrivé très en retard dans ma classe.

Compte tenu du tempérament de Corentin, cette situation n’avait rien de surprenant. Fabrice s’abstint néanmoins d’en faire la remarque et le laissa continuer son récit.
– Le professeur principal m’a demandé de me présenter au tableau, devant tous les élèves. Sauf que j’étais tellement stressé que je n’arrivais pas à parler.
– Gwenaëlle est intervenue ?
– Oui. Elle était au premier rang et m’a soufflé toute ma présentation.

Durant le reste du trajet jusqu’au pavillon, Fabrice ne dit rien. Cette anecdote avait renforcé son impression de s’immiscer dans une relation à la fois ancienne et sincère. Le simulacre d’affection qui existait entre lui et Gwenaëlle ressemblait à une copie terne de ce sentiment. Il culpabilisait de se placer en obstacle entre son ami et la fille dont il était visiblement amoureux. Pourtant, Corentin ne manifestait aucune jalousie à son égard.

Après une vingtaine de minutes de marche silencieuse, ils atteignirent la rue Courteline, puis traversèrent le jardin de la maison. Quand ils furent devant la porte, l’adolescent s’arrêta.
– Tant que j’y pense.
– Quoi ?

Il fit glisser les bretelles de son sac afin d’accéder à son contenu, puis tira une liasse de feuilles pliées en quatre de l’un des poches.
– C’est la liste des élèves appartenant aux classes qui se sont rendues sur le terrain de basket hier matin. Peut-être que l’un des noms te dira quelque chose.

Corentin prit les papiers et les rangea dans son blouson, puis ils franchirent la porte.

jeudi 2 septembre 2010

Des daims de surveillance. Je les déteste.


Aujourd'hui, l'humble chauve souris que je suis ne va pas vous parler d'un livre. Non. Plutôt d'un film, en fait.


Attention les yeux, ça va piquer.


Tadada dada!


Gentlemen Broncos est projeté dans un seul cinéma à Paris. N'écoutant que mon courage (et l'atroce bande annonce de ce film) je suis allé payer ma place (tarif étudiant, merci!) et profiter du spectacle.

Je l'ai regretté très vite. Mes yeux ont fondu, j'étais atterré. Mon esprit vacillait entre l'ahurissement total et le black out violent.


Ce film est un navet.

Ce film a été conçu comme un navet.

Ce film est une bouse magnifique!

Je dis ça, et pourtant, je suis très loin d'aimer les navets. J'ai souffert dans ma petite enfance de séries Z et de films cheap, donc les navets, habituellement, je dis non, spas possible.

Mais là, la bande annonce était juste trop magnifique!


Tous les personnages sont cheaps. Le pire, c'est que ce n'est pas mal joué (l'acteur qui joue Bronco est Sam Rockwell, le président de la galaxie de H2G2! Si c'est pas une référence, ça...).

De plus, contrairement à ce que tout laisse penser... il y a un sacré budget pour ce film. Il suffit juste de regarder la bande originale!


Soyons sérieux deux minutes. Ce film est bien entendu une critique ouverte pour tous les auteurs de Sci Fi cheap, leurs adaptations en film, l'engouement pour des livres au scénario improbable et aux personnages caricaturaux. Les effets spéciaux ont été réalisé par le studio The Asylum, papa de nanards sublimes, dont le principe est de reprendre des blockbuster et d'en faire... des nanards. Encore une critique.


Petit résumé (honteusement tiré d'Allociné, oui, c'est mal): Benjamin, 17 ans, n’a pas d’autre atout que son imagination débridée. Il adore écrire des histoires qui l’entraînent loin de sa petite vie morne. Quand il apprend que son idole, le légendaire auteur de science-fiction Ronald Chevalier, donnera un cours au Cletus Festival, il y voit la chance de sa vie. Il emporte son meilleur manuscrit, "Yeast Lords : The Bronco Years" et part à la rencontre de son destin.

Sur place, Benjamin fait la connaissance d’autres originaux comme lui, dont la jeune romancière Tabatha, et Lonnie, un cinéaste adolescent qui a déjà plus de 80 "films" à son actif.
Ces rencontres vont changer la vie du jeune homme : Lonnie lui achète son roman pour en faire un long métrage à budget minuscule, et le célébrissime Ronald Chevalier est tellement impressionné par son travail qu’il n’hésite pas à lui voler son manuscrit pour le publier sous son nom…
L’histoire de Bronco se raconte alors selon trois points de vue : le roman original de Benjamin, la version "bâtarde" de Chevalier et la version "cinéma" de Lonnie. Ces trois visions rendent un hommage très spécial au monde des films de science-fiction cultes tout en racontant l’histoire à peine moins incroyable de leurs trois auteurs…


Je recommande Gentlemen Broncos pour qui n'a pas peur de souffrir, qui veut rigoler pendant une bonne heure et demi et ressortir du cinéma en faisant attention aux daims de guerres qui sont partout!


Pour la petite information, oui, j'ai été traumatisé par ce film. Oui, je vais aller le revoir. Je vous laisse, au plaisir de vous revoir!

Jean Charles, ninja aux graves troubles filmographiques.

mercredi 1 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 7

Après s’être procuré des sandwiches dans une boulangerie en chemin, ils décidèrent de passer devant le pensionnat Notre-Dame. Il leur restait presque une heure et demie à attendre qu’Évelyne s’occupe du cas de Fabrice et il ne tenait pas à la passer enfermé dans le pavillon.
– Je suis passé par là, dit-il en désignant le mur qu’il avait escaladé l’avant-veille.
– Comment tu as fait ? C’est vraiment haut.

L’adolescent haussa les épaules, puis poursuivit le récit de son aventure :
– Grâce aux indications que tu m’avais données, j’ai trouvé la chambre de Gwenaëlle. Sa copine Émilie m’a ouvert. Elles étaient cinq à l’intérieur dont une que je connaissais au collège : Anne-So. Les deux autres s’appellent Aude et Laure.

De l’autre côté du mur montait le brouhaha de dizaines de discussions et de jeux d’enfant. Il hésita un instant, les yeux baissés sur le trottoir afin de ne pas se laisser distraire.
– Non. En fait, c’est Audrey et Laurie. Elles se ressemblent beaucoup, comme un genre de jumelles.
– Qu’est-ce que toutes ces filles faisaient avec Gwen ?
– Aucune idée. Elles ont essayé de me faire croire qu’elles bavardaient, mais elles n’avaient pas l’air d’être franches.

Puisant dans ses souvenirs, Fabrice retrouva une information qui lui sembla intéressante.
– Elles font toutes les cinq parti d’un cours d’histoire. Un peu comme une option pour apprendre plus de choses dans une matière spécifique, on doit en choisir en terminale.
– Sauf que Gwen n’est pas en terminale et Émilie non plus.
– Exact, c’est un peu bizarre cette histoire de cours d’approfondissement en histoire. Elles sont toutes dans les sections différentes, alors elles n’étudient pas les mêmes époques.

Le temps que dura cette conversation, les deux adolescents avaient dépassé l’enceinte du pensionnat. Les hauts bâtiments de briques disparurent derrière les immeubles bas qui occupaient le reste de la rue et bruit de la cour de récréation s’atténua.