lundi 30 mai 2011

Chapitre 14 de Limonade - Episode 4

Une vingtaine de minutes plus tard, les deux garçons se trouvaient devant le lycée Notre-Dame. Selon les indications de Fabrice, ils contournèrent l’enceinte jusqu’à l’arbre qui leur permit de passer par-dessus.

Moins à l’aise avec ce genre d’acrobaties, Corentin dut s’y reprendre à trois fois avant de s’accrocher au sommet du mur, puis de se laisser tomber dans l’herbe à côté de son ami.
– Tout va bien ? s’inquiéta ce dernier.
– Oui. J’ai l’impression qu’il n’y a personne dans les parages.

En effet, la cour et les bâtiments alentour ne présentaient pas le moindre signe d’activité. Les fenêtres du dortoir étaient closes, de même que celles du laboratoire à quelques mètres d’eux.

En dépit de ce calme apparent, les adolescents se hâtèrent de rallier leur objectif et de se mettre à couvert.
– Comment on va faire pour entrer ? demanda le plus jeune.

Fabrice fit mine de ne pas entendre la question. Ce détail lui avait échappé lorsqu’il avait échafaudé son plan et il maudissait son manque prévoyance. Cependant, il refusait de s’avouer vaincu.

Alors qu’il s’apprêtait à forcer la serrure, son ami arrêta son geste.
– S’il y a des objets magiques à l’intérieur, je suis sûr qu’ils ont jeté un sort sur la porte.
– Alors, on aura l’occasion de constater si ton super-exorcisme fonctionne.

Sur ces mots, il abaissa la poignée et la poussa de toutes ses forces. Un éclair de couleur mauve jaillit de la serrure, mais il s’évanouit avec un crépitement dès qu’il entra en contact avec la peau de Fabrice.

Corentin fixa la porte ouverte avec un regard ahuri.
– Ils avaient juste installé une serrure magique !
– Oui. C’est un coup de chance, non ?

Il s’abstint de répondre, néanmoins son regard étincelant trahissait une vive réprobation envers ce comportement désinvolte.
– Tu ne devrais pas trop compter sur ce sortilège, le mit-il en garde. Je n’ai aucune idée de la manière dont il fonctionne.

vendredi 27 mai 2011

Chapitre 14 de Limonade - Episode 3

Aiguillonné par ces pensées sombres, Fabrice poursuit son raisonnement jusqu’à aboutir à l’idée suivante : trouver des preuves que Kaenel se livrait à des cérémonies magiques et le dénoncer.
– Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Corentin.

L’adolescent réalisa avec stupeur que, absorbé par ses réflexions, il avait évoqué ses intentions à voix basse. Satisfait d’avoir piqué la curiosité de son ami, il présenta sa démonstration de manière détournée :
– À ton avis, comment réagirait le proviseur du lycée Notre-Dame s’il apprenait que l’un de ses professeurs enseigne la magie noire à des élèves ?
– C’est un établissement catholique, alors je suppose qu’il mettrait le professeur à la porte.

Un sourire rayonnant apparut sur le visage de Corentin. Il poursuivit :
– Si on arrive à prouver que Kaenel pousse Gwenaëlle et ses amies à pratiquer de la magie, ça va barder pour lui.
– Exactement. Il arrêtera d’être une menace.
– Mais, ça risque de causer des ennuis à Gwen ?

Encore une fois, la jeune fille occupait le cœur des préoccupations de son ami d’enfance. Bien qu’il soit possible qu’elle subisse de plein fouet l’éviction de son professeur d’Histoire, son compagnon expliqua :
– Au pire, elle va se faire exclure quelques jours du lycée et, crois-moi, ce n’est pas la mort. Mais, si on ne fait rien, elle va continuer dans son délire et ça risque de mal finir.
– Tu as raison.

Le ton déprimé qu’il venait d’employer reflétait son inquiétude. Craignant qu’il ne renonce ou se mette à sangloter, Fabrice posa une main sur son épaule dans un geste empli de maladresse.

En fin de compte, l’adolescent affirma :
– Dans ses cahiers, Charline racontait que les exercices et les cérémonies se déroulaient dans une salle de classe au dernier étage.
– Vu que les vacances ont commencé, il n’y aura personne, intervint son ami.
– Attends, j’ai pas fini. Si on veut des preuves, c’est pas là qu’il faudra aller les chercher.
– Ah ?
– Tout le matériel d’alchimie est conservé dans le laboratoire du pensionnat. Seul le professeur y a accès et il y garde aussi les affaires les plus encombrantes.

L’image d’une maison de briques rouges au milieu des pelouses émergea de sa mémoire tandis qu’il répondait :
– Je vois où se trouve le labo. On n’a plus qu’à aller y jeter un œil.
– D’accord, déclara Corentin en repoussant la main de son ami. On va aller voir ce truc.

mercredi 25 mai 2011

Chapitre 14 de Limonade - Episode 2

Fabrice intégra ces informations en silence avant de suggérer :
– Il faudrait qu’on découvre plus de choses sur ce type. Il est vraiment louche.
– C’est surtout sa volonté d’apprendre la magie à des filles qui est bizarre. Il ne demande rien en échange de ses enseignements.
– En quoi c’est bizarre ?
– Ma tante m’a dit que les connaissances sont la richesse d’un magicien et que les céder à n’importe qui réduit leur valeur.

Ce principe sembla très nébuleux au lycéen, mais il se tut et attendit la suite.
– D’après ce que j’ai lu, Kaenel apprend beaucoup de choses à ses élèves. Donc, son savoir perd très vite de sa valeur.
– Et tu en déduis qu’il cache quelque chose ?

Le benjamin hocha la tête sans rien ajouter. Perdu dans ses réflexions, il laissa ses yeux bleus quitter les pages carrelés pour fixer le portail devant lui. Bien que Fabrice ait moins de mal à concevoir l’influence néfaste d’un professeur plutôt que celle des forces maléfiques, il admettait que les deux puissent être liées.

Il hésita néanmoins à s’en ouvrir à son compagnon et relança la conversation sur un autre sujet :
– Tu ne m’as pas raconté comment ça s’est passé avec Charline.
– L’exorcisme a fonctionné.
– Merci, ça j’avais compris quand elle est venue te voir.

Cette réponse laconique, et le silence embarrassé qui suivit, lui firent penser qu’il venait de toucher un point sensible, beaucoup plus sensible que son idylle supposée avec la jeune gothique.

Finalement, Corentin reconnut qu’il n’avait pas envie d’en parler pour le moment, puis il ajouta :
– Tu n’es pas le seul à faire des cachoteries.

La réplique arracha à son ami une grimace de culpabilité, mêlée de curiosité déçue et d’une pointe de jalousie.

Lorsqu’il avait décidé de renouer le contact avec Anne-Sophie, Fabrice avait dû composer avec sa conscience. Une part de lui-même trouvait abjecte l’idée de profiter de ses sentiments, surtout aussi peu de temps après avoir quitté Gwenaëlle. Il avait la certitude que le jugement de Corentin serait sans appel et préférait ne pas aborder la question.

Cependant, il n’appréciait pas pour autant que son compagnon fasse cavalier seul, ou pire, qu’il le mette délibérément à l’écart et recherche l’aide de Charline. Même si cette dernière disposait de capacités magiques infiniment supérieures aux siennes, elle refusait de s’impliquer. Jamais elle ne se serait risquée à se faufiler dans l’enceinte du pensionnat Notre-Dame.

lundi 23 mai 2011

Chapitre 14 de Limonade - Episode 1

Fabrice et Corentin se retrouvèrent devant leur lycée le samedi suivant. Ils avaient tous les deux prétendu que leurs cours de mathématiques débordaient sur les vacances de la Toussaint alors leur professeur, dans un éclat de lucidité, avait annulé la session de soutien.

Quelques rares élèves dépités franchirent le portail, sous le regard des deux garçons appuyés contre un platane.
– Tu as trouvé des informations intéressantes dans le cahier de ta copine ?
– Oui. Elle a noté tous les détails des séances de magie, le matériel, les participants… Il y a même plusieurs paragraphes consacrés à Anne-Sophie.

L’aîné grimaça ; toutes ses tentatives pour taquiner son compagnon se soldaient par échec, car celui-ci ne paraissait s’apercevoir de rien. Par contre, il ne manquait pas une occasion de répliquer avec une innocence désarmante.
– Qu’est-ce que Charline a raconté sur elle ?
– Plein de choses. C’est la sorcière la plus douée du groupe et la préférée du prof. Elle n’a pas de domaine où elle est particulièrement forte, mais elle est très bonne dans toutes les formes de magie.
– Quelles sont-elles ? demanda-t-il pour éloigner la discussion de la jeune fille.
– L’alchimie, la divination, la lithomancie et l’occultisme.
– Rien que ça !

Suite à ce commentaire, Corentin ouvrit son propre cahier et lut :
– En fait, j’ai oublié de citer la radiesthésie et la cartomancie.
– Et les runes ?
– Ce sont des supports utilisés en divination et pour les enchantements.

Il leva les yeux de ses notes en entendant le cliquetis d’un briquet. Il regarda avec un air surpris son compagnon qui approchait la flamme de l’extrémité d’une cigarette.
– Ça te dérange ? s’inquiéta celui-ci en interrompant son geste.
– Un peu, j’aime pas la fumée. Ça me fait tousser.

Le briquet et la cigarette regagnèrent la poche de son blouson.
– Tu as lu des choses sur Gwenaëlle ?
– Non. Elle n’était pas encore au pensionnat l’an dernier. Ça parle surtout des trois autres filles, et de leur professeur bien entendu.

À la demande de son ami, Corentin résuma ce que Charline avait appris sur Kaenel au cours de l’année qu’elle avait passée à Notre-Dame. Les cours et les sorties qu’il proposait à ses élèves les plus douées avaient pour objectif de développer leur potentiel magique. Comme Charline en avait fait partie, elle décrivait avec une foule de détail les cérémonies. Cependant, rien ne perçait à propos des motivations du professeur.

vendredi 20 mai 2011

A comme association (4)

Comme dans le premier diptyque de la série, les intrigues concernant Ombe et Japser sont liées par des points de contacts. Dans "Le subtil parfum du souffre", nous savions par avance que notre héroïne affronterait du troll familier et qu'il serait question de loup-garou.

Le début de l'histoire tient ses promesses ; le rythme est haletant et, même si Ombe est devenue plus réfléchie depuis le tome 2, elle préfère cogner que bavasser. J'ai beaucoup aimé que l'histoire de "Le subtil parfum du souffre" fasse suite à une autre ouvrage de la série. Cela renforce la cohérence de l'univers.

Je ne vais pas m'étendre sur le début du roman, car je trouve que la quatrième de couverture en dévoile déjà trop. Pour en donner quand même quelques éléments, Ombe est chargée par l'association d'enquêter sur un entrepôt où des loups-garous gardent la drogue produite par un vampire. Une intrigue au parfum de polar qui se veut à la fois sombre et... sensuelle.

Mon principal regret dans cette aventure trépidante est que certains mystères qui trainent depuis le premier tome ne fassent que se renforcer au lieu d'aller vers un éclaircissement bienvenue. Pour le coup, ça a un peu gâché mon plaisir de lecture.

mercredi 18 mai 2011

A comme association (3)


Après mon enthousiasmante lecture des romans croisés d'Erik L'Homme et Pierre Bottero, j'ai sauté sur les derniers opus parus. Cette fois, je vais donc commencer dans l'ordre avec le personnage de Jasper.

Nous retrouvons Jasper, jeune magicien de talent, adepte des jeux de mots foireux et raide dingue de sa camarade Ombe, alors qu'il a été mis en vacances forcées par l'association. Sauf que, bien évidemment, les vacances de Noël ne vont pas du tout être aussi normale qu'il l'espérait.

Tout commence par un concert annoncé dans le tome 1, puis un coup de fil passé à Ombe à propos d'étranges personnes qui semblent la rechercher. Comme la jeune fille semble dans une mauvaise posture, Jasper enterre en moins de deux sa mise à pieds pour voler à son secours.

Cette mission de sauvetage, loin de lui donner l'occasion de briller aux yeux de la belle, va lui permettre de faire une rencontre inoubliable avec Erglub, le troll du tome 2 (vous suivez toujours ?).

De même que pour les précédents opus de la série, la maîtrise de l'auteur fait plaisir à lire. L'humour qui suinte de chaque réplique entre Jasper et le troll est un régal. J'ai tout autant apprécié l'évolution des personnages et la découverte du monde des trolls.

Bref, "L'étoffe fragile du monde" ne fait que confirmer tout le bien que je pensais des livres précédents de la série.

lundi 16 mai 2011

Dracula (le seul, l'unique)

Après de longues heures de lecture pas toujours passionnantes, je suis enfin venue à bout d’un monument de la littérature fantastique : Dracula, de Bram Stocker. Ce n’est pas la première fois que je m’intéresse à la littérature vampirique, et ce n’est sûrement pas la dernière non plus. Il était cependant essentiel de revenir à la source.

Je vais passer très vite sur l’histoire car le roman est excessivement connue et qu’il en existe de brillantes adaptations. En ce qui concerne les films sur Dracula, je recommande vivement celui de 1931, réalisé par Tod Browing. Juste pour vous donner envie, le rôle titre est tenu par Bela Lugosi (l’acteur qui a voulu être enterré avec sa cape de vampire) et les effets spéciaux sont tellement datés qu’ils en deviennent poétiques.

« Le clerc de notaire Jonathan Harker est invité par le compte Dracula afin de l’aider à préparer son installation à Londres. Jonathan réalise très vite l’étrangeté de son hôte et, avant d’avoir pu avertir sa fiancée Mina, il est emprisonné au château tandis que le comte se rend en Angleterre. Par malchance, le comte touche terre dans la ville où Mina et Lucy passent leurs vacances. La charmante Lucy devient, sous hypnose, la proie du vampire. Alors que Mina part retrouver Jonathan, Lucy succombe aux morsures de Dracula, en dépit des efforts du professeur Van Helsing et de ses trois prétendants.

Les quatre hommes sont donc obligés de se rendre dans la tombe de Lucy afin de lui enfoncer un pieu dans le cœur. Ils se mettent ensuite en quête du vampire qui l'a transformée et qui se cache à Londres. Leur enquête progresse d’un grand pas le jour où ils rencontrent Jonathan et Mina Harker ; ils parviennent à acculer Dracula qui se venge en asservissant Mina. Afin de sauver la vie et l’âme de Mina, les cinq hommes se lancent à la poursuite du vampire qui a quitté l’Angleterre pour regagner les Carpates. Ils arrivent le retrouver pendant son voyage et le tuent. »

Voilà pour l’intrigue. Si vous avez déjà l’impression de la connaître, c’est normal. J’aime autant vous dire que tout effet de surprise étant éventé à ce niveau, tout le roman repose sur le reste, le style et les personnages.

D’après mon résumé, il parait assez évident que les personnages manquent de complexité alors qu’en fait pas du tout. Certes, c’est un roman qui date de l’époque victorienne, ce qui implique une morale rigide et une faible liberté pour l’auteur. Les gentils doivent être gentils, pieux et dignes dans leur affliction, et le vampire est l'incarnation du mal. Pourtant, les héros passent par toute une palette d'émotions, parfois chevaleresques et parfois emplis de fureur.

Le style mérite tout autant de commentaires, car le format choisi est atypique : une suite de comptes-rendus, de courriers et de journaux personnels. Ce genre, assez proche du roman épistolaire, laisse la part belle aux émotions et à la subjectivité, heureusement contrebalancée par la multiplicité des sources. Par contre, il rend la lecture longue et fastidieuse. Difficile de replonger dans le texte si on a eu le malheur de le poser plusieurs jours d'affilée. Le mieux reste de tout lire d'un bloc, de se laisser emporter par une quête pleine de rebondissements (hélas éventés).

L'une des forces de l'auteur est aussi d'avoir réussi à donner une voix propre à chacun des personnages. Jonathan Harker, prisonnier du château de Dracula, ne s'exprimera pas de la même façon que le docteur Seward qui étudie le cas de Renfield, ni que sa fiancée languissante, Mina Murray.

Je suis sincèrement convaincue que ce roman est une œuvre majeure du courant fantastique, mais, en tant que telle, la lecture n'en ai pas des plus agréables. Ma suggestion serait donc un compromis entre livre et film ; lire "L'invité de Dracula" qui est une nouvelle écrite par Bram Stoker et qui a été retirée du roman avant sa publication, et regarder une bonne adaptation.

lundi 9 mai 2011

Morte saison

Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais au niveau des publications de fanzines c'est la morte saison. J'ai tout juste le second numéro des Soupirs de Ligeia à chroniquer, mais je vais avoir un peu de mal à remettre la main dessus.

Histoire de patienter un peu, je vais donc me remettre à chroniquer quelques livres en attendant que le numéro 20 d'Éclats de rêves pointe le bout de son nez. Il devrait aussi y avoir un prochain numéro d'Éveil à paraître dans les prochains mois et peut-être un Black Mamba.

mercredi 4 mai 2011

Chapitre 13 de Limonade - The end

Et voilà, un chapitre supplémentaire que j'espère dense en péripéties et rebondissements. C'est la seule manière que j'ai trouvé afin d'éviter au rythme du roman de ralentir aux alentours de sa moitié.

Pour ceux qui arriveraient en cours de route, le début du chapitre 13 se trouve .

Quant à la suite, elle devrait vous réserver quelques scènes du même ordre. Cependant, les choses vont se calmer pour nos héros durant les vacances de la Toussaint.

J'avoue qu'il va être difficile d'instaurer une ambiance feuilles mortes, pluies et champignons vu que nous sommes en plein cœur du printemps, mais je compte bien relever le défi.

Bonne lecture pour les 11 prochains chapitres !

lundi 2 mai 2011

Chapitre 13 de Limonade - Episode 10

Il s’agissait de Charline qui marchait d’un pas vif. Lorsqu’elle se trouva à proximité, ils aperçurent l’immense sourire qui se dessinait sur ses lèvres maquillées. Avant qu’ils ne l’interpellent, elle sauta au cou de Corentin. Trop gêné pour savoir comment réagir, celui-ci se laissa embrasser sur la joue.
– Qu’est-ce qui t’arrive ?

Le ton sec de Fabrice mit fin aux effusions de la jeune fille. Elle cessa d’étreindre sa victime qui arborait une marque prune par-dessus la rougeur de ses pommettes, mais elle paraissait toujours aussi euphorique. Son affection débordante se déversa ensuite sur l’autre adolescent.
– L’exorcisme a fonctionné ! expliqua-t-elle avec allégresse.
– À quoi tu l’as vu ?

Elle se tourna vers le plus jeune du groupe, puis haussa les épaules.
– Je n’ai plus cette impression étrange, comme si j’étais constamment surveillée. Les cauchemars aussi ont disparu.
– C’est lui qu’il faut remercier, pas moi, protesta Fabrice en essuyant les traces de maquillage sur sa joue.
– Je ne voulais pas que tu sois jaloux.
– Ne t’embête pas pour ça.
– Ta copine te garde à l’œil ?

Il secoua la tête avec une moue chagrinée. La pause étant déjà bien entamée, son ami demanda :
– Tu as pu relire ton cahier ?
– J’ai fait mieux, je te les ai apportés.

La jeune fille lui confia un cahier à la couverture brillante orné d’autocollants en forme de tête de mort.
– Ça ne parle pas que de magie, mais je n’avais pas le temps de recopier juste les passages qui t’intéressent.
– OK. Combien de temps je peux le garder ?

Elle hésita, puis finit pas répondre avec résignation :
– Toutes les vacances, si tu veux.

Il la remercia, porté par une confiance envers l’avenir qu’il n’avait pas éprouvée depuis des mois. Quand la sonnerie signala de façon assourdissante la fin de la récréation, Charline fit demi-tour. Les deux garçons s’apprêtaient à l’imiter, mais Fabrice retint son compagnon par la manche.
– Tu as toutes tes chances avec la sorcière.
– Mes chances de quoi ?
– Sortir avec elle.
– N’importe quoi. Elle t’a embrassé aussi, je te rappelle.

Cet échange suscita un court instant de malaise qui se dissipa aussitôt qu’ils eurent regagné les bâtiments du lycée.