Stationnée le long d’une pompe à essence, la moto de Fabrice ignorait les regards noirs que lui jetait Corentin.
— Si ça se trouve, ton artefact essayait de mettre en garde contre cet engin.
— Non, répliqua l’adolescent sans même lever la tête du réservoir qu’il tâchait de remplir. Le pendentif est encore de plus en plus brûlant. Et ton pressentiment ?
L’apprenti magicien secoua la tête.
— Il n’a pas duré très longtemps. Dès que j’ai arrêté de regarder le livre, il a disparu.
— Le golem, c’est ça ?
— Oui.
La combinaison de ces deux manifestations ne lui inspirait rien de bon. Pourtant, en l’absence d’éléments tangibles, il ne pouvait encore rien tenter pour tenir à distance les maléfices qu’il sentait s’amonceler autour d’eux.
— Je n’aime pas ça, marmonna Corentin entre ses dents serrées. Je n’aime pas ça du tout…
— Qu’est ce qu’il y a ?
Alarmé par le ton assourdi de son ami, Fabrice avait cessé de faire le plein de la moto. Dans le silence de la station-service, l’adolescent point du doigt l’entrelacs de néons rouge et jaunes qui éclairaient le parking.
— Les lumières, expliqua-t-il, elles pulsent.
Levant les yeux vers l’enseigne indiquée par le jeune sorcier, Fabrice fronça les sourcils.
— Ça m’a l’air plutôt normal.
— Je ne sais pas…
Corentin répugnait à admettre que son pressentiment venait de réapparaitre. Une migraine intense lui vrillait les tempes tandis que les vapeurs d’essence accentuaient la nausée qui lui tordait l’estomac.
D’un air sombre, Fabrice déclara :
— Je vais me dépêcher de payer comme ça on pourra filer d’ici en vitesse.
En quelques enjambées, l’adolescent pénétra dans la guérite de la station. Pendant ce temps, Corentin s’assit sur un plot de béton maculé de taches d’huiles et de trainées de pneus. La respiration difficile, il s’efforça de rassembler toute sa concentration pour remonter à la source des impressions néfastes qui le harcelaient sans cesse.
vendredi 2 décembre 2011
mercredi 30 novembre 2011
Chapitre 18 de Limonade - Episode 5
La nuit était déjà tombée lorsque Fabrice et Corentin quittèrent la libraire ésotérique. Une pluie fine mouillait le macadam et les trottoirs humides reflétaient la lumière orangée des réverbères. Le sac en plastique blanc fourni par la table d’Hermès protégeait le livre de la pluie.
En avisant la moto couverte de gouttes froides, Corentin soupira :
— On aurait dû prendre le bus...
— À cette heure, et un dimanche en plus, les bus passent toutes les trente minutes.
L’adolescent admit le bien-fondé de la remarque. Pendant que son compagnon retirait l’antivol de la roue avant, il glissa La magie des minéraux et des végétaux correctement emmailloté sous son blouson.
Au moment d’enfourcher la selle, il remarqua que Fabrice avait une main crispée sur la poitrine.
— Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta le benjamin tout en se maintenant en équilibre sur la selle glissante.
— C’est le truc de Charline, il me brûle !
La grimace qui déforma les traits de Fabrice quand qu’il sortit le talisman de sous son tee-shirt était éloquente. L’entrelacs de perles et de fils paraissait aussi chaud que du métal porté au rouge. Il l’exhiba à son ami en le tenant du bout des doigts.
Avec une moue circonspecte, Corentin le manipula en espérant découvrir la cause de sa chaleur. Cependant, le pendentif ne fonctionnait pas pour lui et il rendit à son propriétaire.
— Tu penses que c’est lié à mon pressentiment ?
— Oui. Raison de plus pour ne pas traîner ici !
Sans s’attarder davantage, les deux adolescents quittèrent la ruelle, emportés par le grondement enroué de la moto. Après une centaine de mètres, celle-ci fit une embardée qui manqua de la coucher sur le bitume
Les réflexes de Fabrice suffirent à leur éviter un accident. Hélas, il eut beau pousser les gaz au maximum, elle refusa de reprendre son élan.
— Je crois que le réservoir est à sec ! hurla-t-il à travers la vitre ouverte de son casque.
À ses grands gestes et ses efforts désespérés pour redémarrer, Corentin n’eut aucun mal à comprendre la situation. Il se cramponna à son ami tandis que ce dernier obliquait leur trajectoire vers une station-service.
En avisant la moto couverte de gouttes froides, Corentin soupira :
— On aurait dû prendre le bus...
— À cette heure, et un dimanche en plus, les bus passent toutes les trente minutes.
L’adolescent admit le bien-fondé de la remarque. Pendant que son compagnon retirait l’antivol de la roue avant, il glissa La magie des minéraux et des végétaux correctement emmailloté sous son blouson.
Au moment d’enfourcher la selle, il remarqua que Fabrice avait une main crispée sur la poitrine.
— Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta le benjamin tout en se maintenant en équilibre sur la selle glissante.
— C’est le truc de Charline, il me brûle !
La grimace qui déforma les traits de Fabrice quand qu’il sortit le talisman de sous son tee-shirt était éloquente. L’entrelacs de perles et de fils paraissait aussi chaud que du métal porté au rouge. Il l’exhiba à son ami en le tenant du bout des doigts.
Avec une moue circonspecte, Corentin le manipula en espérant découvrir la cause de sa chaleur. Cependant, le pendentif ne fonctionnait pas pour lui et il rendit à son propriétaire.
— Tu penses que c’est lié à mon pressentiment ?
— Oui. Raison de plus pour ne pas traîner ici !
Sans s’attarder davantage, les deux adolescents quittèrent la ruelle, emportés par le grondement enroué de la moto. Après une centaine de mètres, celle-ci fit une embardée qui manqua de la coucher sur le bitume
Les réflexes de Fabrice suffirent à leur éviter un accident. Hélas, il eut beau pousser les gaz au maximum, elle refusa de reprendre son élan.
— Je crois que le réservoir est à sec ! hurla-t-il à travers la vitre ouverte de son casque.
À ses grands gestes et ses efforts désespérés pour redémarrer, Corentin n’eut aucun mal à comprendre la situation. Il se cramponna à son ami tandis que ce dernier obliquait leur trajectoire vers une station-service.
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lundi 28 novembre 2011
Chapitre 18 de Limonade - Episode 4
Ses derniers doutes dissipés, un sourire retroussa la bouche d’Anne-So.
— Je te tiens, chantonna-t-elle en se penchant sur le lit.
Tout ce dont elle avait besoin pour se débarrasser définitivement de son rival se trouvait à portée de main. Avec quelques-uns de ses cheveux et le sortilège adéquat, elle n’aurait plus jamais à se préoccuper de cet exorciste de malheur.
Au moment où la jeune fille tirait l’oreiller de Corentin vers elle, une boule de fourrure noire jaillit de sous la couette. D’un coup de griffe, l’animal lui entailla le poignet jusqu’au sang, puis se réfugia sous le lit en feulant.
— Satanée bestiole, jura-t-elle en se félicitant de ne pas avoir crié sous l’effet de la surprise.
Après avoir pressé un mouchoir contre sa blessure, Anne-Sophie reprit sa tâche là où elle avait été interrompue. Délicatement, elle préleva sur la taie d’oreiller une douzaine de cheveux châtains, tantôt raides ou bouclés. Elle fit attention à ne pas emporter par mégarde de poils de chat afin d’éviter les interférences, puis glissa ses trouvailles dans une pochette de tissu.
Les deux objectifs de sa venue étant remplis, elle passa de nouveau son bracelet autour de son poignet. Le contact du métal froid contre se griffure lui arracha une grimace. Cependant, au contact du sang, les runes gravées vibrèrent d’une énergie nouvelle.
Stupéfaite, Anne-Sophie activa le pouvoir du bijou. En dépit de l’usage qu’elle en avait fait quelques minutes plus tôt, l’enchantement avait retrouvé toute sa puissance.
L’espace d’un court instant, les mains de la jeune fille se couvrirent d’un miroitement chamarré avant de se fondre dans le décor en arrière-plan. La netteté de l’illusion était bien supérieure à celle du début de son intrusion.
Assurée d’être indétectable, Anne-So quitta la chambre comme elle était venue. En passant devant la porte du salon, elle tendit l’oreille afin de surprendre les paroles échangées par Émilie et la voyante.
— Cette carte n’est pas négative en elle-même, expliquait Évelyne Pomarec, mais elle implique de grands changements, une remise en question profonde de ton identité. Par contre, celle-là est beaucoup plus négative…
— C’est la mort.
— Oui, l’arcane treize, celle qui ne porte pas de nom.
Rassurée qu’il s’agisse d’un simple tirage de carte, la jeune sorcière se faufila jusqu’à la porte d’entrée et sortit dans le jardin. Émilie de tarderait pas à la rejoindre et, ensemble, elles pourraient passer à la seconde étape de son plan.
— Je te tiens, chantonna-t-elle en se penchant sur le lit.
Tout ce dont elle avait besoin pour se débarrasser définitivement de son rival se trouvait à portée de main. Avec quelques-uns de ses cheveux et le sortilège adéquat, elle n’aurait plus jamais à se préoccuper de cet exorciste de malheur.
Au moment où la jeune fille tirait l’oreiller de Corentin vers elle, une boule de fourrure noire jaillit de sous la couette. D’un coup de griffe, l’animal lui entailla le poignet jusqu’au sang, puis se réfugia sous le lit en feulant.
— Satanée bestiole, jura-t-elle en se félicitant de ne pas avoir crié sous l’effet de la surprise.
Après avoir pressé un mouchoir contre sa blessure, Anne-Sophie reprit sa tâche là où elle avait été interrompue. Délicatement, elle préleva sur la taie d’oreiller une douzaine de cheveux châtains, tantôt raides ou bouclés. Elle fit attention à ne pas emporter par mégarde de poils de chat afin d’éviter les interférences, puis glissa ses trouvailles dans une pochette de tissu.
Les deux objectifs de sa venue étant remplis, elle passa de nouveau son bracelet autour de son poignet. Le contact du métal froid contre se griffure lui arracha une grimace. Cependant, au contact du sang, les runes gravées vibrèrent d’une énergie nouvelle.
Stupéfaite, Anne-Sophie activa le pouvoir du bijou. En dépit de l’usage qu’elle en avait fait quelques minutes plus tôt, l’enchantement avait retrouvé toute sa puissance.
L’espace d’un court instant, les mains de la jeune fille se couvrirent d’un miroitement chamarré avant de se fondre dans le décor en arrière-plan. La netteté de l’illusion était bien supérieure à celle du début de son intrusion.
Assurée d’être indétectable, Anne-So quitta la chambre comme elle était venue. En passant devant la porte du salon, elle tendit l’oreille afin de surprendre les paroles échangées par Émilie et la voyante.
— Cette carte n’est pas négative en elle-même, expliquait Évelyne Pomarec, mais elle implique de grands changements, une remise en question profonde de ton identité. Par contre, celle-là est beaucoup plus négative…
— C’est la mort.
— Oui, l’arcane treize, celle qui ne porte pas de nom.
Rassurée qu’il s’agisse d’un simple tirage de carte, la jeune sorcière se faufila jusqu’à la porte d’entrée et sortit dans le jardin. Émilie de tarderait pas à la rejoindre et, ensemble, elles pourraient passer à la seconde étape de son plan.
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vendredi 25 novembre 2011
Chapitre 18 de Limonade - Episode 3
Tandis que la consultation divinatoire se poursuivait au rez-de-chaussée, Anne-Sophie gravit les marches escarpées jusqu’à la chambre sous les combles. Autour de son poignet, le bracelet en argent gravé de symboles magique perdait graduellement de son pouvoir. Avant que les effets de l’enchantement d’invisibilité ne se dissipent, elle le retira pour le glisser dans le sac rond qui pendait contre sa hanche.
Après avoir refermé la porte derrière elle pour ne pas être dérangée, la jeune sorcière porta un regard critique sur le mobilier qui l’entourait. Persuadée que Fabrice était tombé sous l’influence d’un sorcier inconnu, elle avait utilisé les cheveux accrochés à son casque afin de retrouver la trace de l’exorciste amateur. À présent, elle espérait découvrir des preuves de son intuition ou, à défaut, un moyen de se débarrasser de l’importun.
Au premier abord, la pièce dans laquelle elle se trouvait n’avait rien de l’antre d’un magicien. Le désordre du bureau et les dessins accrochés au mur donnaient à la chambre un côté artiste. D’après les livres de cours étalés parmi les croquis, le garçon qui habitait ici n’était qu’en seconde. Selon les étiquettes collées çà et là, ce dernier se prénommait Corentin.
Une sensibilité familière, presque magique, émanait du bric-à-brac qui encombrait le plan de travail. Anne-Sophie sortit une fine poudre de craie de son sac et en jeta une pincée en l’air. Malgré les paroles magiques qu’elle prononça, la poussière blanche se dispersa dans l’air.
— Aucun objet de pouvoir ! Mais ce n’est pas possible, pesta la jeune fille.
L’absence d’artefact dans cette chambre la laissa perplexe. Chaque sorcier en possédait au moins un, pour l’aider à canaliser son énergie lors des rituels ou pour amplifier ses pouvoirs.
En examinant les livres qui gisaient au pied du lit, Anne-Sophie obtint néanmoins la confirmation que le dénommé Corentin s’intéressait de près la magie. Plusieurs ouvrages traitaient les propriétés magiques des plantes, et d’autres étaient consacrés aux runes.
Après avoir refermé la porte derrière elle pour ne pas être dérangée, la jeune sorcière porta un regard critique sur le mobilier qui l’entourait. Persuadée que Fabrice était tombé sous l’influence d’un sorcier inconnu, elle avait utilisé les cheveux accrochés à son casque afin de retrouver la trace de l’exorciste amateur. À présent, elle espérait découvrir des preuves de son intuition ou, à défaut, un moyen de se débarrasser de l’importun.
Au premier abord, la pièce dans laquelle elle se trouvait n’avait rien de l’antre d’un magicien. Le désordre du bureau et les dessins accrochés au mur donnaient à la chambre un côté artiste. D’après les livres de cours étalés parmi les croquis, le garçon qui habitait ici n’était qu’en seconde. Selon les étiquettes collées çà et là, ce dernier se prénommait Corentin.
Une sensibilité familière, presque magique, émanait du bric-à-brac qui encombrait le plan de travail. Anne-Sophie sortit une fine poudre de craie de son sac et en jeta une pincée en l’air. Malgré les paroles magiques qu’elle prononça, la poussière blanche se dispersa dans l’air.
— Aucun objet de pouvoir ! Mais ce n’est pas possible, pesta la jeune fille.
L’absence d’artefact dans cette chambre la laissa perplexe. Chaque sorcier en possédait au moins un, pour l’aider à canaliser son énergie lors des rituels ou pour amplifier ses pouvoirs.
En examinant les livres qui gisaient au pied du lit, Anne-Sophie obtint néanmoins la confirmation que le dénommé Corentin s’intéressait de près la magie. Plusieurs ouvrages traitaient les propriétés magiques des plantes, et d’autres étaient consacrés aux runes.
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mercredi 23 novembre 2011
Chapitre 18 de Limonade - Episode 2
L’apprentie sorcière réprima l’inquiétude suscitée par cette disparition. Elle reporta son attention sur la femme qu’elle était venue consulter. Avec ses longs cheveux noirs striés de blanc et sa tunique ample, Évelyne ressemblait davantage à une bohémienne qu’à une adepte des arts occultes. Son regard clair s’animait cependant d’un éclat trahissant une perspicacité au-delà de celle des personnes ordinaires.
— Tout va bien ? s’inquiéta la voyante.
Au ton de sa voix, Émilie comprit que son interlocutrice ressentait son trouble. Tout en tâchant d’imaginer une explication crédible pour son attitude distraite, elle répondit :
— Oui, oui, marmonna-t-elle, j’ai cru entendre quelque chose dans le jardin.
— Ah, ce doit être Lucifer qui se promène.
Pour être déjà venue, la jeune fille savait que ce nom diabolique appartenait à un chat noir aux yeux d’un vert phosphorescent et aux griffes acérées, un vrai chat de sorcière. Elle esquissa un vague sourire destiné à rassurer la femme qui l’invita à entrer.
Avant de franchir la porte, Émilie se remémora les consignes qu’Anne-Sophie lui avait répétées durant tout le trajet. Elle devait retenir la voyante dans son salon pendant une demi-heure, puis repartir en s’efforçant d’avoir l’air naturel. L’emploi d’une formule de silence devant le portillon avait été un ajout de dernière minute de la part de sa compagne, mais jamais il n’avait été question que celle-ci disparaisse.
Un dernier regard au jardin désert assura à la jeune fille qu’elle se retrouvait seule. Elle hésita à rebrousser chemin, puis, finalement, s’engagea dans le couloir baigné d’une lueur orangée.
Au moment de refermer la porte, le battant buta sur quelque chose.
— Laisse-la ouverte, souffla une voix désincarnée semblable à celle qu’Anne-Sophie prenait pour chuchoter ses ordres lors des cérémonies.
Un courant d’air tiède frôla le bras d’Émilie. Affolée, elle le ramena précipitamment contre sa poitrine.
— Anne-So, tu es là ?
— Chut !
L’expression impérieuse pouvait sans mal être attribuée à la sorcière bien que celle-ci soit invisible. Un miroitement de l’air à l’endroit d’où provenait la voix signalait sa présence malgré le sortilège qu’elle employait pour ne pas être vue. Émilie perdit le phénomène optique de vue au détour de l’escalier menant à l’étage.
Déçue du manque de confiance témoignée par Anne-Sophie, elle la laissa à ses activités mystérieuses et pénétra dans le salon. Déjà installée dans son fauteuil, Évelyne Pomarec avait étalé les arcanes de tarot sur la table devant elle.
— Vous n’auriez pas plutôt des runes ? demanda Émilie.
— Tout va bien ? s’inquiéta la voyante.
Au ton de sa voix, Émilie comprit que son interlocutrice ressentait son trouble. Tout en tâchant d’imaginer une explication crédible pour son attitude distraite, elle répondit :
— Oui, oui, marmonna-t-elle, j’ai cru entendre quelque chose dans le jardin.
— Ah, ce doit être Lucifer qui se promène.
Pour être déjà venue, la jeune fille savait que ce nom diabolique appartenait à un chat noir aux yeux d’un vert phosphorescent et aux griffes acérées, un vrai chat de sorcière. Elle esquissa un vague sourire destiné à rassurer la femme qui l’invita à entrer.
Avant de franchir la porte, Émilie se remémora les consignes qu’Anne-Sophie lui avait répétées durant tout le trajet. Elle devait retenir la voyante dans son salon pendant une demi-heure, puis repartir en s’efforçant d’avoir l’air naturel. L’emploi d’une formule de silence devant le portillon avait été un ajout de dernière minute de la part de sa compagne, mais jamais il n’avait été question que celle-ci disparaisse.
Un dernier regard au jardin désert assura à la jeune fille qu’elle se retrouvait seule. Elle hésita à rebrousser chemin, puis, finalement, s’engagea dans le couloir baigné d’une lueur orangée.
Au moment de refermer la porte, le battant buta sur quelque chose.
— Laisse-la ouverte, souffla une voix désincarnée semblable à celle qu’Anne-Sophie prenait pour chuchoter ses ordres lors des cérémonies.
Un courant d’air tiède frôla le bras d’Émilie. Affolée, elle le ramena précipitamment contre sa poitrine.
— Anne-So, tu es là ?
— Chut !
L’expression impérieuse pouvait sans mal être attribuée à la sorcière bien que celle-ci soit invisible. Un miroitement de l’air à l’endroit d’où provenait la voix signalait sa présence malgré le sortilège qu’elle employait pour ne pas être vue. Émilie perdit le phénomène optique de vue au détour de l’escalier menant à l’étage.
Déçue du manque de confiance témoignée par Anne-Sophie, elle la laissa à ses activités mystérieuses et pénétra dans le salon. Déjà installée dans son fauteuil, Évelyne Pomarec avait étalé les arcanes de tarot sur la table devant elle.
— Vous n’auriez pas plutôt des runes ? demanda Émilie.
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lundi 21 novembre 2011
Chapitre 18 de Limonade - Episode 1
Au moment de pousser le portillon encadré d’hortensia au feuillage doré, les deux filles échangèrent un regard lourd de sens.
— Il est temps de régler les choses à notre manière, déclara Anne-Sophie.
— Oui.
Sa compagne, plus jeune de deux ans, baissa les yeux vers le goudron à ses pieds. Elle s’agenouilla sur le trottoir et, à l’aide d’une craie blanche, traça une série de runes. Une onde de pouvoir parcourut son bras avant d’imprégner les symboles dessinés devant le portail.
— Silence, imposa-t-elle aux runes avant de s’engager dans le jardin.
Lorsqu’Émilie posa le pied sur l’allée recouverte de gravillons, les pierres n’émirent pas le moindre crissement.
— Ça a marché, dit-elle en se retournant vers sa compagne, une étincelle de fierté dans les yeux.
— Bien sûr que ça a marché, je te rappelle que je t’ai donné mon amulette.
La sécheresse de cette réponse serra le cœur de l’adolescente. En temps normal, elle manquait de talent pour insuffler sa volonté aux runes. Le don d’Anne-Sophie lui en donnait désormais la capacité, mais ce cadeau avait un prix : accompagner cette dernière chez une voyante, et, bien sûr, garder cette petite aventure secrète.
Ce fut sur ces pensées qu’elle s’avança à travers le carré de verdure qui séparait le pavillon de la rue Courteline. De part et d’autre de l’allée, la pelouse était recouverte d’un tapis de feuilles mortes allant du jaune pâle au brun, en passant par le rouge écarlate de la vigne vierge dont les vrilles grimpaient le long des murs. Comme laissé à l’abandon, le jardin se parait des couleurs de l’automne.
Distraite de son observation des lieux par un picotement désagréable sur sa nuque, Émilie hâta le pas. Sans un bruit, ses mocassins écrasèrent les feuilles sèches accumulées contre les marches du perron. Alors qu’elle pressait le bouton de la sonnette, une vibration semblable à celle qu’elle avait ressentie en traçant les runes fusa dans son dos.
La jeune fille s’apprêtait à se retourner lorsque le battant s’ouvrit.
— Excuse-moi Émilie, commença la voyante sur le seuil, je ne t’avais pas entendue arriver.
Intriguée qu’Évelyne Pomarec s’adresse exclusivement à elle, Émilie jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. À l’exception de la chute des feuilles, aucun mouvement n’agitait la pelouse envahie d’herbes folles ; Anne-Sophie s’était volatilisée.
— Il est temps de régler les choses à notre manière, déclara Anne-Sophie.
— Oui.
Sa compagne, plus jeune de deux ans, baissa les yeux vers le goudron à ses pieds. Elle s’agenouilla sur le trottoir et, à l’aide d’une craie blanche, traça une série de runes. Une onde de pouvoir parcourut son bras avant d’imprégner les symboles dessinés devant le portail.
— Silence, imposa-t-elle aux runes avant de s’engager dans le jardin.
Lorsqu’Émilie posa le pied sur l’allée recouverte de gravillons, les pierres n’émirent pas le moindre crissement.
— Ça a marché, dit-elle en se retournant vers sa compagne, une étincelle de fierté dans les yeux.
— Bien sûr que ça a marché, je te rappelle que je t’ai donné mon amulette.
La sécheresse de cette réponse serra le cœur de l’adolescente. En temps normal, elle manquait de talent pour insuffler sa volonté aux runes. Le don d’Anne-Sophie lui en donnait désormais la capacité, mais ce cadeau avait un prix : accompagner cette dernière chez une voyante, et, bien sûr, garder cette petite aventure secrète.
Ce fut sur ces pensées qu’elle s’avança à travers le carré de verdure qui séparait le pavillon de la rue Courteline. De part et d’autre de l’allée, la pelouse était recouverte d’un tapis de feuilles mortes allant du jaune pâle au brun, en passant par le rouge écarlate de la vigne vierge dont les vrilles grimpaient le long des murs. Comme laissé à l’abandon, le jardin se parait des couleurs de l’automne.
Distraite de son observation des lieux par un picotement désagréable sur sa nuque, Émilie hâta le pas. Sans un bruit, ses mocassins écrasèrent les feuilles sèches accumulées contre les marches du perron. Alors qu’elle pressait le bouton de la sonnette, une vibration semblable à celle qu’elle avait ressentie en traçant les runes fusa dans son dos.
La jeune fille s’apprêtait à se retourner lorsque le battant s’ouvrit.
— Excuse-moi Émilie, commença la voyante sur le seuil, je ne t’avais pas entendue arriver.
Intriguée qu’Évelyne Pomarec s’adresse exclusivement à elle, Émilie jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. À l’exception de la chute des feuilles, aucun mouvement n’agitait la pelouse envahie d’herbes folles ; Anne-Sophie s’était volatilisée.
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vendredi 11 novembre 2011
Les 8es rencontres de l'imaginaire de Sèvres
Cette année, j'ai l'occasion de donner un coup de main à l'association Transition sur leur stand des huitièmes rencontres de l'imaginaire qui se dérouleront à Sèvres (près de Paris) le samedi 10 décembre. Je serais donc présente sur le salon pour tenir compagnie aux membres de l'association et vendre des fanzines.
Personnellement, je compte bien en profiter pour me procurer les derniers numéros d’Éveil et de Pénombre. Vous pourrez donc vous attendre à un compte-rendu de mon premier salon de littérature côté exposant, en attendant de faire des dédicaces pour Limonade, et aux critiques des fanzines durant le mois de décembre.
Si vous voulez-vous faire une idée de Transition et de ses publications, leur site a été amélioré récemment (Transition, l'autre réalité) et le forum d'Actu SF donne des informations utiles (les rencontres de l'imaginaire 2011).
Personnellement, je compte bien en profiter pour me procurer les derniers numéros d’Éveil et de Pénombre. Vous pourrez donc vous attendre à un compte-rendu de mon premier salon de littérature côté exposant, en attendant de faire des dédicaces pour Limonade, et aux critiques des fanzines durant le mois de décembre.
Si vous voulez-vous faire une idée de Transition et de ses publications, leur site a été amélioré récemment (Transition, l'autre réalité) et le forum d'Actu SF donne des informations utiles (les rencontres de l'imaginaire 2011).
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