Les garçons s’installèrent à l’écart, sur les marches qui menaient à la cantine. Un ciel gris dans lequel apparaissaient ça et là des trouées bleues recouvrait la ville. En l’absence de vent, les feuilles brunes des arbres de la cour s’accumulaient autour des troncs entourés de grillage.
– Vivement les vacances, dit Fabrice sur un ton maussade.
– Oui. Vendredi soir, on sera tranquille…
La perspective d’une semaine de congés pour la Toussaint était des plus alléchantes. Débarrassé de ses obligations scolaires, Corentin pourrait consacrer davantage de temps à l’étude de la magie wiccante et aux tarots. Il conservait aussi l’espoir de passer du temps en compagnie de Gwenaëlle.
Une vague de nostalgie lui serra le cœur, puis il retourna à ses préoccupations immédiates.
– Tu te souviens du dessin de la ville de cristal ?
– Oui, celui que tu as sorti au cours de maths. Tu m’as représenté dans un genre de labyrinthe.
– Il avait quelque chose de spécial ?
– Pas vraiment, mais j’aimerais savoir si tu as une idée sur ce qu’il signifie. Tu sais, le truc de métaphore…
Fabrice examina la feuille tendue par son compagnon.
– C’est bien moi. Par contre, tout ce qu’il y a autour ne me dit rien du tout.
Avec une pointe d’inquiétude, Corentin récupéra sa création. Il l’observa quelques secondes, puis la remit dans son sac et déclara :
– En général, je dessine lorsque je pense à un truc précis, mais pour celui-là, c’était différent. J’avais l’impression que les images voulaient absolument sortir de ma tête et…
– Continue, l’encouragea son ami.
– J’avais très mal à la tête au début. Je n’arrivais pas à arrêter d’y penser, jusqu’à ce que je le termine.
– Tu as terminé par quoi ?
– Toi.
Devenir le sujet d’un présage ne paraissait pas être au goût de l’adolescent. Ses efforts pour rester calme et détaché n’échappèrent pas à son compagnon quand il suggéra :
– Ce dessin était peut-être une mise en garde.
– Une mise en garde contre quoi ?
– Comment veux-tu que je le sache ! C’est toi le…
Il s’interrompit tout à coup. La confusion qui se lisait sur son visage trahissait ses regrets de s’être laissé emporter. Il s’apprêta à s’excuser, mais Corentin lui sourit.
– Je ne sais pas très bien ce que je suis. Alors, je pense qu’on devrait en rester là.
vendredi 18 février 2011
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