Évelyne se déplaça dans son antique Peugeot jusqu’au lycée Jean Lurçat. Elle récupéra son neveu complètement ensommeillé à l’infirmerie, puis le ramena à son domicile. En chemin, elle s’inquiéta :
– Qu’est-ce qui t’arrive ?
– Je me sens mal. Comme si ma tête allait exploser ou ma peau se déchirer…
– Mets ça, dit-elle en désignant un bracelet accroché au rétroviseur intérieur.
Trop sonné pour réfléchir, Corentin obéit. Il eut un mouvement d’hésitation en se rappelant le bracelet maudit que sa tante avait donné à Fabrice. Cependant, il passa quand même l’entrelacs de fils de couleur et de perles vert pâle à son poignet droit.
Il se sentit soudain beaucoup mieux. La part rationnelle qui subsistait dans son esprit attribua sa guérison au remède de l’infirmière, mais il avait la certitude que le grigri en était la cause réelle. Avec un sourire aux accents inquiets, Évelyne demanda :
– Ça va mieux ?
Il acquiesça et profita de la fraîcheur de la vitre contre son front. Sans intérêt particulier, il observa les véhicules immobilisés dans les embouteillages de la fin de journée. À sa gauche, sa tante ne cessait de marmonner tandis qu’elle s’efforçait de slalomer entre les voitures.
Lors d’un virage brusque, l’adolescent nota qu’elle portait un bracelet similaire au sien. Il comprit alors qu’il n’était pas le seul à percevoir les mauvaises vibrations qui l’entouraient.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Je ne sais pas encore. Quelqu’un dans notre entourage court un grave danger.
Cette affirmation assécha en un instant la bouche de Corentin.
– Qui ? demanda-t-il.
– Je l’ignore, mais comme c’est une personne que nous connaissons tous les deux, le recoupement sera plus rapide.
Oppressés par ce sentiment de malheur indéfinissable, ils achevèrent le trajet dans le silence le plus complet.
Une fois dans son pavillon, Évelyne laissa Corentin reprendre ses esprits dans la cuisine tandis qu’elle épluchait son carnet d’adresses.
– Appelle les Gennec, la supplia-t-il.
Elle monta à l’étage afin de téléphoner aux voisins de sa sœur pendant que son neveu sirotait une tisane de thym au goût déplaisant.
lundi 28 février 2011
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