vendredi 31 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 6

Une fois l’heure d’anglais terminée, l’adolescent quitta le lycée afin d’aller acheter son déjeuner. D’habitude, il rentrait déjeuner chez sa tante ; bien qu’il apprécie de manger à l’extérieur, ces repas constituaient en dépense imprévue qui entamait le peu d’argent de poche que ses parents lui donnaient.

S’il améliorait ses notes, son père lui avait promis de lui accorder une somme plus conséquente. Jusqu’à présent, il avait toujours considéré que ses résultats scolaires étaient le fruit du hasard. Pourtant, avec l’aide de Fabrice, il était arrivé à maîtriser les équations. La possibilité d’augmenter sa moyenne de quelques points ne lui parut plus aussi irréaliste qu’auparavant.

Ces préoccupations lui tinrent compagnie pendant qu’il se rendait sur le parking du lycée où il avait donné rendez-vous à son ami. Assis sur le rebord du trottoir, il regarda les feuilles des platanes tomber en zigzag, tandis que leurs fruits heurtaient le bitume avec un son mat.

Son repas terminé, il tua le temps en écrasant les akènes sous ses tennis. Ces boules granuleuses libéraient une myriade graines aussi légère que du duvet.
– Tu t’amuses bien ? ironisa Fabrice dans son dos.

Gêné d’avoir été surpris dans une activité aussi puérile, Corentin rougit. Il fouilla ensuite dans son sac pour en sortir la feuille sur laquelle il avait noté ses observations. Comme son compagnon terminait d’engloutir un sandwich, il lui en fit la lecture :
– En examinant le dessin de la femme masquée, j’ai reconnu les trucs qui sont suspendus aux branches. Ce sont des attrapes rêves.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda son ami, la bouche pleine.
– Des charmes qui protègent des cauchemars et des influences magiques.
– C’est pareil que ton exorcisme ?
– Non. Les attrapes-rêves ne détruisent pas les sortilèges, ils tes attirent et les emprisonnent.

L’adolescent hocha la tête, mais ne paraissait pas très à l’aise avec ces notions. Corentin poursuivit :
– C’est expliqué sur le forum « le jardin de Ceridwen ». D’ailleurs, la personne qui a écrit toutes les explications sur les attrapes-rêves, c’est ChaChina.
– L’identité virtuelle de Charline Kim.
– Oui. Je pense même que c’est elle qui est représentée sur mon dessin.

Impressionné par cette déduction, Fabrice en oublia de terminer son repas. Il fixa son ami, puis murmura :
– Tu t’es sacrément bien débrouillé.

La timidité de Corentin l’empêcha de trouver réponse. Il se contenta de baiser les yeux sur sa feuille.

mercredi 29 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 5

Les bribes d’informations dont il disposait à propos de Charline continuèrent de le titiller alors qu’il examinait l’arbre à grigris. Des mobiles composés de plumes et de brindilles ainsi que des entrelacs de ficelles pendaient de ses branches décharnées. En les observant de plus près, il constata que ces objets étaient des attrapes-rêves. Or, Charline maitrisait la création de ces charmes.

Ce lien frappa Corentin comme une gifle. Il recula le nez de sa feuille et considéra le dessin dans son ensemble. Le masque blanc qui recouvrait le visage de la femme symbolisait son recours à une identité virtuelle, tandis que les spirales gravées dans l’écorce étaient des enchantements runiques.

L’adolescent acquit la conviction que ce personnage enveloppé dans sa cape n’était autre que cette Charline Kim. Il devenait donc urgent de la rencontrer afin de vérifier cette théorie. Cependant, il devait commencer par en avertir Fabrice.

Trop fébrile pour attendre la pause de midi, Corentin sortit une feuille de son sac. Il y inscrivit tout ce qu’il savait à propos de la jeune fille : son goût pour la création de charmes, sa maîtrise des runes. Les ombres qui entouraient l’arbre lui parurent importantes à mentionner. Il ignorait si elles avaient un lien avec le monde réel. Pourtant, une impression néfaste se dégageait de ces lignes bleues entrecroisées.

Au moment où il s’apprêtait à poursuivre son analyse, il entendit Aurélien :
– Salut Corentin. Tu étais en train de dessiner ?
Avant qu’il n’ait le temps de remettre ses feuilles dans leur pochette, le nouveau venu saisit l’une de celles qui représentaient Gwenaëlle.
– Je ne savais pas que tu t’intéressais à la fantasy. Ils sont vraiment très chouettes.

Le compliment ne réussit pas à faire oublier à Corentin la colère qu’il éprouvait en voyant ses créations ainsi observées. Conscient qu’une réaction trop vive trahirait l’importance de ce dessin, il répondit avec modestie :
– J’ai juste gribouillé ça entre deux cours. Il n’est pas terrible.

Il récupéra la feuille des mains d’Aurélien et le rangea avec les autres. Son camarade n’abandonna pas le sujet pour autant :
– Je peux regarder les autres ?
– Non, je ne préfère pas. Ils ne sont vraiment pas terribles.

Il eut beau insister, Corentin refusa de lui montrer ses créations. Les deux adolescents passèrent à autre chose et préparèrent leurs exercices pour le cours suivant.

lundi 27 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 4

Fabrice reprit le fil de la discussion :
– En fait, peut-être qu’on arrivera mieux à comprendre tes dessins en prêtant attention aux détails.
– Par exemple, le casque qui est apparu ou alors les livres sur les étagères.

Il acquiesça, puis suggéra :
– Il faudrait examiner tous tes dessins et chercher les symboles cachés. Avec ça nous arriverons peut-être à y voir plus clair.

Corentin se mit aussitôt à l’ouvrage. Alors que son ami recensait chacun des éléments de la série représentant Gwenaëlle sous les traits d’une sorcière, il se plongea dans la contemplation des autres dessins.

L’impression de tristesse qui imprégnait le visage androgyne de l’ange perché sur les murailles attira son attention. La douleur et la solitude de cet être aux ailes de plumes étaient palpables. Ces émotions s’accordaient avec la silhouette tordue de la tour encerclée de tiges de métal.

Aucun élément du monde réel n’apparaissait dans ce dessin. L’adolescent passa à celui sur lequel se trouvait la femme masquée. Le personnage, encapuchonné dans une tenue sombre, se tenait debout sous un arbre. Une multitude de grigris ésotériques étaient suspendus à ses branches noueuses.

Le hurlement de la sonnerie interrompit son examen. Fabrice s’empara de son sac, puis se leva :
– J’ai TP de chimie. C’est pas un cours que je peux sécher.
– OK.
– Par contre, j’ai repensé à ce que tu m’as raconté sur Charline Kim.
– Qu’elle maîtrise assez les runes pour être l’auteure de celles du poteau de basket.
– Oui. Ça serait bien qu’on reparle d’elle.

Pressé par la courte durée de la pause, il s’apprêta à quitter la bibliothèque. Cependant, Corentin le retint.
– On se retrouve sur le parking à midi.
– D’accord, mais ne m’attends pas pour manger. Je serais sûrement retard, dit-il avec un sourire d’excuse anticipée.

L’adolescent le laissa partir. Il attendit que le calme revienne dans la salle de lecture pour retourner à ses dessins.

vendredi 24 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 3

Attentif, Fabrice commença par regarder quatre dessins presque identiques. Bien qu’ils soient réalisés au stylo bille sur des feuilles carrelées, un grand soin transparaissait dans ces créations. Des traits entrecroisés figuraient les ombres et les volumes du décor.

Au milieu d’une salle aux allures de crypte se trouvait une femme vêtue d’une longue robe. Son regard était fixé sur le sol dont les dalles étaient recouvertes de roses flétries.
– J’ai déjà vu ce dessin ? demanda-t-il.
– Non, je l’ai dessiné le week-end dernier. Par contre, tu as peut-être vu celui-là.

La feuille que Corentin lui mit dans les mains présentait de subtiles différences avec le précédent. Les fleurs paraissaient plus fraîches et l’expression de la sorcière moins sinistre. Quant aux murs, les étagères qui les recouvraient ne comportaient pas autant de fioles, d’alambic et de livres.

Un détail intrigua Fabrice dans le premier dessin qu’il avait observé. Il pointa un objet posé au milieu des instruments d’alchimie.
– Tu sais ce que c’est ?
– On dirait un casque de moto, s’étonna l’adolescent. Qu’est-ce qu’il fait ici ? Il a l’air complètement anachronique.
– Ce n’est pas n’importe quel casque, c’est le mien ! Je l’ai oublié dans la chambre de Gwenaëlle quand je suis allé au pensionnat.

Corentin resta silencieux, les yeux dans le vague. Il sortit de son mutisme lorsque son ami s’en inquiéta.
– Ça confirme ce que je pensais.
– Et qu’est-ce que tu pensais ?
– Que la femme sur le dessin est une représentation de Gwen.
– Une sorte de métaphore ?

Comme ce terme lui était inconnu, il dévisagea Fabrice avec un air d’incompréhension.
– La métaphore est une figure de style littéraire. Tu verras ça en cours de français, expliqua ce dernier.
– Et ça consiste en quoi ?
– À utiliser une image ou une comparaison détournée afin de décrire quelque chose. Par exemple, il pleut des cordes, c’est une métaphore.

Son interlocuteur marqua une pause, puis se justifia :
– Je suis tombé dessus au bac de français, c’est pour ça que je m’en rappelle encore.
Cette digression avait éloigné les deux garçons de leur point de départ.

mercredi 22 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 2

L’adolescent soupira ; sa matinée de cours ne débuterait qu’à dix heures et il n’avait rien prévu pour s’occuper. Une traction exercée sur la poignée de son sac à dos le fit reculer d’un pas. Lorsqu’il se retourna, sur la défensive, il reconnut le sourire de Fabrice :
– Salut Cory !

Agacé par l’emploi de son surnom, l’intéressé marmonna une vague réponse à laquelle son ami répliqua :
– Tu as mangé un croquemort ce matin ?

Cette pique d’humour noir manqua sa cible puisque Corentin haussa à peine un sourcil.
– Non. Pourquoi tu demandes ça ?
– Parce que tu fais une tête d’enterrement. Tu as passé un mauvais week-end ?
– Non. Un week-end normal.

Ce qu’il entendait par normale différait des occupations habituelles des adolescents. Cependant, il n’avait pas envie de s’attarder sur le temps consacré à manipuler les cartes de tarot sous la supervision d’Évelyne. Cette dernière manifestait l’intention d’enseigner à son neveu les bases afin d’exercer plus tard le métier de voyant.

Le vacarme qui résonnait dans le hall était assourdissant. Les murs, recouverts de carreaux de céramique orange et verts, répercutaient les conversations de centaines de lycéens. Bousculé par ceux qui désiraient jeter un œil plein d’espoir au tableau avant le début des cours, Fabrice entraîna son compagnon à l’écart.
– Tu as quoi maintenant ?
– Rien. Mon prof de sport est absent. Et toi ?

Sa réponse fut couverte par le hurlement de la sonnerie. Quand les notes désagréables furent remplacées par le bruit d’une foule en mouvement, il répéta :
– J’ai histoire, mais je n’avais pas l’intention d’y aller. On va regarder tes dessins à la biblio ?

Sans la moindre joie, Corentin acquiesça. Il avait espéré que son ami aurait oublié sa demande du samedi midi.

Une fois qu’ils eurent pris place à une table entourée de rayonnages remplis de dictionnaires, il sortit la pochette contenant ses dessins.

lundi 20 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 1

Le lundi matin, Corentin arriva au lycée avec une inquiétude diffuse. La cause de son malaise était rangée avec soin à l’intérieur d’une pochette plastifiée dans son sac à dos. A la demande de Fabrice, il avait emporté toute sa collection de dessins afin qu’ils puissent l’examiner ensemble.

L’ange dans sa tour de métal tordue, la femme masquée sous son arbre et ceux qui représentaient Gwenaëlle, de plus en plus sombres à mesure que les semaines passaient. Bien qu’il espère que son ami saurait trouver un sens à ses dessins, Corentin répugnait à les lui montrer.

Jusqu’à présent, ils avaient été un secret qu’il partageait avec Gwen ; une manière de préserver le lien qui les unissait. Pourtant, il devait accepter l’aide de Fabrice, car ses espoirs de libérer la jeune fille de l’emprise du sorcier n’avaient aucune chance de se réaliser sans sa participation.

Plus âgé et plus confiant, l’adolescent avait fait preuve de son implication en s’introduisant dans le pensionnat Notre-Dame. Il était aussi le seul à connaître les autres filles du club d’histoire. Sans lui, Corentin était forcé d’admettre qu’il ne pouvait aller plus loin que des tirages de cartes et des gribouillis dans les marges de ses cahiers.

Il hésita entre se rendre sur le parking ou attendre dans l’enceinte de l’établissement. Fabrice ne lui avait précisé ni lieu, ni heure de rendez-vous. Ce manque de prévoyance l’agaça, puis il réalisa qu’il aurait très bien pu prendre lui-même cette initiative.

Il traina les pieds jusque dans le hall. Avant de lever les yeux vers le tableau des absents, il regretta de ne pas être resté dans son lit. Intrigué par cette pensée soudaine, il constata que le nom de professeur de sport figurait parmi les absents. Il aurait effectivement pu dormir deux heures de plus ce matin-là.

vendredi 17 décembre 2010

Eclat de rêves n°19

Pour ce numéro 19, l’équipe d’Eclats de rêves a rassemblé les nouvelles retenues après deux appels à texte. Il s’agit donc d’un opus particulièrement bien garni avec une première partie consacrée à la vapeur et une seconde aux chaussures.

A toute vapeur !

Cette partie débute avec une nouvelle de Timothée Rey qui est dans la droite ligne de ses autres textes, difficile au premier abord, mais enchanteur. Dans « C'est vrai, quoi, chacun son tour », il y a un univers original à mi-chemin en la SF et la fantasy, des machines à vapeur bien entendu, un prince impatient de livrer bataille et un vocabulaire aussi riche qu’étonnant. Tous les éléments s’imbriquent pour mener le lecteur jusqu’à une bataille épique dont la chute esquive le tragique avec humour.

L’ambiance touchante de « Ma toute vapeur », la courte nouvelle d'E-Traym, aborde la vapeur sous un autre angle, celui d’un narrateur fasciné par les particules d’eau en suspension. Le talent de l’auteur permet de se glisser dans les réflexions d’un héros dont on ignore s’il est fou ou visionnaire.

Cette même ambiguïté se retrouve dans « Le voyageur pendulaire » de Dominique Molès. Sauf qu’ici, le narrateur n’est pas fou, en tâchant de fuir son propre reflet, il s’enferme dans une gare qu’il est impossible de quitter. Décrire un tel environnement, à fois logique et décalé, est un pari difficile que l’auteur a su relever avec brio.

Pour clore cette partie, Patrick Duclos nous offre en voyage de pure fantasy dans un mode de glace et de neige. « Un sort funeste » nous donne peu à peu les clés de son narrateur dans un monde hostile et glacial. Bien qu’intéressant, j’ai trouvé que le lien avec le thème du numéro était trop ténu. Ce texte souffre de la proximité avec d’autres que j’ai trouvé de meilleure qualité.

Chaussure, etc.

Changement de thème avec la nouvelle fantastique de Jacqueline Dumas qui narre la vie d’un collectionneur de chaussure. Le titre, « Etrange gestation », donne un aperçu de l’événement qui va perturber son existence. Une fois de plus, l’un des auteurs de ce numéro nous offre un voyage sur le fil qui sépare folie de normalité.

Retour à la fantasy avec « Des brodequins pour la paix » où l’absence de magie est remplacée par la force des coutumes. Dans ce texte, Olivier Boile raconte en trois volet la transition entre une paix fragile entre deux tribus, scellée par un combat rituel dont l’enjeu est un paire de chaussures, et une guerre sans pitié. La force de cette histoire est son côté détaché, mais, bien que dénuée de jugement envers ses personnages, elle réussi à rendre leur destin poignant.

Pas une once de magie non plus dans « L'inspiration » de Sébastien Soubré-Lanabère, mais une audacieuse mise en abîme. En effet, le héros de la nouvelle est un apprenti auteur qui décide de participer à l’appel à texte sur les chaussures. Informaticien blasé, ce dernier essaye de s’échapper de son quotidien morne grâce à l’écriture tout en luttant contre une manque d’inspiration. Le réalisme de cette nouvelle est le bienvenu pour clore ce numéro.

Les trop rares illustrations ne parviennent pas à rendre la diversité des textes. Cependant, la couverture réussi à faire la jonction entre les deux thèmes (un train à vapeur rempli de chaussures), sans pour autant les assembler artificiellement (des chaussures à vapeur).

mercredi 15 décembre 2010

Méli-mélo

Je profite de cet intermède entre les chapitres 9 et 10 pour donner quelques nouvelles sans thème précis (en vrac, donc).

L'anthologie "Mystère et Mauvais Genre" des éditions Sombres Rets dont j'avais parlé dans le billet consacré à "Pandémonium City"est enfin disponible. Je suis allée cherchée ma commande au bureau de poste et elle a rejoint aussi sec ma pile à lire. Pour connaître mon avis sur l'ensemble de l'anthologie, il faudra attendre l'année prochaine.

A propos de Limonade, le chapitre 13 est maintenant terminé. J'ai donc trois chapitres d'avance pour la publication sur ce blog, car le chapitre 10 commencera lundi prochain. Les péripéties qui s'annoncent sont des plus variées (exorcisme raté, cambriolage, malédiction). En effet, j'ai voulu éviter le ralentissement de l'action au milieu du roman et j'espère y être parvenue.

La correction des premiers chapitre stagne depuis trop longtemps, mais, heureusement, les vacances de fin d'année sont proche. J'espère avoir une bonne nouvelle à annoncer en janvier.

Pour le moment, je n'ai rien de plus à raconter. Merci d'avoir lu ce billet fort décousu.

lundi 13 décembre 2010

Les dents de l'amour

Il y a maintenant plus d'une année, j'avais flashé sur la couverture de ce roman avec sa peinture vernie rouge-orangée (l'illustration du billet ne lui rend pas justice). Pour cause de budget limité, j'avais laissé ce livre très prometteur sur sa table. J'ai fini par l'acheter cet été et je me suis régalée à la lire, pourtant il y a des hics.

Premier hic, la quatrième de couverture qui tombe à côté de l'histoire. Ca arrive de temps en temps, mais c'est toujours une déception. A l'attention d'éventuels futurs lecteurs, je précise que les animaux ne vont jamais être du moindre secours à Judy.

A mon avis, la grande réussite de ce livre est la manière dont sont dépeints les personnages, Judy, Thomas, l'empereur, ... Les répliques percurantes et les péripéties qui s'enchaînent rendent la lecture agréable. Cependant, je pense qu'il ne vaut mieux pas s'attarder trop longtemps sur ce livre. En effet, au-delà de l'aventure de Jody, jeune vampire qui essaye de se construire une (non-)vie décente, le roman manque de ressorts dramatiques.

Afin de supléer à la quatrième de couverture défaillante de Calmann-Levy, je vais me livrer cet l'exercice délicat :
"Jusqu'à ce qu'elle croise la route d'un vampire blasé, la vie de Jody se résumait à un petit ami risible, une mère horripilante et un job dans une grosse compagnie à San-Francisco. A présent qu'elle est devenue elle aussi un vampire, l'existence de la jeune femme est bouleversé, car, même si elle y a gagné des capacités surhumaines et une plastique de rêve, le quotidien est devenu impossible à gérer. Son unique espoir : trouver un nouveau petit ami capable de la protéger de lui fournir sa dose d'hémoglobine.
Cette lourde tâche va retomber sur les épaules de Thomas, un apprenti-écrivain à la recherche de l'aventure et d'une femme capable de lui briser le coeur. Entre une jolie vampire rousse et un travail de nuit dans un supermarché, il risque d'avoir plus d'ennuis qu'il ne l'espérait."


Pour finir, mon avis personnel est que ce roman mérite le détour. C'est la première fois que je lis le récit d'un vampire obligé d'aller à la laverie automatique pour nettoyer ses vêtements. Le style de l'auteur est un délire permanent et le rythme est accrocheur. Cependant, comme je le disais plus haut, une meilleure intrigue aurait été la bienvenue.

vendredi 10 décembre 2010

Black Mamba n°19

La nouvelle de Richard Mesplède « Quinte Flush » commence comme un western classique qui deviendrait de plus en plus exagéré et illogique au fil des pages. Pourtant, chaque détail en apparence loufoque trouve sa place dans la conclusion, confirmant l’importance accordée à Black Mamba pour la chute. Bon à savoir, ce texte figure aussi au sommaire de l’anthologie « Mystère et mauvais genre » des éditions Sombres Rets.

Le changement d’atmosphère est radical avec les « Futures stars » de Serena Gentilhomme. Dans un décor impersonnel qui tranche avec le saloon crasseux du précédent récit, deux personnages évaporés parlent, s’embrassent et dévoilent leurs secrets. Le décalage entre les attitudes des héros et le fait-divers tragique dans lequel ils sont impliqués apporte une touche d’humour bienvenue.

Je dois admettre que j’ai toujours un brin d’inquiétude avant d’attaquer un texte de Timothée Rey. Dès les premières lignes de « Zap ! », l’influence de son style bourré de néologisme rend l’immersion difficile. Il faut du temps pour s’adapter à la narration et à la technologie employée. Cependant, l’histoire qu’il raconte, une variation SF sur le thème du crime parfait, mérite que l’on s’y accroche.

Pour finir, la nouvelle de Bénédicte Taffin donne une dimension plus intimiste à cet opus avec sa nouvelle « Relation Mère-Fille ». Le mélange entre les technologies SF et les souffrances humaines se fait avec naturel ; chaque élément s’appuie sur l’autre pour amener le récit jusqu’à sa conclusion. Je m’attendais à chute aux allures de révélations, toute en demi-teinte et en émotion contenue, et je n’ai pas été déçue. Je regrette cependant que tant de détails soient restées dans l’ombre à cause du format court inhérent à la nouvelle.

Les dossiers et interviews qui complètent cette revue m’ont davantage intéressée que d’habitude. Par contre, les trois bande-dessinées m’ont moins séduites malgré leur excellente qualité. J’ai trouvé que les illustrations des nouvelles ont été particulièrement réussies dans ce numéro. Les dessinateurs sont parvenus à coller à l’ambiance de tous les textes et, comme je les ai tous aimés, j’ai trouvé tous les dessins vraiment chouettes.

En conclusion, je dirais que ce numéro est celui que j’ai le plus apprécié depuis mon abonnement. Alors que généralement, au moins l’un des textes me laisse de marbre, cela n’a pas été le cas dans celui-ci.

mercredi 8 décembre 2010

Les aventures d'Anita Blake

Je me suis intéressée à cette série il y a presque trois ans, suite aux conseils d’une collègue rôliste et passionnée par les vampires (Masquerade). Le hic, c’est que l’éditeur Fleuve Noir avait décidé d’abandonner cette licence et que nos amis de Milady n’avaient pas encore commencé à la rééditer. J’ai donc passé un temps fou dans plusieurs librairies avant de me procurer le tome 2, « Le cadavre rieur ».

Si l’on excepte le fait que j’ai dévoré ce roman en quelques heures, mes efforts en valaient la peine. Du coup, j’ai fait l’acquisition du tome 1, puis et des suivants. Je me suis régalée à lire les trois premiers volumes, bourrés de péripéties toutes plus exagérées les uns que les. Néanmoins, à partir du quatrième et de l’arrivée des loups-garous, j’ai commencé à trouver que ça faisait trop. J’ai continué jusqu’au six, mais les scènes chaudes avec le(s) vampire(s) m’ont lassées tout autant que les failles de scénarios.

Afin de m’assurer que je n’allais rien rater de la série en abandonnant, j’ai lu les résumés sur Internet. Lorsque j’ai compris qu’au lieu d’une reprise en main, les intrigues passaient de polar fantastique à romance fantastique de type « harem ». En conséquence, j’ai arrêté d’acheter les aventures d’Anita Blake à partir du tome 7.

Cela ne signifie pas que je n’aime plus cette série, d’ailleurs j’ai même recommencé à la lire. Ce sont des lectures agréables, pour autant qu’on ne soit pas trop à cheval sur les incohérences et les intrigues secondaires sous-exploitées.

Je n’ai pas lu plus de livres qui sont qualifiés de Bit-Lit ces temps-ci. Mais dernièrement, une copine m’a conseillé de lire les aventures de Mercy Thompson et je crois bien que je vais me laisser tenter. Quelqu’un à d’autres suggestions ?

lundi 6 décembre 2010

Ma pile à lire de décembre


Six mois après ma première pile à lire, j'ai décidé de récidiver en faisant un bilan sur mes lectures du moment. D'ailleurs, il serait bien que je parle un peu des livres qui étaient mentionnés en juin, car certains étaient vraiment bien.

En cours :
  • Servant of the Underworld
  • Eclat de rêves n°19
  • Black Mamba n°19
  • Nés avec les morts


En tas au pied de mon lit :
  • Squelette sanglant, les aventure d'Antia Blake tome 5
  • Mortelle séduction, les aventure d'Antia Blake tome 6
  • Sorcières et sortilèges
  • Les sombres romantiques
  • Les yeux d'opale
  • L'ange blond
  • Tristesse et beauté


Bien entendu, ma pile à légèrement augmenté en six mois, mais je compte sur des prochaines vacances pour la descendre de quelques étages.

vendredi 3 décembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - The end

Un chapitre de plus qui vient de s'achever. Il ne s'agit pas des scènes les plus animées, mais elles avaient leur importance. Pour avoir plongé dans l'écriture de la seconde moitié du roman, je peux vous assurer qu'il y aura des choses plus animées.

Comme d'habitude, il suffit de cliquer sur : épisode 1 pour avoir le début de ce neuvième chapitre.

Bon décembre à tous et à bientôt pour le chapitre 10.

mercredi 1 décembre 2010

Chapitre 9 de Limonade - Episode 11

Le deux-roues de Fabrice était le dernier véhicule stationné sur le parking. Il déverrouilla l’antivol sous le regard de son ami qui s’inquiéta soudain au sujet de la semaine à venir.
– Comment on va faire pour Charline ?
– Qu’est-ce que tu comptes faire ?
– Elle sait sûrement plus de choses que moi sur la magie. Elle aura peut-être des informations à nous donner sur ton sortilège, ou sur Gwen.

La réponse de l’adolescent fut étouffée par la visière de son casque. Il la releva, mais ne partagea pas ses doutes à propos de l’aide qu’ils pouvaient attendre de cette magicienne.
– On verra ça plus tard, dit-il en montant sur sa moto.
– OK. Je penserais à prendre mes dessins.
– À lundi, Cory !

Avant que son ami ne réponde, il démarra et sortit en trombe du parking. Une fois que son ami eut disparu dans la circulation, Corentin se rendit devant le lycée pour y attendre son bus.

Le temps que celui-ci arrive, il plongea dans des souvenirs de l’époque où la famille de Gwen se déchirait. La jeune fille avait passé plusieurs mois enfermée dans un silence farouche duquel aucune de ses tentatives pour l’en faire sortir n’avait abouti.

Une après-midi, il était passé la voir dans sa chambre à l’improviste et l’avait surprise recroquevillée sur son lit pleurant à chaudes larmes. Ne sachant que faire, il était resté debout dans l’embrasure de la porte à la regarder hoqueter. Quand elle l’avait aperçu, elle avait cessé de sangloter et s’était jetée à son cou. Lovée contre lui, elle avait nié son chagrin bien que ses yeux fussent encore brillants de larmes.

Plus jamais il ne vit son amie exprimer sa tristesse de cette manière. Lorsque son père quitta le domicile familial, elle se permit à peine un soupir ennuyé. Seul Corentin parvenait à deviner les émotions qui agitaient son esprit derrière son visage impassible.