vendredi 24 décembre 2010

Chapitre 10 de Limonade - Episode 3

Attentif, Fabrice commença par regarder quatre dessins presque identiques. Bien qu’ils soient réalisés au stylo bille sur des feuilles carrelées, un grand soin transparaissait dans ces créations. Des traits entrecroisés figuraient les ombres et les volumes du décor.

Au milieu d’une salle aux allures de crypte se trouvait une femme vêtue d’une longue robe. Son regard était fixé sur le sol dont les dalles étaient recouvertes de roses flétries.
– J’ai déjà vu ce dessin ? demanda-t-il.
– Non, je l’ai dessiné le week-end dernier. Par contre, tu as peut-être vu celui-là.

La feuille que Corentin lui mit dans les mains présentait de subtiles différences avec le précédent. Les fleurs paraissaient plus fraîches et l’expression de la sorcière moins sinistre. Quant aux murs, les étagères qui les recouvraient ne comportaient pas autant de fioles, d’alambic et de livres.

Un détail intrigua Fabrice dans le premier dessin qu’il avait observé. Il pointa un objet posé au milieu des instruments d’alchimie.
– Tu sais ce que c’est ?
– On dirait un casque de moto, s’étonna l’adolescent. Qu’est-ce qu’il fait ici ? Il a l’air complètement anachronique.
– Ce n’est pas n’importe quel casque, c’est le mien ! Je l’ai oublié dans la chambre de Gwenaëlle quand je suis allé au pensionnat.

Corentin resta silencieux, les yeux dans le vague. Il sortit de son mutisme lorsque son ami s’en inquiéta.
– Ça confirme ce que je pensais.
– Et qu’est-ce que tu pensais ?
– Que la femme sur le dessin est une représentation de Gwen.
– Une sorte de métaphore ?

Comme ce terme lui était inconnu, il dévisagea Fabrice avec un air d’incompréhension.
– La métaphore est une figure de style littéraire. Tu verras ça en cours de français, expliqua ce dernier.
– Et ça consiste en quoi ?
– À utiliser une image ou une comparaison détournée afin de décrire quelque chose. Par exemple, il pleut des cordes, c’est une métaphore.

Son interlocuteur marqua une pause, puis se justifia :
– Je suis tombé dessus au bac de français, c’est pour ça que je m’en rappelle encore.
Cette digression avait éloigné les deux garçons de leur point de départ.

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