Une fois l’heure d’anglais terminée, l’adolescent quitta le lycée afin d’aller acheter son déjeuner. D’habitude, il rentrait déjeuner chez sa tante ; bien qu’il apprécie de manger à l’extérieur, ces repas constituaient en dépense imprévue qui entamait le peu d’argent de poche que ses parents lui donnaient.
S’il améliorait ses notes, son père lui avait promis de lui accorder une somme plus conséquente. Jusqu’à présent, il avait toujours considéré que ses résultats scolaires étaient le fruit du hasard. Pourtant, avec l’aide de Fabrice, il était arrivé à maîtriser les équations. La possibilité d’augmenter sa moyenne de quelques points ne lui parut plus aussi irréaliste qu’auparavant.
Ces préoccupations lui tinrent compagnie pendant qu’il se rendait sur le parking du lycée où il avait donné rendez-vous à son ami. Assis sur le rebord du trottoir, il regarda les feuilles des platanes tomber en zigzag, tandis que leurs fruits heurtaient le bitume avec un son mat.
Son repas terminé, il tua le temps en écrasant les akènes sous ses tennis. Ces boules granuleuses libéraient une myriade graines aussi légère que du duvet.
– Tu t’amuses bien ? ironisa Fabrice dans son dos.
Gêné d’avoir été surpris dans une activité aussi puérile, Corentin rougit. Il fouilla ensuite dans son sac pour en sortir la feuille sur laquelle il avait noté ses observations. Comme son compagnon terminait d’engloutir un sandwich, il lui en fit la lecture :
– En examinant le dessin de la femme masquée, j’ai reconnu les trucs qui sont suspendus aux branches. Ce sont des attrapes rêves.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda son ami, la bouche pleine.
– Des charmes qui protègent des cauchemars et des influences magiques.
– C’est pareil que ton exorcisme ?
– Non. Les attrapes-rêves ne détruisent pas les sortilèges, ils tes attirent et les emprisonnent.
L’adolescent hocha la tête, mais ne paraissait pas très à l’aise avec ces notions. Corentin poursuivit :
– C’est expliqué sur le forum « le jardin de Ceridwen ». D’ailleurs, la personne qui a écrit toutes les explications sur les attrapes-rêves, c’est ChaChina.
– L’identité virtuelle de Charline Kim.
– Oui. Je pense même que c’est elle qui est représentée sur mon dessin.
Impressionné par cette déduction, Fabrice en oublia de terminer son repas. Il fixa son ami, puis murmura :
– Tu t’es sacrément bien débrouillé.
La timidité de Corentin l’empêcha de trouver réponse. Il se contenta de baiser les yeux sur sa feuille.
vendredi 31 décembre 2010
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