Les bribes d’informations dont il disposait à propos de Charline continuèrent de le titiller alors qu’il examinait l’arbre à grigris. Des mobiles composés de plumes et de brindilles ainsi que des entrelacs de ficelles pendaient de ses branches décharnées. En les observant de plus près, il constata que ces objets étaient des attrapes-rêves. Or, Charline maitrisait la création de ces charmes.
Ce lien frappa Corentin comme une gifle. Il recula le nez de sa feuille et considéra le dessin dans son ensemble. Le masque blanc qui recouvrait le visage de la femme symbolisait son recours à une identité virtuelle, tandis que les spirales gravées dans l’écorce étaient des enchantements runiques.
L’adolescent acquit la conviction que ce personnage enveloppé dans sa cape n’était autre que cette Charline Kim. Il devenait donc urgent de la rencontrer afin de vérifier cette théorie. Cependant, il devait commencer par en avertir Fabrice.
Trop fébrile pour attendre la pause de midi, Corentin sortit une feuille de son sac. Il y inscrivit tout ce qu’il savait à propos de la jeune fille : son goût pour la création de charmes, sa maîtrise des runes. Les ombres qui entouraient l’arbre lui parurent importantes à mentionner. Il ignorait si elles avaient un lien avec le monde réel. Pourtant, une impression néfaste se dégageait de ces lignes bleues entrecroisées.
Au moment où il s’apprêtait à poursuivre son analyse, il entendit Aurélien :
– Salut Corentin. Tu étais en train de dessiner ?
Avant qu’il n’ait le temps de remettre ses feuilles dans leur pochette, le nouveau venu saisit l’une de celles qui représentaient Gwenaëlle.
– Je ne savais pas que tu t’intéressais à la fantasy. Ils sont vraiment très chouettes.
Le compliment ne réussit pas à faire oublier à Corentin la colère qu’il éprouvait en voyant ses créations ainsi observées. Conscient qu’une réaction trop vive trahirait l’importance de ce dessin, il répondit avec modestie :
– J’ai juste gribouillé ça entre deux cours. Il n’est pas terrible.
Il récupéra la feuille des mains d’Aurélien et le rangea avec les autres. Son camarade n’abandonna pas le sujet pour autant :
– Je peux regarder les autres ?
– Non, je ne préfère pas. Ils ne sont vraiment pas terribles.
Il eut beau insister, Corentin refusa de lui montrer ses créations. Les deux adolescents passèrent à autre chose et préparèrent leurs exercices pour le cours suivant.
mercredi 29 décembre 2010
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