Fabrice intégra ces informations en silence avant de suggérer :
– Il faudrait qu’on découvre plus de choses sur ce type. Il est vraiment louche.
– C’est surtout sa volonté d’apprendre la magie à des filles qui est bizarre. Il ne demande rien en échange de ses enseignements.
– En quoi c’est bizarre ?
– Ma tante m’a dit que les connaissances sont la richesse d’un magicien et que les céder à n’importe qui réduit leur valeur.
Ce principe sembla très nébuleux au lycéen, mais il se tut et attendit la suite.
– D’après ce que j’ai lu, Kaenel apprend beaucoup de choses à ses élèves. Donc, son savoir perd très vite de sa valeur.
– Et tu en déduis qu’il cache quelque chose ?
Le benjamin hocha la tête sans rien ajouter. Perdu dans ses réflexions, il laissa ses yeux bleus quitter les pages carrelés pour fixer le portail devant lui. Bien que Fabrice ait moins de mal à concevoir l’influence néfaste d’un professeur plutôt que celle des forces maléfiques, il admettait que les deux puissent être liées.
Il hésita néanmoins à s’en ouvrir à son compagnon et relança la conversation sur un autre sujet :
– Tu ne m’as pas raconté comment ça s’est passé avec Charline.
– L’exorcisme a fonctionné.
– Merci, ça j’avais compris quand elle est venue te voir.
Cette réponse laconique, et le silence embarrassé qui suivit, lui firent penser qu’il venait de toucher un point sensible, beaucoup plus sensible que son idylle supposée avec la jeune gothique.
Finalement, Corentin reconnut qu’il n’avait pas envie d’en parler pour le moment, puis il ajouta :
– Tu n’es pas le seul à faire des cachoteries.
La réplique arracha à son ami une grimace de culpabilité, mêlée de curiosité déçue et d’une pointe de jalousie.
Lorsqu’il avait décidé de renouer le contact avec Anne-Sophie, Fabrice avait dû composer avec sa conscience. Une part de lui-même trouvait abjecte l’idée de profiter de ses sentiments, surtout aussi peu de temps après avoir quitté Gwenaëlle. Il avait la certitude que le jugement de Corentin serait sans appel et préférait ne pas aborder la question.
Cependant, il n’appréciait pas pour autant que son compagnon fasse cavalier seul, ou pire, qu’il le mette délibérément à l’écart et recherche l’aide de Charline. Même si cette dernière disposait de capacités magiques infiniment supérieures aux siennes, elle refusait de s’impliquer. Jamais elle ne se serait risquée à se faufiler dans l’enceinte du pensionnat Notre-Dame.
mercredi 25 mai 2011
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