lundi 28 novembre 2011

Chapitre 18 de Limonade - Episode 4

Ses derniers doutes dissipés, un sourire retroussa la bouche d’Anne-So.
— Je te tiens, chantonna-t-elle en se penchant sur le lit.

Tout ce dont elle avait besoin pour se débarrasser définitivement de son rival se trouvait à portée de main. Avec quelques-uns de ses cheveux et le sortilège adéquat, elle n’aurait plus jamais à se préoccuper de cet exorciste de malheur.

Au moment où la jeune fille tirait l’oreiller de Corentin vers elle, une boule de fourrure noire jaillit de sous la couette. D’un coup de griffe, l’animal lui entailla le poignet jusqu’au sang, puis se réfugia sous le lit en feulant.

— Satanée bestiole, jura-t-elle en se félicitant de ne pas avoir crié sous l’effet de la surprise.

Après avoir pressé un mouchoir contre sa blessure, Anne-Sophie reprit sa tâche là où elle avait été interrompue. Délicatement, elle préleva sur la taie d’oreiller une douzaine de cheveux châtains, tantôt raides ou bouclés. Elle fit attention à ne pas emporter par mégarde de poils de chat afin d’éviter les interférences, puis glissa ses trouvailles dans une pochette de tissu.

Les deux objectifs de sa venue étant remplis, elle passa de nouveau son bracelet autour de son poignet. Le contact du métal froid contre se griffure lui arracha une grimace. Cependant, au contact du sang, les runes gravées vibrèrent d’une énergie nouvelle.

Stupéfaite, Anne-Sophie activa le pouvoir du bijou. En dépit de l’usage qu’elle en avait fait quelques minutes plus tôt, l’enchantement avait retrouvé toute sa puissance.

L’espace d’un court instant, les mains de la jeune fille se couvrirent d’un miroitement chamarré avant de se fondre dans le décor en arrière-plan. La netteté de l’illusion était bien supérieure à celle du début de son intrusion.

Assurée d’être indétectable, Anne-So quitta la chambre comme elle était venue. En passant devant la porte du salon, elle tendit l’oreille afin de surprendre les paroles échangées par Émilie et la voyante.
— Cette carte n’est pas négative en elle-même, expliquait Évelyne Pomarec, mais elle implique de grands changements, une remise en question profonde de ton identité. Par contre, celle-là est beaucoup plus négative…
— C’est la mort.
— Oui, l’arcane treize, celle qui ne porte pas de nom.

Rassurée qu’il s’agisse d’un simple tirage de carte, la jeune sorcière se faufila jusqu’à la porte d’entrée et sortit dans le jardin. Émilie de tarderait pas à la rejoindre et, ensemble, elles pourraient passer à la seconde étape de son plan.

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