mercredi 12 janvier 2011

Chapitre 10 de Limonade - Episode 11

Toujours sous le coup de la révélation qu’elle venait de faire, les deux garçons restèrent assis. L’espoir de tenir une piste sérieuse s’était transformé en un cul-de-sac. Fabrice retrouva le sens des réalités.
– Tu retournes en cours ?
– Non, mon prof de biologie est encore absent.
– Si seulement, mon prof de philo pouvait en faire autant.

Corentin laissa filer plusieurs secondes de silence, puis il déclara :
– Tu avais raison de croire que les filles du cours d’histoire sont bizarres.
– Je ne pensais pas qu’elles étaient bizarres à ce point. Là, ça me fiche carrément la trouille.

Sur ces mots, l’adolescent ramassa son sac qui trainait par terre et le jeta sur son épaule.
– Si je sèche encore la philo, mes parents vont péter un câble.
– Je t’accompagne.
Ils prirent le chemin du second étage. Bien qu’ils soient déjà très en retard, ils marchèrent d’un pas tranquille parmi les élèves qui se pressaient dans leurs salles de cours.

Juste avant d’entrer dans la sienne, Fabrice se retourna :
– On se voit demain.
– D’accord. A plus !

Un professeur bedonnant et dégarni claqua la porte dès qu’il fut à l’intérieur. Seul dans le couloir, Corentin fit demi-tour et se dirigea vers le portail du lycée.

La frustration qu’il éprouvait lui donnait envie de hurler de toutes ses forces. De peur de passer pour un fou, il s’abstint et se contenta d’enfoncer ses ongles dans ses paumes. Dans un brouillard de colère et de dépit, il monta dans le bus.

Pendant le trajet, il ressortit les dessins de son sac. Il voulait contempler à nouveau la métaphore de Gwenaëlle qui se transformait peu à peu en une effrayante sorcière. Cependant, ses doigts accrochèrent la cité de cristal où Fabrice était retenu prisonnier. Cette représentation énigmatique avait échappé à leurs investigations de la matinée.

D’humeur trop maussade pour avoir envie d’y réfléchir, Corentin le remit en place. Il se promit néanmoins d’en parler le lendemain à son ami. À deux, ils seraient capables d’en percer les mystères.

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