Une fois de plus, les runes proclamèrent le même message. Gwenaëlle les remit dans leur bourse de velours, puis elle versa avec précaution le contenu du bécher dans un bol d’argent. Cet accessoire venait du matériel personnel de son professeur ; elle avait dû ruser et supplier pour en obtenir l’usage.
Les mains tremblantes à l’idée de commettre un impair lors de sa séance de divination, elle se pencha sur le bol. Un rayon de soleil frappait le métal poli et le faisait étinceler dans la pénombre du laboratoire.
– Pourquoi mon sortilège a-t-il échoué ? murmura-t-elle.
Le liquide resta transparent, ce qui indiqua que la question avait été mal formulée. Elle réfléchit quelques instants à une autre manière de découvrir la vérité ; elle n’avait droit qu’à trois tentatives. Si elle ne parvenait pas à trouver les paroles qui lui offriraient la réponse dont elle avait besoin, elle n’aurait qu’à recommencer son élixir de vision.
Afin de trouver l’inspiration, elle retira le crayon de sa chevelure et griffonna au dos des schémas runiques. Les mèches blondes qui retombèrent devant ses yeux furent impitoyablement coincées derrière ses oreilles. Une seule échappa à ce traitement ; elle l’entortilla autour de son index tandis qu’elle écrivit différentes versions de sa question.
Après cinq minutes de réflexion, elle aboutit à une possibilité déplaisante. Le hasard de la magie n’était pas responsable de la rupture du sort qui liait Fabrice à elle aussi sûrement que des chaînes. Il ne pouvait s’agir que de l’intervention d’un autre sorcier ou, si ses soupçons se confirmaient, d’une autre sorcière.
– Qui a brisé mon envoûtement ?
En réponse, le liquide qui remplissait le bol d’argent se troubla. Au lieu du visage d’Anne-Sophie qu’elle s’attendait à voir apparaître, celui d’un garçon aux cheveux courts et châtains clairs se dessina dans les méandres de l’élixir.
– Corentin ! s’exclama-t-elle sous l’effet d’une vive surprise.
Pendant une dizaine de secondes, la potion garda l’empreinte de son ami, puis la magie cessa de faire effet. La jeune fille jeta le liquide à présent trouble et inutilisable dans l’évier. La découverte qu’elle venait de faire la laissait perplexe. Elle ne parvenait pas à comprendre ce qui avait poussé le trop gentil Corentin à rompre son sortilège.
mercredi 19 janvier 2011
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