Après avoir récupéré leurs boissons au distributeur, les trois lycéens s’assirent autour d’une table de la cafétéria. Charline réprimait sa nervosité en touillant sans arrêt son café. Corentin non plus n’en menait pas large. Le regard anxieux de la jeune fille lui donnait l’impression de conduire un interrogatoire.
Les minutes qui défilaient sur l’horloge le poussèrent à agir ; la pause ne durait qu’un quart d’heure.
– Pourquoi as-tu gravé ces runes ?
– C’était une expérience, répondit-elle de manière évasive.
– On est au courant que ton sort améliore les tirs, dit Fabrice. On a testé lundi dernier.
– Cet enchantement n’aurait dû fonctionner que pour moi ! En plus, je ne l’avais presque pas chargé. Il devait être à court de pouvoir.
La surprise de Charline incita Corentin à expliquer ses déductions :
– J’ai recopié les runes sur une feuille, ça a dû réactiver le pouvoir des symboles.
– Impressionnant.
Pour la seconde fois de la journée, l’adolescent se distinguait par ses capacités magiques. Pourtant, il n’en éprouvait aucune satisfaction.
– Que sais-tu sur les enchantements de personnes ?
– Pas grand-chose, c’est une magie très dangereuse à manier.
– Dangereuse pour qui ?
– Celui qui créé l’enchantement risque de se consumer s’il utilise trop d’énergie. Quant à celui qui le subit, les dangers sont différents selon la volonté de l’enchanteur.
– Que reste-t-il d’un enchantement une fois qu’il a été défait ?
– Rien. Les souvenirs de la victime se dissipent comme un mauvais rêve. Seul l’auteur peut se rendre compte de la rupture du sort, mais ça n’est pas visible au premier abord.
Les deux garçons échangèrent un long regard. Pour l’instant, ils n’avaient aucun moyen d’évaluer si Charline était digne de confiance. Néanmoins, elle leur donnait l’impression de connaître les sortilèges et leurs effets.
Fabrice se décida à rentrer dans le vif sujet :
– Quelqu’un m’a jeté un sort qui m’a fait tomber amoureux ?
Les yeux bruns de Charline se fixèrent sur Corentin avec une acuité telle que ses joues s’empourprèrent.
– Ce n’est pas moi, protesta-t-il. J’ai juste annulé l’enchantement.
– Comment tu as fait ?
– Avec une formule d’exorcisme.
– Et un grand seau d’eau bénite, très froide, ajouta son ami.
La jeune fille resta bouche bée, puis elle plongea ses lèvres dans son gobelet de café. Ses compagnons l’imitèrent en silence.
vendredi 7 janvier 2011
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