Après avoir remis en ordre le laboratoire, elles verrouillèrent la porte, d’abord avec une clé, puis avec un enchantement. Elles traversèrent ensuite la pelouse pour rejoindre les bâtiments qui abritaient les classes. Le gravier de la cour crissa sous les semelles souples de leurs mocassins.
Sans s’en rendre compte, Gwenaëlle trainait des pieds ; elle tâchait de deviner la raison de cette convocation. Plutôt que se ronger les sangs, elle évoqua une possibilité :
– Le professeur a demandé à me parler ?
– Non, pas encore.
Cette réponse sèche laissait planer une désagréable menace, ce qui incita la jeune fille à ralentir le pas. Dans la poche de son blazer, elle effleura le cristal que lui avait confié le professeur. Grâce à celui-ci, elle serait en mesure de lancer un unique sort. Ses pouvoirs étaient encore trop faibles pour lui permettre de se passer de ce support magique, mais son maître lui avait assuré qu’elle deviendrait vite autonome.
La confiance qu’il lui témoignait apaisa ses inquiétudes ; Anne-Sophie n’oserait pas s’en prendre directement à elle. Pour cela, elle serait d’abord obligée de prouver qu’elle avait volontairement enfreint les lois du convent.
L’envoutement de Fabrice représentait sa seule entorse à la règle qui stipulait que l’usage de la magie était interdit dans le but de manipuler l’esprit des êtres humains. Les précautions dont elle s’était entourée afin de réaliser ce sortilège lui garantissaient qu’elle resterait dans l’ombre, même dans le cas où la magie cesserait d’opérer. Les autres sorcières ne pouvaient donc pas être au courant de son infraction.
Les deux filles gravirent les escaliers en silence jusqu’au dernier étage. Les salles qui s’y trouvaient avaient été aménagées récemment pour accroître la capacité du lycée. À la différence des autres classes, elles ne disposaient pas des hautes fenêtres qui transformaient la pièce en fournaise sous l’effet du soleil et en glacière dès les premiers frimas. Les étroites ouvertures pratiquées dans la toiture d’ardoise apportaient toute la lumière nécessaire et évitaient les regards indiscrets.
mercredi 26 janvier 2011
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