La fin du dimanche après-midi était le moment que Corentin haïssait le plus. Il avait passé tout son temps à gribouiller et à tenter d’expliquer le revirement dans l’attitude de Gwenaëlle. Une fois de plus, il serait obligé de faire ses devoirs dans le train qui le ramerait à Rennes.
Le dîner ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices. L’adolescent appréhendait le moment où ses parents, inquiets de son mutisme, le questionneraient sans relâche. Entre sa rencontre avec Fabrice, les bizarreries de sa tante et ses résultats scolaires peu brillants, il craignait d’aborder un sujet délicat.
Conformément à ses prévisions, le gratin de courgettes n’eut pas le temps de refroidir dans son assiette que son père fit l’éloge des bonnes notes de Mathias.
— Et toi, demanda-t-il à l’ainé. Tu ne nous as toujours pas dit tes notes de la semaine.
— On nous a rien rendu.
— Tu es sûr ?
— Oui, répondit-il après une hésitation.
Le ton de Corentin manquait d’assurance. Son père lui semblait plus soupçonneux que d’habitude. Pourtant, il avait preuve de prudence et fait disparaitre toute trace des devoirs compromettants.
— Tu peux m’expliquer ce mot de M. Joly dans ton carnet. C’est ton professeur de mathématiques, il me semble.
Cette information était exacte, mais il ne voyait pas à quoi son père faisait référence. Ce dernier, devant l’air ahuri de son fils, poursuivit :
— Le mot dans ton carnet où il propose de te donner des cours de soutien le samedi matin.
L’image de son professeur de mathématique en train d’écrire dans son carnet de correspondance lui revint brutalement en mémoire. Il se souvenait surtout du ton aimable et conciliant qu’avait employé Joly pour lui suggérer de se rendre à ces cours supplémentaires.
vendredi 19 février 2010
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