Plutôt que d’inventer une excuse abracadabrante, il opta pour la vérité :
— Je n’en ai pas parlé parce que c’est le samedi. Je ne peux pas y aller vu que je reviens ici.
— Il te faut faire des sacrifices si tu ne veux pas avoir les mêmes problèmes que l’an dernier. Tu resteras chez ta tante le week-end jusqu’à ce que tes notes repassent au-dessus de douze.
— D’accord.
Corentin était incapable de répondre autre chose. Le mot sacrifice dans les paroles de son père l’avait choqué. Il connaissait l’importance accordée aux études pour ses parents, mais rien ne laissait présager qu’ils iraient jusqu’à lui imposer un éloignement de la maison familiale.
S’il n’avait eu aussi faim, il serait volontiers monté dans sa chambre avant la fin du dîner. Il se contenta de ne plus décrocher un mot jusqu’à la dernière cuillerée de yaourt.
Alors que ses parents prirent place dans le canapé avec son frère, Corentin retourna dans sa chambre. Ses vêtements, propres et bien pliés, étaient posés sur son lit. En prévision du lendemain, il les rangea dans son sac, puis il y ajouta ses livres préférés et son matériel de dessin.
D’un regard circulaire, il balaya la pièce à la recherche des objets qu’il souhaitait emporter avec lui. Il tassa l’ours mauve par-dessus les crayons d’aquarelle. Ensuite, il ôta ses chaussures et monta sur sa chaise. Avec précaution, il décolla les étoiles fluorescentes du plafond pour les glisser dans sa trousse.
Après un dernier regard à sa chambre, il se dit qu’en fin de compte, il lui faudrait remercier son professeur. À présent, il ne serait plus contraint de subir ces week-ends moroses dans une famille qui, manifestement, ne voulait plus de lui.
lundi 22 février 2010
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