Gwenaëlle en avait profité pour prendre de l’avance. Sa silhouette menue commençait déjà à rétrécir tout au bout de la route. Corentin ne la reconnut que grâce à sa queue de cheval blonde et au cadre rouge métallisé de son vélo.
Elle aussi semblait avoir grandi. Son pantalon de sport remontait sur ses chevilles et sa veste découvrait ses poignets. Pourtant, elle ne semblait pas se préoccuper de son apparence. Ce détachement ne correspondait pas avec l’attitude de jeune fille élégante qu’elle affectait les rares fois où il l’avait croisé.
À sa décharge, l’uniforme imposé par l’établissement qu’elle fréquentait se composait d’une jupe plissée et un chemisier des plus classiques. La fantaisie et le laisser-aller vestimentaire étaient sévèrement réprimés dans son lycée catholique.
En essayant de la rattraper, Corentin se rendit compte qu’elle n’avait rien perdu de son coup de pédale. Il ne réussit à la dépasser que lorsqu’ils arrivèrent en lisière du bois de Guibenais. C’était là qu’ils avaient pris l’habitude de faire leurs promenades à vélo.
Malheureusement pour leurs vêtements, la pluie avait transformé les sentiers forestiers en bourbiers. Chacune des roues soulevait une gerbe de particules de terre, quand ils ne roulaient pas dans une flaque. Plutôt que de pédaler dans la boue, les deux adolescents quittèrent le sentier pour s’aventurer entre les arbres.
Le bruit des feuilles et des brindilles écrasées remplaça celui des éclaboussures. Arrivé en bordure d’une clairière, Corentin ralentit. Derrière lui Gwenaëlle s’arrêta carrément et coucha son vélo sur un buisson. Elle se dirigea alors vers l’arbre qui occupait le centre de la clairière.
Corentin l’y rejoignit juste après. Cet arbre avait été leur théâtre de jeu quand ils éprouvaient le besoin de s’éloigner de leurs familles respectives. Ils y avaient construit une cabane de planches, mais le vent l’avait arrachée depuis longtemps.
mercredi 10 février 2010
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