Fidèle à son habitude, Gwenaëlle escalada les premières branches et se hissa sur une large fourche. Lorsque son ami la rejoignit avec quelques difficultés, elle éclata de rire :
— Tu as peut-être grandi, mais je reste la plus agile.
L’adolescent ne répondit rien. Il se contenta de tendre la main pour récolter une poignée de feuilles qu’il fait glisser sur ses cheveux.
Elle couina en peignant sa queue de cheval, puis se remit à rire.
— Je suis contente de revenir ici, ça change complètement du lycée.
— Pourtant, toi au moins tu n’es pas en centre-ville. Tu vois de vrais arbres par la fenêtre.
Elle soupira.
— Je ne parlais pas de la forêt, ce qui me manque c’est le calme. Avec l’internat, je suis tout le temps entourée d’autres filles. À la longue, c’est saoulant. Et puis leurs uniformes sont nuls, la jupe est ringarde et le blazer gratte.
Corentin compatit, ce qui eut pour effet d’ouvrir les vannes du ressentiment de la jeune fille. Elle détestait les vieux bâtiments de son lycée, ceux dont le parquet grinçait, les fenêtres laissaient passer les courants d’air et l’escalier en colimaçon ne permettait pas de se croiser.
— Heureusement qu’il fait encore doux, mais cet hiver, avec les plafonds super hauts, on va se geler. Le pire, c’est que les nouvelles salles sont encore en construction. Ils n’auront pas terminé avant le printemps.
Après les locaux, Gwenaëlle s’attaqua aux professeurs. Elle traita l’adjointe du proviseur de vieille bique affublée de lunettes aux montures dorées. Ce détail vestimentaire servait de catalyseur à sa hargne. L’adolescent était persuadé d’avoir déjà entendu ces moqueries. Cependant, il garda le silence afin de ne pas entacher leurs retrouvailles de commentaires stériles.
vendredi 12 février 2010
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