Le temps que Corentin termine de décrire à sa tante le rituel d’exorcisme ainsi que ses fâcheuses conséquences, le thé dans leurs tasses était devenu tiède. Évelyne en but la moitié, puis elle fixa son neveu avec une gravité.
— Tu es sûr que c’est ton exorcisme qui a rendu ton ami amnésique ?
L’adolescent hocha la tête, une expression de culpabilité inscrite sur le visage.
— Ce n’est absolument pas logique. Le sortilège que tu as utilisé n’a aucun effet sur les personnes, hormis celle de les délivrer des maléfices.
— Tu peux quand même l’annuler ?
— Non. Je ne suis même pas capable de lancer ce sort, alors l’annuler…
Une vive déception se joignit à la culpabilité de Corentin. Afin de le rassurer, sa tante changea de sujet :
— Je ne suis pas très surprise que tu sois mis à la magie. Tu as toujours eu un don pour ce genre de choses et je pensais que, tôt ou tard, tu l’exploiterais.
— Mais pas en faisant du mal autour de moi.
— À mon avis, tu n’as pas causé de tort à Fabrice.
Cette phrase le poussa à relever la tête, le regard soudain allumé d’une lueur d’intérêt. Le sourire d’Évelyne derrière le bord de sa tasse reflétait sa confiance.
— Bois ton thé avant qu’il ne refroidisse. Je t’expliquerai ma théorie ensuite.
L’adolescent vida sa tasse en clin d’œil, puis fixa sa tante avec impatience.
— Alors ?
— Je pense que ton ami était victime d’un sortilège et que ton exorcisme l’en a libéré.
— Comment ça ?
— Je l’ignore, mais peut-être que quelqu’un dans son entourage lui a lancé un mauvais sort. En disparaissant, il a probablement effacé les souvenirs qui s’y rattachaient.
Avant que Corentin n’ait le temps de peser ces paroles, la sonnerie du téléphone retentit à l’étage. Il se précipita dans le couloir, puis gravit l’escalier à toute allure.
Quand il eut passé la porte, Évelyne finit sa boisson en murmurant :
— Mon cher petit, dans quel pétrin es-tu allé te fourrer ? Si je te disais la vérité, tu ne serais sans doute pas prêt à l’entendre.
vendredi 6 août 2010
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