Au bout d’un moment, des taches brillantes commencèrent à danser devant ses yeux. Sa respiration devint saccadée ; chaque bouffée d’air lui asséchait la bouche et paraissait plus difficile à assimiler que la précédente.
En dépit de tous ses efforts, il ne parvint à susciter aucune vision. Seule une sensation de brûlure émanait du cristal. Une détonation infime rompit le rythme des vibrations, puis une explosion de douleur déchira la main de Corentin. Il ne put retenir un cri et laissa s’échapper la pierre. Une pluie d’éclats acérés comme des aiguilles cascadèrent sur le sol tandis qu’il serrait son poing ensanglanté contre son coeur.
Sous l’effet du sortilège, les vestiges de quartz s’animèrent. Des éclairs crépitèrent entre eux avant de se stabiliser en un réseau de lumière mauve. Une silhouette translucide apparut au centre du filet. Cette apparition arracha un hoquet de surprise à l’adolescent prostré. Pendant un instant, il en oublia sa blessure :
– Fabrice ! cria-t-il, la voix enrouée.
Celui-ci sembla l’entendre bien que la table d’alchimie soit visible à travers son torse. Il tourna la tête vers lui, puis s’arracha au filet lumineux.
Dès qu’il posa le pied hors des débris, Fabrice retrouva son apparence normale. Il tituba sur quelques pas, une expression de soulagement intense peinte sur le visage. Son compagnon le fixait éberlué :
– Mais où étais-tu passé ?
– Ça, c’est à toi de me le dire.
Devant le fiasco de leur infiltration, les deux garçons choisirent de quitter les lieux au plus vite. S’aidant mutuellement à remonter l’escalier, ils trébuchèrent jusqu’à la porte du laboratoire de chimie. Une fois qu’ils l’eurent refermé derrière eux, Corentin s’inquiéta :
– Kaenel va se rendre compte que nous sommes venus ?
– Sûrement, répondit son ami entre deux halètements, mais il n’a aucune raison de nous soupçonner.
L’apprenti magicien n’était pas aussi convaincu de leur anonymat. Il espéra que le sang qu’il avait laissé sur les éclats du cristal ne permettrait pas de remonter jusqu’à lui. Cependant, il ne jugea pas nécessaire d’inquiéter Fabrice à ce propos.
lundi 20 juin 2011
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