mercredi 8 juin 2011

Chapitre 14 de Limonade - Episode 8

De son côté, Fabrice se concentra sur la table. Les formes courbes de la chaudière de cuivre renvoyaient un reflet déformé de son visage. Il hésita un instant avant de l’effleurer, guettant l’apparition de l’étincelle violette qui signalait la présence de sortilèges. Lorsque mon index se trouva en contact avec le métal encore tiède, rien de tel ne se produisit.
Il suivit les boucles du serpentin tout en se demandant pour quel maléfice Kaenel avait employé cet alambic. À la pensée qu’il pouvait s’agir de la concoction d’un redoutable poison, l’adolescent retira son doigt et l’essuya sur son jean.

Il s’attarda ensuite au fatras d’objets divers qui entouraient l’instrument de chimie. Des tiges de végétaux aux feuilles arrachées accompagnaient une collection de flacons de verre teinté, de pots mal rebouchés et d’une cornue au fond de laquelle croupissait un liquide brun. À en juger par le flétrissement des plantes, elles avaient été déposées là deux ou trois jours plus tôt.

Seul Corentin aurait été en mesure de reconnaître les ingrédients. Cependant, il était occupé à l’autre bout de la cave et son compagnon préféra le laisser continuer son examen. Il était bien davantage dans son élément que Fabrice qui, chaque minute, devait se rappeler qu’il n’était pas en train de rêver.

Avec soulagement, celui-ci avisa quelque chose de familier sous les débris de branchage. Il les écarta avec précaution afin de mettre au jour une poignée de gemmes et de cristaux. Agencés en une sorte d’étoile, les minéraux scintillaient à la lumière blafarde de l’ampoule.

Ses souvenirs de géologie lui permirent tout juste d’identifier un quartz rosé de la taille d’une gomme et des fragments d’améthyste. En dessous, il devina des gravures plus profondes que les nervures du bois. Afin d’examiner le symbole qu’elles représentaient, il balaya les pierres semi-précieuses du revers de la main.

Un déchainement de foudre miniature crépita sur sa paume, puis remonta le long de son poignet à toute vitesse. Il eut tout juste le temps de voir son bras illuminé avant que sa vision ne soit atteinte. Un voile semblable à un filet mauve découpait la pièce. Il eut beau crier pour l’alerter, Corentin ne remarqua rien.

Ses hurlements grimpèrent d’un ton au moment où il sentit les mailles se resserrer autour de lui. À mesure que leur luminosité s’amplifiait, elles le comprimaient dans une cage aveuglante. À travers sa prison, il vit son compagnon disparaître, de même que le reste de la pièce.

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