Le trajet jusqu’au café le plus proche fut l’occasion pour Corentin de faire preuve de sa maladresse proverbiale. En tout juste un quart d’heure, il réussit à mettre les pieds dans une flaque si profonde que ses baskets en furent imbibées d’eau glaciale, à s’éborgner sur les baleines du parapluie de Gwenaëlle et à trébucher en traversant la salle dans le sillage de son amie.
— Tu es toujours aussi malchanceux, remarqua-t-elle.
— Ça dépend des jours.
Avant de commettre une autre bêtise, l’adolescent se cala au fond de sa chaise et replia ses longues jambes sous la table. Pendant ce temps, Gwen prit possession de la banquette avec des manières fortement semblables à celles de Lucifer. Elle héla un serveur, puis examina la carte avec intensité.
— Qu’est-ce que tu vas prendre ? s’enquit Corentin afin de rompre la glace qui venait de se former un instant plus tôt.
— Un thé.
— Moi aussi.
Ils commandèrent la même chose au serveur qui porta sur eux un regard attendri. Ce dernier soupçonnait probablement un rendez-vous d’amoureux, mais Corentin avait la désagréable intuition que les choses allaient très vite devenir beaucoup plus compliquées.
Sans être capable d’expliquer cette prémonition autrement que par l’attitude tantôt cajoleuse et tantôt distante de Gwenaëlle, il la laissa mener la conversation. Il s’installa dans un mutisme interrogateur tandis que leurs tasses arrivèrent, accompagnées de biscuits à la cannelle et de sucres emballés.
Nullement intimidée, Gwen remplit sa tasse d’un liquide fumant au parfum de fruits rouges. Bien que sa lenteur se révèle crispante pour son vis-à-vis, elle ajouta un demi-sucre à son thé et le remua jusqu’à sa totale dissolution. Enfin, elle releva les yeux vers Corentin avec une moue anxieuse qui suffit à effacer toute méfiance des pensées du garçon.
— J’ai des problèmes avec un professeur du lycée.
— Ah bon, lequel ?
— Mon professeur d’histoire, David Kaenel.
lundi 26 septembre 2011
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