La suite du récit de Gwenaëlle ressemblait comme deux gouttes d’eau aux événements que Charline avait consignés dans son cahier. Cependant, Corentin fit tout son possible pour mémoriser chaque détail de ce que lui racontait son amie.
Entre le laboratoire de chimie détourné pour des cours de potions, la salle de classe sous les toits et les réunions secrètes dans le dortoir à la nuit tombée, il avait désormais un aperçut de la vie que menait Gwenaëlle au lycée Notre-Dame.
À sa joie de retrouver enfin son rôle de confident succéda une pointe d’amertume.
— Pourquoi est-ce que tu ne m’en as pas parlé avant ?
— Je trouvais ça merveilleux ! Arrêter d’être quelqu’un d’ordinaire, devenir maître de son destin…
— Tu n’as jamais été quelqu’un d’ordinaire pour moi.
L’exhalation de Gwen retomba aussitôt. Elle baissa les yeux sur les deux tasses côte à côte sur la minuscule table du café. Gêné de son aveu qui ressemblait fortement à une déclaration, Corentin se leva.
— Je reviens tout de suite.
Attentif à ne pas se prendre les pieds dans les parapluies repliés des autres clients, l’adolescent disparut dans les toilettes. Un début de migraine lui enserrait le crâne comme un étau et sa vision se dédoublait. Pour atténuer la douleur, il s’aspergea le visage d’une giclée d’eau froide.
Derrière ses paupières closes, une nouvelle vision éclata.
Corentin eut l’impression d’être revenu en face de Gwenaëlle. Pourtant, dans le reflet qu’il devinait dans la vitre du bar, la jeune fille était seule. Après avoir jeté un regard à la ronde, elle extirpa une petite fiole de sa poche et en versa deux gouttes dans la tasse vide qui se trouvait devant lui. Ensuite, elle la remplit de thé, ajouta un sucre et mélangea le tout.
L’instant suivant, Corentin se tenait au rebord du lavabo des toilettes, le dos appuyé contre le mur carrelé.
— Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ? articula-t-il avec difficulté.
vendredi 30 septembre 2011
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