L’adolescent avait moins de mal à feindre la colère que l’indifférence. Les sentiments d’Anne-So à son égard étaient évidents et il culpabilisait de les utiliser de la sorte. Il s’était cru assez fort pour arriver à obtenir davantage d’informations sur le fameux club d’histoire et son professeur, mais il n’avait plus le courage de continuer ainsi.
Abandonnant là sa compagne, Fabrice dévala les marches du palais sans un regard en arrière. Il courut presque pour récupérer sa moto, puis se hâta de démarrer. Avec un vrombissement agressif, son véhicule se faufila dans les rues encombrées du centre-ville.
Alors qu’il approchait de l’embranchement en direction de Saint-Jacques, Fabrice hésita. Si rentrer maintenant chez lui revenait à passer une soirée de plus à ruminer son sentiment de culpabilité, il préférait encore rester à Rennes. Il réalisa alors que, en dépit de ses intentions, il n’avait toujours présenté aucune excuse à Corentin pour son comportement de la veille.
D’un coup de volant, il quitta la voie de sortie pour se diriger vers la rue Courteline. Grace à l’habitude, il trouva tout de suite où se garer devant le domicile de la tante de son ami. Pourtant, au moment de sonner à la porte, il s’interrogea sur le bien fondé de sa venue. Après tout, il risquait de déranger les occupants du pavillon.
En guise de réponse, la porte d’entrée s’ouvrit sur la silhouette fine d’Evelyne.
— Mais entre donc Fabrice ! Tu ne vas pas rester planté ici toute l’après-midi.
Impressionné malgré lui, l’adolescent traversa le jardin et referma la porte derrière lui.
— J’avais peur de vous déranger, s’excusa-t-il auprès de la voyante qui, une tasse de café à la main, le regardait en souriant.
— Je ne travaille pas le dimanche, et mon neveu est déjà rentré. Je suppose que c’est lui que tu es venu voir.
Fabrice acquiesça, puis monta directement jusqu’au grenier. Il arriva essoufflé devant la porte close de la chambre de son ami.
— Tu peux entrer, cria celui-ci depuis l’intérieur de la pièce.
mercredi 19 octobre 2011
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