Comme je le pensais, je pouvais entendre la conversation entre Kaenel et le surveillant de la fenêtre du laboratoire. Ce dernier était déjà en train d’insulter le professeur. Le motif de sa colère avait été évoqué avant que je n’aie commencé à les épier.
De ce que j’arrivais à comprendre, Kaenel était accusé d’avoir une liaison avec une personne de l’établissement, une élève probablement. Cela ne me surprenait pas, il était extrêmement populaire, en particulier auprès des filles de sa classe. Elles avaient des trémolos dans la voix lorsqu’elles évoquaient ses mains fines, ses yeux verts et son visage d’intellectuel.
— Pour des raisons que vous ne pouvez comprendre, Lola et moi sommes unis par le destin. C’est le fruit d’un heureux hasard si nous nous sommes retrouvés ici, mais je refuse de renoncer à elle au nom de vos principes d’éducation.
— Vous êtes fou Kaenel, et cette folie va vous coûter votre poste de professeur.
— Non, c’est vous qui êtes fou de vous opposer au destin. Et cette folie va vous coûter bien plus que votre poste de surveillant de lycée.
Il en fallait plus que des réponses délirantes sur le destin ou je ne sais quoi d’autre pour faire taire le surveillant. Pourtant, il ne répliqua rien, à vrai dire il n’y eut plus aucun bruit dans le bureau. Je n’entendis même pas la porte s’ouvrir. Je restais assis sous la fenêtre, attendant qu’il se passe quelque chose.
J’étais toujours à la même place, la tête posée sur les bras quand le son strident d’une sirène retentit. Je m’étais probablement endormi, car il s’était écoulé une demi-heure depuis que les voix dans le bureau s’étaient tues.
Par la fenêtre, je vis un camion de pompier se garer au milieu de la cour. Les hommes qui en sortirent se dirigèrent vers le bâtiment où je me trouvais. J’attendis encore un moment, le temps qu’ils montent et arrivent devant le bureau du surveillant. Les coups sourds, suivis d’un craquement, m’indiquèrent qu’ils venaient de défoncer la porte.
En sortant du laboratoire, je croisai un pompier poussant un brancard sur lequel il y avait un tas de cendres, deux pieds dans leurs chaussures et une main intacte. Je l’entendis parler de combustion humaine spontanée.
mercredi 21 octobre 2009
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