Soudain, je sentis un courant d’air froid sur ma nuque. Je me relevai d’un bond, pour tomber nez à nez avec Alex. Me retrouver à quelques centimètres de son visage blême me causa une frayeur telle que j’en retombai sur ma chaise.
Je constatai avec satisfaction qu’elle avait pris la peine de se vêtir correctement. Pourtant, je fus à deux doigts de revoir mes hypothèses concernant son statut de vampire quand je constatais que son T-shirt noir était orné d’une immense croix blanche. Son regard capta le mien avec une étrange acuité, puis elle sourit sans desserrer les lèvres. Je parvins à coasser plus qu’à demander.
— Tu n’as pas peur des croix ?
Son rire me fit frissonner, cette fille ne pouvait pas être normale.
— Tu peux constater que non…
L’image de ses canines pointues sur la photographie prise par Nicolas restait incrustée dans ma mémoire. De plus, elle attendait toujours le coucher du soleil pour se manifester. Elle ne pouvait pas être autre chose qu’un vampire.
— Pourtant, tu es un...
J’avais arrêté ma phrase à temps, mais Alex avait cessé de rire. Elle attendait la suite, les bras croisés sous la poitrine.
Comme je gardais le silence, elle continua à ma place
— Tu voulais dire vampire, je suppose…
Je n’avais pas la possibilité de mentir, pas quand elle me fixait avec ce regard pâle.
— Oui, je pensais que tu étais un vampire.
— Tu te trompes, murmura-t-elle. Je suis un vorcier.
J’ignorais ce qu’était un vorcier, mais je ne tenais pas à le savoir pour l’instant. La conversation que nous venions d’avoir m’avait sérieusement ébranlé. Je me surpris à penser qu’elle aurait pu être séduisante sans sa peau trop pâle et les mèches de cheveux qui lui retombaient devant le visage.
Le mouvement qu’elle fit en direction de ma chaise me prit par surprise. Elle s’était emparée de mon blouson avant même que je ne puisse l’en empêcher. Comment pouvait-elle se déplacer aussi rapidement ? Elle ouvrit mes poches les unes après les autres pour les fouiller.
— Où as-tu eu ce truc ?
Par truc, je compris qu’elle désignait le portemine bleu pailleté de Lola.
Elle me demanda en bloc à qui il appartenait, depuis combien de temps je l’avais et, plus étonnant encore, si elle pouvait le garder. Je m’opposai à sa dernière requête, j’avais l’intention de le rendre à Lola le lendemain. Alex ne s’en formalisa pas, je crus déceler une lueur d’intérêt dans ses yeux quand je prononçai le prénom de ma petite amie.
Elle tenait toujours le portemine quand elle alla s’asseoir sur le lit. Elle sortit une sorte de bijou de la poche de son jean. C’était une bille noire suspendue au bout de sa chaîne à laquelle elle fit décrire des cercles au-dessus du crayon. La main d’Alex était immobile, elle se contentait d’observer les rotations du pendule.
D’une impulsion, la bille regagna sa main. Son sourire était différent, elle semblait très satisfaite. Elle me lança le crayon et me remercia. Le temps que je le remette dans ma poche, elle avait disparu.
Ce ne fut qu’une fois allongé sur mon lit que je me détendis. Rétrospectivement, j’étais mort de trouille. Alex avait la capacité d’apparaître ou de disparaître à volonté, ce qui était loin de m’aider à trouver le sommeil.
La fatigue finit par me prendre par surprise peu avant l’aube. En m’éveillant, j’avais l’impression de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit. Il me fallut plusieurs minutes sous une douche froide pour émerger. La visite d’Alex m’apparaissait à présent comme un mauvais rêve. Pourtant, je savais qu’il n’en était rien.
lundi 12 octobre 2009
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