Je voulais à tout prix me raccrocher à cette idée et décidai de rentrer chez moi avant que mes parents ne s’inquiètent. Je fus bien inspiré d’être revenu à la maison. Le soleil était en train de se coucher et ma mère m’attendait derrière la porte.
— Qu’est-ce que tu faisais Guillaume ?
— Lola était malade aujourd’hui, je suis allé lui apporter les cours qu’elle a manqués.
J’avais de la chance que ma mère connaisse Lola. Sinon j’aurais eu droit à un interrogatoire en règle. Elle poursuivit.
— Comme ton père est parti à un congrès pour trois jours, je t’ai préparé ton dîner. Tu le feras réchauffer à huit heures, je dois aller travailler. Tu devrais te coucher tôt ce soir, tu as l’air un peu fiévreux.
Je prêtai une oreille distraite aux recommandations maternelles. Par la fenêtre, je venais d’apercevoir quelqu’un sauter par-dessus la haie. Il me sembla reconnaître une croix blanche sur le torse de notre visiteur, mais il se dissimula parmi les plantes en un clin d’œil. Lorsque je rentrais dans la cuisine, je trouvais la fenêtre ouverte. J’attendis d’entendre le bruit de la voiture de ma mère s’éloigner pour la refermer.
Alex était là, les fesses posées sur le rebord de l’évier. Ses longues jambes gainées de jean noir étaient croisées devant elle. Sa présence était la dernière chose qui manquait à ma soirée pour basculer dans la folie la plus totale. Comme elle ne m’adressait pas la parole, je l’ignorai le temps de réchauffer mon repas.
Le bourdonnement du four à micro-ondes s’acheva par une série de bips. En récupérant mon assiette, je demandai à Alex.
— Tu en penses quoi, de la combustion humaine spontanée ?
Elle prit de temps de réfléchir avant de répondre.
— Des fois, elle n’est pas spontanée.
Sa réponse me fit sourire. Tout en mangeant, je lui fournis le peu d’informations auxquelles j’avais eu accès à propos de la mort du surveillant. Je réprimai un frisson quand son regard se fixa sur moi. Ses yeux pâles avaient le don de me mettre mal à l’aise.
— Tu penses que c’est le prof qui a cramé l’autre fouineur ?
Je ne savais pas quoi répondre, sa question était abrupte, mais elle faisait écho à mes propres doutes.
Une fois vide, je mis mon assiette dans l’évier. Ce faisant, je frôlai la taille d’Alex. Elle était aussi froide que les meubles de la pièce. Cette sensation accentua encore le malaise que je ressentais à ses côtés. Bien qu’étrange, elle était la seule personne à laquelle je pouvais parler librement.
Une idée pour retrouver Lola me traversa l’esprit.
— Tu as toujours ton pendule avec toi ?
— Oui, pourquoi ?
En guise de réponse, je sortis le portemine bleu de mon blouson et le lui lançai. Elle l’attrapa au vol.
— Tu penses pouvoir retrouver Lola avec ça.
— Oui. Et si tu avais une carte de la ville, ça serait encore plus facile.
— Je vais te chercher ça tout de suite.
Je trouvais une carte dans le bureau de mon père à l’étage. Quand je redescendis, Alex s’était installé sur la table et faisait tourner sa bille noire au-dessus du portemine. Elle le glissa dans sa poche et déplia la carte à la place.
lundi 26 octobre 2009
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