mercredi 7 octobre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 5

Le lendemain matin arriva trop vite. Je n’étais pas parvenu à trouver le sommeil tant ma découverte accidentelle me préoccupait. Heureusement que la journée du mercredi était la moins chargée de la semaine.

Pour une fois, je pris le petit-déjeuner avec mes parents. J’eus donc à supporter un laïus de mon père sur l’importance d’avoir de bons résultats au lycée. Bien qu’étant silencieuse, ma mère approuvait ce discours. Je la soupçonnais même de l’avoir poussé à me parler. En temps normal, nous nous croisions sans échanger le moindre mot.

La satisfaction de retrouver Lola à l’arrêt de bus effaça mes contrariétés matinales. Elle était particulièrement ravissante ce matin-là, elle avait détaché ses longs cheveux châtains et avait troqué son habituelle jupe grise pour une robe bleue.

Le trajet pour nous rendre au lycée me parut plus court que d’habitude, même si elle passa plus de temps à regarder par la fenêtre qu’à faire la conversation. Le bus s’arrêta à quelques mètres du lycée. En sortant, Lola me demanda.
— Dis-moi Guillaume, tu veux bien m’accompagner au bureau du moustachu ?
J’acquiesçai d’autant plus volontiers que sa main venait de se glisser dans la mienne.

En chemin, elle m’expliqua qu’elle devait apporter un justificatif d’absence au surveillant général et elle avait l’impression qu’il la détestait. Cela ne me surprit guère, le surveillant en question était affublé d’une mauvaise humeur tout aussi légendaire que sa moustache.

Le surveillant regarda le mot que venait de lui tendre Lola avec suspicion. Son regard soupçonneux remonta vers nous. Il la dévisagea, puis ce fut mon tour d’être passé au crible de ses yeux noirs. Il nous fixait toujours quand nous quittâmes le bureau. Il donnait vraiment l’impression d’avoir une dent contre Lola. Son attitude m’avait tellement intrigué que je ne remarquai pas le professeur debout au milieu du couloir.

Sous le choc, il laissa tomber la pile de papiers qu’il avait dans les mains. Les feuilles se répandirent tout autour de nous. Nous nous retrouvâmes tous les trois accroupis pour récupérer les feuilles répandues sur le sol. Je bredouillai des excuses auxquelles le professeur répondit avec le sourire.
— Cela arrive à tout le monde d’être distrait.

Me sentant observé, je jetai un coup d’œil en arrière. Le surveillant nous regardait toujours, la moustache tordue d’une drôle de façon. Je lui renvoyai un regard étonné, ce qui lui fit hausser les épaules. Il se décida finalement à retourner dans son bureau dont il claqua la porte derrière lui.

Une fois les feuilles ramassées, le professeur reprit son chemin dans les couloirs, toujours d’excellente humeur. Dès qu’il fut hors de vue, je demandai à Lola si elle savait qui il était.
— Bien sûr, c’est Daniel Kaenel, le professeur de littérature des terminales. C’est lui qui anime le club de lecture du mardi soir.

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