Le samedi après-midi, je pris le bus pour me rendre en centre-ville. Lola avait accepté ma proposition et nous devions nous retrouver devant le parc du lycée à cinq heures. Elle s’était montrée enthousiaste à l’idée d’aller voir le caveau du vampire. L’affiche ne faisait aucun mystère du genre auquel il se rattachait. Le héros et sa fiancée se serraient l’un contre l’autre au milieu d’un cimetière rempli d’ombres menaçantes.
Après avoir fait la queue pour les billets pendant une dizaine de minutes, nous nous retrouvâmes assis côte à côte dans la salle de cinéma. Lorsque la lumière s’éteint, j’eus l’intuition d’avoir commis une erreur en acceptant d’aller voir ce film.
Cette impression se confirma tout au long de la séance. Le comportement de Lola était l’exact opposé que ce à quoi je m’attendais. Elle soupira ouvertement pendant la première partie, jusqu’à ce que la fiancée du héros se fasse enlever par le vampire. Les tentatives de séduction du monstre la firent rire aux éclats et elle insulta presque la fiancée du héros d’y succomber.
Une demi-heure avant la fin du film, je me résignai et cessai d’observer Lola. Je profitai donc pleinement de la poursuite de nuit à travers un cimetière entre le couple de héros et le vampire. C’était cette scène qui illustrait l’affiche et je la trouvais plutôt réussie, même si la fin laissait à désirer.
Je n’avais certes qu’une expérience limitée en matière de vampires, mais il me semblait que les réactions de l’acteur face au crucifix improvisé du héros étaient excessives. Ce pauvre vampire finit empalé par un pieu au pied d’une statue d’ange. Un soleil particulièrement véloce se leva derrière l’ange et transforma le mort-vivant en poussière.
J’étais encore surpris d’avoir vu Lola trépigner de joie tandis que le vampire se désagrégeait. Je me demandai si elle n’était pas plus bizarre que je ne l’avais imaginé. Pourtant, alors que nous attendions le bus, je lui pris la main et tentai de l’embrasser.
Ma tentative était maladroite, mais Lola se révéla adroite pour l’esquiver. Je me sentis profondément ridicule et lui lâchai la main. Le silence entre nous était pesant. Dans l’espoir de détendre l’atmosphère, je lui proposais de lui rendre le portemine bleu qui trainait toujours dans ma poche.
— Je croyais que c’était toujours Mathilde qui l’avait. Tu peux le garder si tu veux.
— D’accord.
Je me retins de lui parler d’Alex que ce portemine intéressait au plus haut point. Au vu de ses réactions durant le film, j’en avais déduit qu’elle ne portait pas les vampires dans son cœur. Visiblement, elle ne m’appréciait pas plus que ça non plus.
J’étais trop déçu sur le moment pour trouver étrange qu’elle ne soit pas rentrée en bus avec moi. J’y réfléchis durant le trajet qui me ramena chez moi, mais ne trouvais pas d’explication satisfaisante.
vendredi 16 octobre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire