Ma soirée s’étant libérée, j’en profitai pour passer au club de photographie. C’était une activité que j’aimais pratiquer à mes heures perdues. Ce qui me plaisait le plus n’était pas de prendre des clichés, mais de les développer. L’ensemble de bains chimiques à manipuler m’amusait au plus haut point.
Lorsque j’arrivai au laboratoire, il y régnait une animation inhabituelle. J’en demandai la raison à Maxence qui semblait particulièrement agité.
— C’est Nicolas, m’expliqua-t-il. Il voulait faire des photos dans le parc, derrière le lycée. Il n’y avait personne, alors il est passé par-dessus le grillage. Il est tombé sur quelqu’un, un gars qui traînait dans le parc, et il a explosé son appareil.
Ce fut Nicolas en personne qui m’apprit qu’il avait eu le réflexe de prendre son agresseur en photo. Son appareil gisait sur la table en plusieurs morceaux, le rôdeur avait donné un coup de poing dedans avant de s’enfuir.
La tâche de développer le négatif me fut confiée à l’unanimité. Je me rendis dans la salle dédiée, un placard obscur plutôt d’une véritable chambre noire. Avec précaution, je déroulai la pellicule. Par miracle, elle était intacte et n’avait pas été abîmée par la lumière. Je parvins à récupérer le négatif de la dernière photographie prise, celle de l’assaillant de Nicolas.
Au fond du bac, je vis un visage se dessiner. Cependant, ce ne fut qu’une fois que le cliché avait commencé à sécher que je reconnus les traits d’Alex. Un détail me glaça d’effroi. Sur cette photo, elle avait la bouche ouverte, deux canines longues et pointues en sortaient.
J’avais l’intention de montrer la photo à mes camarades dès qu’elle serait prête, mais après une minute de réflexion je réalisai que ce n’était pas une bonne idée. Il valait mieux que je garde cette découverte pour moi seul. Je n’avais pas envie de faire face aux questions qu’elle n’aurait pas manqué de provoquer.
J’emballai donc soigneusement le négatif, puis le glissai dans ma poche. Ensuite, j’allumai la seule ampoule de la pièce et regardai le visage d’Alex s’effacer. Lorsque je sortis de la salle, j’annonçai aux membres du club que la pellicule avait été exposée à la lumière et que je ne pouvais rien en tirer. Leurs espoirs de se livrer à une chasse au rôdeur furent déçus et seul Nicolas sembla en éprouver du soulagement.
Sur le chemin du retour, je passai devant l’endroit où j’avais vu Alex pour la première fois. Quelques mètres plus loin, je reconnus le portail métallique aux gonds rouillés. La maison quant à elle était dissimulée par un rideau de cyprès. Aucune lumière ne brillait aux fenêtres. Cette demeure semblait déserte et les herbes hautes qui faisaient office de pelouse confirmaient cette impression.
À la nuit tombée, cet endroit était des plus sinistres et je m’en éloignai avec soulagement. J’espérais de tout cœur que la prédiction de ma nouvelle voisine ne se réaliserait pas. Après avoir vu sa surprenante dentition, j’étais décidé à l’éviter.
lundi 5 octobre 2009
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