En fin de journée, les bus étaient moins fréquents. J’avais donc un quart d’heure de retard quand j’arrivai au jardin d’enfants. Lola était assise sur la balançoire. Ses lèvres remuaient comme si elle était en train de répéter une leçon et elle mâchouillait l’ongle de son pouce.
Lorsqu’elle me vit arriver, elle se leva d’un bond.
— J’avais peur que tu ne viennes pas, dit-elle d’une petite voix.
— Désolé pour le retard. Tu veux qu’on attende un peu avant d’y aller, proposais-je en voyant qu’elle avait les yeux rouges.
— Non, ça ira.
Sa main se serra autour de la mienne et nous quittâmes le parc. Traverser la rue fut plus difficile que je ne l’aurais cru. La main de Lola est humide sueur. Je ne l’avais jamais vue aussi nerveuse que lorsque nous passâmes le portail du jardin de Kaenel.
Quelques roses trémières émergeaient des herbes hautes qui avaient recouvert la pelouse. Leurs fleurs roses et rouges étaient la seule touche de couleur vive entourant la maison. Les murs de pierre étaient gris et les volets peints en bordeaux. Derrière les vitres, des rideaux noirs dissimulaient complètement ce qu’il y avait à l’intérieur.
Les graviers de l’allée crissaient sous les semelles de mes chaussures. C’était le seul bruit que j’entendais, avec celui de nos respirations. Le soleil était couché et tous les habitants de la rue vaquaient à leurs occupations. Ils n’avaient aucune raison de prêter attention aux deux adolescents qui s’apprêtaient à entrer chez un sorcier.
Sur le pas de la porte, Lola arrêta d’avancer. Je me tournai vers elle et vis ses yeux en larmes. Elle n’avait cessé de pleurer depuis que nous étions entrés dans le jardin.
— Je suis désolée, murmura-t-elle.
— Désolée, mais pourquoi ?
— Tu n’aurais jamais dû m’accompagner ici.
Avant que je n’aie posé une nouvelle question, elle posa ses lèvres sur les miennes un court instant. Puis, elle me poussa à travers la porte qui venait de s’ouvrir.
vendredi 6 novembre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire