Ma petite amie gisait sur le parquet, les yeux écarquillés. Les carreaux qui la maintenaient au sol avaient déchiqueté ses paumes ; il y a avait des traces de sang partout autour d’elle. Les bougies renversées finissaient de se consumer et le pentacle était presque effacé.
— C’est une sacrée pagaille, commenta Alex dans mon dos.
— Oui. Ça ne va pas être simple à expliquer ?
Je m’imaginais déjà en train de raconter à mes parents que j’avais manqué d’être sacrifié par ma petite amie et un professeur de littérature. Quant à parler de l’intervention miraculeuse du vorcier qui avait les massacrés, je savais que ça n’allait pas arranger les choses. La voix toujours calme d’Alex coupa net mes pensées.
— On ne va rien expliquer du tout.
— Comment ça ?
— Tu vas sortir par l’arrière de la maison et moi je m’occupe de nettoyer.
Bien que je me demande de quelle manière elle comptait remettre cette pièce en ordre, je lui obéis sans discuter. Elle paraissait avoir une certaine habitude des situations étranges.
— Tu peux récupérer ça, dit-elle en me tendant un morceau de papier.
— Qu’est-ce que c’est ?
Alex haussa les épaules.
— Tu verras plus tard. Maintenant, files d’ici !
Je quittai donc le pavillon de Kaenel en passant par une des fenêtres puis traversai le jardin. Je remontais la rue jusqu’à l’arrêt de bus. Par chance, je n’étais pas resté longtemps dans les griffes des sorciers. Je pouvais espérer prendre le dernier bus et rentrer chez moi avant que me mère ne s’inquiète de mon absence.
Puisque j’avais du temps devant moi, je dépliai le papier que m’avait donné Alex. Il s’agissait du mot que j’avais laissé à ma mère avant de partir. J’allais être bon pour des sérieuses de remontrances à mon retour, d’autant plus que j’avais prétendu être malade ce matin.
Soudain, je vis un nuage de fumée s’élever de la rue d’où j’étais arrivé. Des flammes orange illuminaient le ciel nocturne. J’étais à peu près sûr qu’elles venaient de la maison du professeur de littérature. Alex avait une façon radicale de faire disparaître cette scène gênante. C’était probablement mieux que personne ne découvre ce qui était advenu des sorciers.
Une série de camions de pompiers passèrent devant l’arrêt, puis ce fut au tour d’un bus. Je laissai derrière moi le feu qui dévorait les souvenirs de cette soirée. Me faire disputer par mes parents était infiniment moins grave que finir égorgé sur une toile cirée.
En arrivant chez moi, je m’étais résigné à entendre plus de cris que je n’en avais jamais entendus. À ma grande surprise, ma mère me demanda si j’avais pu rattraper mes cours.
— Pas vraiment, répondis-je sur la défensive.
— Lola n’a pas pu t’aider ?
Le mot posé dans vide-poche me fournit toutes les explications dont j’avais besoin. Il prétendait que j’allais chez Lola pour récupérer les cours et que son père me ramènerait à la maison.
— Lola et moi nous sommes disputés.
C’était une version très édulcorée, mais ma mère comprendrait que je n’aie pas envie d’entrer dans les détails.
vendredi 20 novembre 2009
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