mercredi 11 novembre 2009

Le pendule du vorcier - Episode 19

Soudain, la lumière des bougies s’intensifia. Le bruit de pas sur le plancher me laissait penser que Kaenel venait d’entrer dans le salon. À la lueur vacillante des bougies, je vis une silhouette sombre s’approcher du canapé. La main qui émergea d’une manche de sa robe pour se poser sur l’épaule de Lola était sans le moindre doute celle du professeur de littérature.

Ce geste avait beau être réconfortant, elle se recroquevilla un peu plus entre les coussins.
— Je ne peux pas faire ça.
— Si, tu peux.
— C’est trop dur, il ne me mérite pas ça.
Elle jeta un regard dans ma direction. Le ton de sa voix et son allure montraient que la situation lui était pénible. Depuis qu’elle m’avait attiré ici, elle était rongée par la culpabilité. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui m’attendait, mais elle oui. Si elle s’en voulait autant, c’est que les choses risquaient de mal tourner.

Kaenel sortit un objet métallique de sous sa robe. La lumière des bougies se refléta sur une lame ondulée de la taille de son avant-bras.
— Élisabeth chérie, tu dois le faire pour retrouver tes pouvoirs. Tu as envie de redevenir aussi forte que le siècle passé, n'est-ce pas…
Lola hocha la tête. Ce ne devait pas être la première fois qu’il l’appelait Élisabeth.
— Rappelle-toi comme tu étais puissante à l’époque. Ensemble, nous étions des dieux, les dieux du feu.

Les flammes se mirent à danser à l’évocation des anciens pouvoirs des sorciers. S’ils étaient si redoutables, comment avaient-ils été réduits à se rencontrer dans un lycée ? Je repensai aussi à Alex qui les cherchait avec son pendule.
— C’était avant qu’un vorcier ne vienne, demandais-je.
Je n’étais absolument pas sûr de moi, ni de ce que j’avançai. Pourtant, ma remarque fit mouche. La pièce fut plongée dans l’obscurité.
— Comment connais-tu ce nom ? siffla le sorcier furieux.

Je n’avais pas envie de répondre. J’avais trop peur de ce que je pourrais lui révéler sur Alex. Kanel se releva, s’approcha de moi et tint mon visage entre ses deux mains.
— Tu vas me dire tout ce que tu sais de ces maudits vorciers.
Ce n’était pas une question. Cependant, je ne pus m’empêcher de secouer la tête en signe de dénégation. D’une poussée, il me projeta en arrière. Mon crâne heurta le rebord de la table et je m’affalai sur le sol.

J’entendis le sorcier dire à Lola qu’ils n’avaient plus le temps et qu’ils devaient procéder d’urgence au sacrifice. Elle hocha la tête, se leva du canapé, puis prit le poignard des mains de son amant.

J’avais un très mauvais pressentiment concernant l’objet du sacrifice. Je tentai de me remettre sur mes jambes en m’accrochant à la table, mais je ne réussis qu’à mettre la nappe par terre. Empêtré dans la toile cirée, je ne savais pas par quel moyen j’allais bien pouvoir me sortir de là.

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