Comme il s’y attendait, ses parents l’accueillirent plutôt fraîchement. Sa mère termina d’arroser les plantes vertes avant de remporter le pulvérisateur dans la véranda. Quant à son père, enfoncé dans son fauteuil, il leva les yeux des documents qu’il consultait.
– Tu n’étais pas censé rentrer à dix-neuf heures ?
– Si, répondit Fabrice du tac au tac. Mais je devais aussi passer rendre les vêtements que mon copain m’avait prêtés la semaine dernière.
Cette affirmation n’était qu’en partie fausse. L’adolescent avait bel et bien l’intention de rendre ses affaires à Corentin quand il était parti le matin. Cependant, leur conversation lui avait ôté cette idée de la tête et les vêtements se trouvaient toujours dans son sac à dos.
– Je connais ce garçon ? demanda sa mère lorsqu’elle revint dans le salon.
– Non, il n’est jamais venu à la maison.
Si sa mère ne rechignait jamais à ce qu’il invite des amis chez eux, c’était en grande partie pour garder un œil sur ses fréquentations. Fabrice n’était pas dupe de l’hospitalité maternelle et en profitait, tout en restant le plus évasif possible quand elle le questionnait.
Il se tourna ensuite vers son père qui continuait de l’observer par-dessus la monture de ses lunettes en demi-lune. La question qu’il attendait ne tarda plus.
– Quelles sont tes notes de la semaine ?
– Un quatorze en biologie, un treize en histoire et un dix-neuf et demi en maths.
– C’est bien.
D’aussi loin que Fabrice s’en souvienne, le rituel des notes avait toujours existé. Dès l’école primaire, son père lui réclamait le détail de ses résultats plusieurs fois par semaine. Ces comptes-rendus avaient perdu de leur fréquence quand la famille avait déménagé en province, mais ils restaient ancrés dans leur relation.
À présent que la discussion était close, son père replongea dans sa lecture. L’adolescent s’adressa donc à sa mère afin de l’avertir qu’il comptait travailler dans sa chambre et qu’il n’avait pas faim. Sans attendre la réponse maternelle, il tourna les talons et remonta l’escalier à toute allure.
mercredi 5 mai 2010
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