Le hurlement de la sonnette arracha Corentin à ces édifices cristallins alors qu’il s’apprêtait à coucher sur le papier la personne à l’origine de ces reflets. Il lâcha le portemine, puis appuya ses paumes fraîches contre ses paupières. La migraine avait quelque peu relâché son emprise, néanmoins la tension qui lui avait inspiré ce dessin persistait.
Un second coup de sonnette retentit plus longuement, suivit de plusieurs autres. Ce bruit horripilant contraignit l’adolescent à trouver l’énergie de quitter le calme de sa chambre. Il était épuisé et aurait préféré rester à se reposer, mais en l’absence de sa tante il se devait d’ouvrir aux visiteurs.
Il descendit l’escalier abrupt qui menait au premier étage, puis dévala les marches jusqu’au rez-de-chaussée. Avant même d’avoir ouvert la porte, il eut la certitude qu’il s’agissait de sa tante qui, une fois de plus, avait oublié ses clés avant de partir.
Il constata que son intuition ne l’avait pas trompé quand, après qu’il eut déverrouillé la serrure, Évelyne pénétra dans l’entrée, les bras chargés de prospectus, de livres et de gadgets divinatoires. Sans prendre la peine de se débarrasser de ses affaires, elle demanda à son neveu :
– Alors, comment c’est passé ta journée ?
– Normal, comme un lundi.
À peine avait-il prononcé cette réponse automatique qu’il réalisa qu’elle était fausse. Il se remémora sa conversation avec Fabrice et l’engagement qu’il avait pris. Afin de préparer le terrain à propos de la tentative d’exorcisme et de ses conséquences, il ajouta :
– J’ai déjeuné au parc avec Fabrice.
– Le garçon qui est rentré avec toi la semaine dernière.
Il acquiesça, puis resta silencieux. Il ignorait comment présenter l’amnésie de son ami sans dévoiler les changements survenus dans le comportement de Gwenaëlle. Partager ses inquiétudes concernant son amie d’enfance revenait à admettre l’étendue de l’affection qu’il avait pour elle. Pour le moment, il s’y refusait et s’accrochait à ce secret avec obstination.
mercredi 26 mai 2010
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