Lorsque le téléphone se mit à sonner, Fabrice dévala l’escalier afin de décrocher avant sa mère. Cette dernière ne cacha pas surprise de voir son fils aussi agité, mais elle retourna à ses activités en gardant ses questions pour plus tard.
La déformation du son conférait à Anne-Sophie un timbre plus aigu que d’habitude. Il eut du mal à reconnaître la voix qui résonna dans le combiné :
– Salut Fabrice, j’ai écouté ton message.
– C’est sympa de m’avoir rappelé, Anne-So.
Cet échange de politesses fut suivi par un long silence. L’adolescent hésita à aborder immédiatement le sujet qui le préoccupait, aussi il demanda :
– Tu vas bien depuis lundi ?
– Euh… oui, ça va bien.
Toute l’assurance qu’elle affectait quand il l’avait revue s’était envolée. La lycéenne charismatique avait laissé sa place à la fille timide qu’il avait côtoyée au collège.
– J’ai été très surprise de te revoir, dit-elle sur le même ton timoré.
– Moi aussi. Pourtant, je pensais que Gwenaëlle t’aurait dit que nous sortions ensemble.
– Non, elle est très discrète.
Ses intonations s’étaient faites plus sèches sur cette dernière remarque. Fabrice profita cependant que sa petite amie soit apparue dans la conversation pour demander :
– Anne-So, j’ai une question à te poser ?
– Sur ?
– Gwenaëlle.
Le silence à l’autre bout du fil suintait la déception. Pourtant, l’adolescent avait besoin d’en apprendre davantage sur Gwen.
– Elle ne t’a jamais parlé de moi avant lundi ?
– Non, jamais. Même cette semaine, elle n’a pas dit un mot sur toi.
– Ah.
– Écoute-moi, Fabrice. Pour elle, c’est comme si tu n’existais pas.
Ce n’était plus de la déception qu’il décela dans sa voix, mais un concentré d’amertume et de colère. De telles émotions le surprenaient de la part d’une fille aussi tranquille, elle avait décidément plus changé qu’il ne l’imaginait.
lundi 11 octobre 2010
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