lundi 18 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 7

Le grincement de l’escalier qui précéda l’arrivée d’Évelyne interrompit ses réflexions. Elle frappa néanmoins à la porte avant d’entrer, puis demanda :
– Tu vas bien ?

Corentin se redressa, mais il ignora la question. Son mutisme ne découragea pas sa tante de venir s’asseoir à côté de lui.
– C’est de ma faute, marmonna-t-il.
– Quoi donc ?
– Tout.

Pour seule réponse, il reçut une claque sur le haut du crâne. Plus surpris que blessé, il se tourna vers sa tante bien qu’il ne puisse que discerner sa silhouette.
– Pourquoi tu m’as frappé ?
– Pour que tu arrêtes de te conduire comme un gamin égocentrique.

Le sérieux avec lequel elle avait prononcé cette réplique le cingla davantage qu’une gifle. Elle acheva de lui remettre les idées en place en déclarant :
– Tu es loin d’être le premier dans la famille à avoir des pouvoirs de ce genre. Tu n’es même pas le plus jeune, ni même le plus malheureux.
– Il y en a d’autres ? Je veux dire dans la famille, à part toi et moi.
– Oui. La majorité des personnes refuse le don ou ne l’exploite pas, mais nous devons être une dizaine.

Corentin ne s’attendait pas à une telle révélation. Jamais il n’aurait imaginé que d’autres membres de sa famille soient des sorciers ou des devins. Sa singularité baissa d’un cran et son angoisse avec. Il pouvait mettre ses pouvoirs sur le compte du sang qui coulait dans ses veines et cesser de s’accuser de cette tare.

Après ce premier pas sur le chemin de l’acceptation, l’adolescent replongea dans ses pensées avec un regard plus lucide. Évelyne se leva du lit et déclara :
– Quand tu auras pris un peu de recul, j’aurais des choses à te montrer.
– Quelles choses ?
– Des archives sur notre famille. Pour que tu saches que, selon les époques, maîtriser les énergies mystiques équivalait à un aller simple pour le bucher ou l’asile d’aliénés.

À la mention de ces châtiments d’un âge révolu, il frissonna. Une nouvelle inquiétude fit son apparition :
– Et que va en penser Fabrice ?
– Il faudra que tu lui demandes. Mais, à ta place, je ne me ferrai pas trop de soucis pour lui.

Elle quitta la chambre de son neveu afin de laisser réfléchir au calme.

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