Depuis la fin du rituel, Corentin n’avait pas quitté sa chambre. Assis sur sa couette, il ruminait de sombres pensées à propos des phénomènes étranges auxquels Fabrice et lui avaient assisté dans l’après-midi. Alors que la lecture des influences magiques à l’aide du pendule s’était bien déroulée, le rituel avait basculé dans un maelstrom d’énergies négatives dès que sa tante avait ramené le bracelet.
Quand il se représentait mentalement ce bijou néfaste, il sentait à nouveau tous ses poils se redresser. Au moment où Évelyne avait refermé le bijou autour du poignet du Fabrice, il avait manqué de s’étouffer de peur et de colère.
Il ne comprenait pas qu’elle ait conservé auprès d’elle une chose qui dégageait autant d’énergie malsaine et, surtout, qu’elle y ait exposé son ami. Pourtant, elle l’avait fait avec la certitude que lui, un adolescent jusque-là quelconque, avait lancé un sortilège assez puissant pour l’en protéger.
Une certitude émergea de fatras de sentiments contradictoires : il était responsable des événements qui venaient de se produire. S’il n’avait pas eu l’idée saugrenue d’exorciser Fabrice, rien de tout cela ne serait arrivé.
Abattu, il s’allongea sur son lit. Depuis son retour dans sa chambre, il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière. Cependant, les étoiles fluorescentes au-dessus de sa tête brillaient de leur lueur jaunâtre et artificielle. Le rappel de son environnement familier atténua légèrement l’inquiétude de Corentin, puis elle s’accrut lorsqu’il réalisa les conséquences du rituel.
À présent, il ne pouvait plus nier qu’il possédait des capacités qui dépassaient de très loin celles des personnes normales. Non seulement, son exorcisme avait fonctionné, mais ses effets sur Fabrice étaient permanents. Il ignorait si, dans les semaines suivantes, il n’aurait pas d’autres surprises du même genre, comme le pouvoir de lire dans les pensées, ou celui de déplacer les objets à distance.
L’adolescent ne se sentait pas capable de vivre avec de telles aptitudes. Cet univers qu’il devinait à peine l’effrayait d’autant qu’il imprégnait ses dessins, grouillait sous sa peau et arrachait le peu de contrôle qu’il avait sur son existence.
vendredi 15 octobre 2010
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