mercredi 13 octobre 2010

Chapitre 8 de Limonade - Episode 5

Il resta silencieux un instant, puis ne trouva qu’une seule chose à dire :
– Je croyais que vous étiez amies toutes les deux.
– Gwen n’est qu’une petite garce. Ça me fait mal au cœur que tu sois tombé sur une fille comme elle…

Fabrice n’eut aucun mal à comprendre le sous-entendu qu’elle venait de faire. Découvrir qu’Anne-So éprouvait des sentiments à son égard lui fit monter le sang au visage. En dépit de la rougeur qui lui gagnait les joues, il fit mine de ne rien avoir entendu.
– Au moins, tu es franche.
– J’espère que tu ne m’en veux pas. Tu as l’air de beaucoup tenir à elle.
– Il va falloir que je réfléchisse à tout ça.

L’impression de confusion qu’il ressentait devait s’entendre malgré la mauvaise qualité de la ligne, car son interlocutrice s’inquiéta :
– Tu es sûr que tu ne m’en veux pas ?
– Non, j’avais déjà des doutes à propos de Gwen.
– Depuis longtemps ?

Cette question sortait du cadre du bavardage entre lycéens. L’adolescent avala sa salive et hésita avant de déclarer :
– La semaine dernière, un gars m’a balancé un seau d’eau à la figure et chantant des trucs des bizarres. Après ça, j’ai oublié plein de trucs sur Gwen. C’était pareil qu’un rêve dont on oublie tout quand on se réveille.
– Oh, la sale garce !

Le reste des invectives qu’Anne-So proféra à l’encontre de sa soi-disant amie furent étouffées, comme si elle avait plaqué sa paume contre le micro. Fabrice l’appela plusieurs reprises, croyant avoir perdu la communication. Il allait raccrocher lorsqu’il entendit à nouveau sa voix aigüe :
– Quel gars ?
– Je sais pas. Un type que je n’ai jamais vu au lycée, je suppose qu’il doit aller ailleurs…

Il s’apprêtait à donner un faux signalement de Corentin quand la fille l’interrompit :
– Il faut absolument qu’on se voie. Essaye de te rappeler du maximum de choses sur ce gars et surtout, ajouta-t-elle avec un ton de conspiratrice, n’en parle pas à Gwenaëlle.
– D’accord.

Il raccrocha dans la minute suivante et, une fois qu’il eut remis le téléphone en place, il pressa ses mains contre ses joues écarlates. La déclaration implicite d’Anne-Sophie le mettait très mal à l’aise et il ne savait comment réagir.

Sa réaction, aussi violente que surprenante, au moment où avait parlé de l’exorcisme le laissait penser qu’elle savait très bien de quoi il retournait. Il hésita à téléphoner à son ami pour lui faire part de cette découverte, puis il se rappela que celui-ci devait toujours être préoccupé par ses capacités étranges et il retourna à ses devoirs.

2 commentaires:

  1. Ah, super, super! Ça bouge et j'adore!
    Crêpage de chignons, les filles! >__<

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  2. Eh oui, pour faire avancer l'intrigue on peut compter sur les filles. Par contre, il faudra attendre le chapitre 11 pour découvrir les conséquences de cette conversation.
    Heureusement, j'ai des morceaux d'intrigue à intégrer dans la trame pour te faire patienter les prochains chapitres.

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