Une fois seul, Corentin bondit sur ses pieds afin d’atteindre l’interrupteur. La vive lumière issue de l’ampoule accrochée au plafond inonda la chambre. Il soupira profondément, puis s’assit à son bureau. Dans le bocal vide qu’il utilisait pour ranger ses stylos, il prit un crayon gris et griffonna quelques spirales afin d’offrir un support à ses pensées.
Les phénomènes survenus durant l’après-midi n’avaient fait que confirmer ses intuitions. Enfant, il avait la capacité à prévoir certains événements à travers ses dessins, puis ses visions avaient emprunté une forme détournée faite de métaphores incompréhensibles. À présent, il découvrait que de son don ne se limitait pas la voyance, mais qu’il s’étendait aux sortilèges d’exorcisme.
Cette perspective avait beau être effrayante, elle n’en demeurait pas moins son meilleur espoir de venir en aide à Gwenaëlle. L’enchantement dont Fabrice avait été victime pouvait aussi avoir affecté la jeune fille, à moins que quelqu’un dans son entourage n’emploie la magie dans des buts plus au moins avouables.
En dépit de ce que sa tante et son ami semblaient sous-entendre, il demeurait persuadé de l’innocence de Gwen. Il n’arrivait pas à concevoir qu’elle ait pu employer un sortilège afin d’attacher Fabrice à elle. Jamais il ne l’avait vue soupirer après l’un des tombeurs du collège, ces garçons qui affichaient une attitude exagérément décontractée et suscitaient l’admiration des autres adolescents plus effacés.
Bien qu’il éprouve un profond désintérêt pour ceux qui ne pensaient qu’à se mettre en avant, souvent aux dépens des plus discrets, Corentin éprouvait une réelle affection pour Fabrice. Il craignait cependant que le rituel auquel il avait été soumis ne l’incite désormais à le fuir.
Sa tante lui avait conseillé d’en parler avec lui, mais il imaginait mal comment présenter la situation de sorte qu’elle ne paraisse pas trop bizarre. Jusqu’à présent, c’était toujours Fabrice qui était venu vers lui et avait pris l’initiative de leurs discussions. Trop timide pour oser l’aborder en plein milieu de la cour du lycée, il résolut d’attendre de le croiser dans un couloir.
mercredi 20 octobre 2010
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