Quand leur professeur revint vers le fond de la salle, ils simulèrent une résolution d’équation particulièrement complexe. Cependant, l’esprit de Corentin était libéré d’une part importante de ces préoccupations. Peu à peu, il laissa les explications de son compagnon prendre la place laissée par ses inquiétudes.
Au bout d’une demi-heure de travail sous la supervision de Fabrice, il réussit non seulement à résoudre les problèmes sur lesquels il bloquait la veille, mais à comprendre le mécanisme à appliquer quel que soit l’énoncé de l’exercice.
– Tu veux passer aux fonctions, ou tu estimes que tu as assez travaillé pour aujourd’hui ?
– Les fonctions, c’est le prochain chapitre ?
– Oui, comme ça tu pourras prendre de l’avance et comprendre le cours.
La perspective de continuer à étudier les mathématiques n’avait rien de réjouissant, néanmoins il préférait encore ces exercices à une conversation sur les pouvoirs qu’il commençait à développer. Pourtant, il savait que ces explications devaient avoir lieu s’il voulait conserver l’amitié de Fabrice.
– On regarde juste le cours, j’aurais des choses à te dire après.
– D’acc.
Les pages couvertes de graphiques et d’équations défilèrent bien trop vite au goût de Corentin. Lorsqu’il atteignit la dernière page, il n’avait pas la moindre idée de la manière dont il allait présenter les choses à son ami. Ce dernier avait cessé le regarder le livre pour le dévisager, une lueur d’interrogation au fond de ses yeux bruns.
Afin d’avoir un élément sur lequel il puisse s’appuyer, l’adolescent ressortit le dessin qu’il avait achevé le mercredi soir.
– Avant que je n’essaye de t’exorciser, déclara-t-il, la seule chose bizarre chez moi, c’était mes dessins.
Ces paroles obligèrent Fabrice à concentrer son attention sur les tours cristallines et leur prisonnier, puis il s’exclama :
– Mais, c’est moi !
– Oui, et le pire, c’est que je ne sais même pas pourquoi c’est toi que j’ai dessiné.
– Tu veux dire que tu ne sais pas ce que tu fais ?
La grimace qu’il esquissa était éloquente, il précisa néanmoins :
– J’ai évité de dessiner pendant des années parce que je croyais que si mon dessin représentait un malheur, ce malheur allait arriver.
– Et maintenant ?
– Maintenant, je n’ai aucune idée de ce que mes dessins veulent dire, mais je pense qu’ils ont la même faculté.
– Celle de prédire les catastrophes ?
La façon beaucoup plus positive que Fabrice avait de voir la situation lui arracha un sourire. Celui-ci avait peut-être raison à propos de ses dessins, ce qui attisait son espoir de porter secours à Gwenaëlle.
vendredi 19 novembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire