vendredi 5 novembre 2010

Pénombre n°3 : La foule

Comme je m'y étais engagée, je consacre une fois de plus l'un de mes billets d'entre chapitre au fanzine Pénombre. Pour ce troisième numéro, le thème choisi a été "La foule".

A première vue, cette thématique ne colle pas vraiment avec l'esprit féerie urbaine du fanzine. Parmi les cinq textes qui composent la partie "grouillante de monde", les auteurs semblent avoir éprouvé des difficultés à choisir entre la foule et la magie.

Si la très courte nouvelle d'Anthony Boulanger fait preuve d'une incroyable densité, "Suis-je ?" m'aurait semblée plus appropriée dans un recueil de littérature noire.

A l'opposé, Anne Goulard a brossé le voyage d'une lycéenne dans le monde étrange du "Passage éphémère". La magie et la féérie s'entremêlent sous les yeux d'une adolescente d'abord perdue, puis exploratrice. Il y a un peu de conte de fées et une pointe de Doctor Who dans cet univers. L'illustration de Maïté Nicolas qui l'accompagne ajoute encore à l'atmosphère de cette nouvelle.

Le "Transperrance" de Thomas Spok m'a laissée dubitative. De la foule, un monde très ordinaire et un sentiment d'étrangeté, mais le mélange n'a pas pris. Là aussi, le texte m'a paru plus polar que fantastique.

En dépit d'une narration complexe, j'ai vraiment apprécié la nouvelle de Michaël Moslonka. Jacquemards, le héros, est doté d'un charisme incontestable. La suite de chapitres de "Péché capital" manque peut-être de cohérence par moments, heureusement que la chute met tout cela en ordre.

La partie athématique se compose de deux nouvelles. Elle commence par "En scène et en coulisse", un texte de Rémi Billoir qui est désormais un familier des publications de Transition. Une touche de fantastique, légère et exploitée avec talent, donne à cette fable politique un relief inattendu. Un gros coup de cœur pour le duo Paul-Chirine dont la relation cynique est délectable.

"Indicible !", la contribution de Jacques Fuentealba, apporte une dernière touche de noirceur à ce numéro de Pénombre. Il faut néanmoins reconnaître que cette noirceur suinte de sang et de terreur, comme une nouvelle de Lovecraft. La narration à la première personne accentue encore cette ressemblance.

Les textes qui composent ce fanzine sont plus sombres et moins portés sur la féerie que dans les deux précédents opus. La forte présence de certaines nouvelles accentue ce déséquilibre, mais l'ensemble reste agréable. Je déplore cependant que le thème de la foule n'ait pas été abordé d'un point de vue fantastique.

Hormis la très belle quatrième de couverture, l'illustration noir et blanc de Maïté Nicolas et le carnaval en couleur de Ladyyvi, le niveau des graphisme reste constant.

2 commentaires:

  1. Merci pour cet article, et pour l'assiduité avec laquelle tu suis nos publications! ^O^

    C'est vrai que le choix des nouvelles pour ce numéro-ci nous a un peu éloignés de notre ligne éditoriale. Nous avions reçu très peu de textes "féeriques" ou "légendaires" – nous en recevons peu en général, malgré une ligne éditoriale que j'espère claire.

    Pour l'instant, la sélection en vue du prochain "Pénombres" n'est pas encore bouclée, mais j'espère qu'on pourra se détacher de cette ambiance qui tire vers l'horreur, et qui nous rapproche un peu trop du fanzine "Borderline" (sans remise en doute de la qualité des textes, bien sûr!).

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  2. La ligne éditoriale est claire, mais je pense qu'il est difficile d'imposer aux auteurs des thématiques qui diffèrent autant des publications plus classiques.

    Selon moi, cette originalité de Pénombre est la raison pour laquelle je m'attache autant à cette revue. Je serais ravie de voir un numéro plus féerique.

    Quant à Borderline, je compte me fendre d'une critique sur leur numéro consacrés aux vampires. Je pourrais donner mon avis en toute connaissance de cause, mais leurs thèmes m'attirent moins.

    J'attends le prochain numéro avec impatience, et le suivant encore plus.

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