Lorsque la porte de l’appartement de la famille Kim s’ouvrit, Corentin hésita à y entrer.
– Tu comptes rester planté là ? demanda Charline sur le seuil.
Il secoua la tête comme pour chasser ses doutes, puis franchit la porte.
Un parfum d’encens flottait dans le salon et des bruits électroniques provenaient de la télévision. Son regard s’attarda sur les créatures de pixel multicolores. Un enfant aux cheveux aussi noirs et lisses que ceux de la jeune fille pressait avec frénésie les boutons de la manette.
– C’est mon frère, ne fais pas attention à lui.
– D’accord.
– Il ne va pas nous déranger, il joue à Castelvania.
Le ton entendu sur lequel elle prononça ces mots laissait penser qu’elle avait l’habitude de cette situation. L’apprenti exorciste la suivit jusque dans la salle de bain. Sous le poids de l’épais grimoire rangé dans son sac à dos, les bretelles lui écrasaient les épaules.
Il le posa sur le couvercle de la machine à laver, tandis que Charline verrouillait la porte derrière eux. Elle sortit un seau de jardinage rempli à ras bord d’une eau limpide.
– Tu penses que ça suffira ? s’inquiéta-t-elle.
– Oui. Pour Fabrice, j’avais utilisé à peu près cette quantité.
– Super. Alors, on peut commencer ?
Corentin temporisa en ouvrant le livre à la page signalée d’un marque-page rose. Il relut deux fois d’affilée la formule qu’il avait employée sur son ami, puis s’accorda un moment de réflexion. Bien que l’effet final ait été de délivrer Fabrice de l’emprise d’un enchantement, le but initial de ce sort était de le priver de ses pouvoirs magiques. De telles préconisations n’étaient peut-être pas indiquées dans le cas de Charline qui était une authentique sorcière wiccante.
Il feuilla son grimoire à la recherche d’une formule plus appropriée, mais, dans son dos, l’adolescente s’impatientait :
– Tu en as pour longtemps ?
– Je cherche un autre sort. Celui qui a fonctionné sur Fabrice risque d’annuler tous tes pouvoirs.
Après quelques secondes de silence, elle répondit :
– Ça m’est égal…
Corentin n’osa pas lever les yeux de son livre de peur de surprendre les larmes qu’il devinait dans la voix de son interlocutrice. Il retourna à la première page, puis déclara :
– On y va.
lundi 11 avril 2011
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