Une violente gifle le ramena à la réalité. Sa joue le cuisait et des pointes de douleurs lui transperçaient la main. Cinq petits arcs rouges marquaient sa peau aux endroits où Charline avait enfoncé ses ongles.
– Tu vas mieux ?
La question mobilisa toute la concentration de Corentin. Petit à petit, son désir de chasser les vers d’ombre reflua, remplacé par une profonde lassitude. Il força ses mâchoires contractées à articuler :
– Oui. Et toi ?
Elle hocha la tête.
– Les choses ont toutes explosé, les unes après les autres.
L’adolescent balaya la salle de bain du regard, mais il ne vit aucun résidu de ces créatures. Hormis son grimoire abandonné sur la machine à laver et le seau vide qui gisait sur le tapis, rien ne trahissait le combat qu’il avait mené.
Devinant sans effort ses pensées, la sorcière déclara :
– Tout a disparu. Les monstres, les lignes de baves et les morceaux…
– C’était une illusion ?
– Non, des créatures magiques. C’est un des sortilèges de Kaenel. Il peut donner une forme aux ombres et les contrôler.
Bien que cette affirmation ne lui apporte aucune certitude qu’un pareil incident ne se reproduirait pas, Corentin éprouva un vif soulagement. S’il était parvenu à mettre en déroute une armée de vers magiques, il pourrait arracher Gwenaëlle des griffes de son professeur.
– Ça va ?
La question de Charline l’arracha à ses réflexions. Il acquiesça, puis reporta toute son attention sur elle. À cause de l’eau bénite, son mascara avait dégouliné, dessinant des larmes noires sur ses joues. Des gouttes tombaient de ses mèches qui, dépourvues de gel, paraissaient lisses comme une étoffe.
Mal à l’aise d’être ainsi dévisagée, elle recula et serra ses bras autour de son torse. Son T-shirt gris adhérait à son corps trop mince et lui conférait une allure de chat mouillé. Comprenant sa gêne, le garçon quitta l’abri de la baignoire pour aller lui chercher une serviette.
Ensuite, il récupéra le livre de magie et le remit dans son sac à dos. Celui-ci pesait de tout son poids sur ses épaules crispées. Il quitta la pièce en silence, afin que la jeune fille puisse se changer.
lundi 18 avril 2011
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