Corentin n’avait pas la moindre envie de s’attarder. Tout ce qu’il désirait, c’était de regagner le pavillon de sa tante et sa chambre sous les toits. Pourtant, il patienta dans le couloir que la sorcière finisse de se sécher.
Lorsqu’elle ouvrit la porte, vêtue d’un chemisier piqueté de fleurs mauves qui jurait avec son style habituel, il réprima un sourire ; habillée ainsi, elle paraissait avoir une douzaine d’années.
– Tu penses que l’exorcisme a fonctionné ? demanda-t-il en reprenant son sérieux.
– Je ne sais pas. Avec toutes ses choses bizarres, je suis un peu chamboulée…
Il baissa la voix pour chuchoter :
– Les vers n’en faisaient pas partie ?
– Oui et non. Kaenel me les avait montrés pour me faire peur si j’essayai de retirer la malédiction qu’il a lancée sur moi.
– Qu’est-ce que tu peux me dire sur lui ?
Charline prit une grande inspiration puis déclara :
– C’est un professeur d’histoire au lycée Notre-Dame. Lors de son arrivée dans l’établissement, il a commencé à organiser un cours d’histoire spécial.
– Un cours de magie ?
– Pas au début. On a commencé par apprendre les runes ou la mythologie. Beaucoup de filles sont parties, il était très exigeant.
– Pourquoi ?
– Il voulait faire de nous des magiciennes.
Bien qu’elle n’ait encore fait aucune révélation, l’adolescent buvait ses paroles. Après une courte pause, elle proposa :
– Je pourrais te donner plus de détails, mais il faudrait que je relise mon cahier.
– Ton cahier ?
– Je tenais un cahier où je racontais toutes mes expériences magiques. Ça m’a aidée à comprendre ce que je vivais, à me dire que je n’étais pas en train de devenir folle.
Corentin hésita à la prier de poursuivre. Cependant, il s’estimait trop fatigué pour comprendre toute la portée des déclarations tant espérées.
– On peut en discuter demain au lycée. Tu n’auras qu’à nous retrouver à l’escalier pour la pause de dix heures.
– D’accord.
Ils traversèrent le salon, sans que le jeune frère de Charline ne fasse attention à eux, fasciné par son jeu vidéo.
Devant la porte, la jeune fille sortit de sa poche le bracelet qu’il avait abandonné dans la baignoire.
– Tu avais oublié ça.
Il la remercia et remit le grigri à son poignet. Juste avant qu’il ne parte, elle lui conseilla :
– Tu devrais commencer un cahier. À mon avis, tu vas encore être confronté à des choses étranges…
– J’aimerai mieux éviter, répondit-il sans grande conviction.
Il lui souhaita une bonne soirée, puis la porte de l’entrée se referma derrière lui. Il prit ensuite le chemin de la rue de Courteline.
mercredi 20 avril 2011
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